Tamurt-iw, mi amor

Algérie, mi amor.

Les esprits sont fermés de l’intérieur. Le pays est fermé sur l’extérieur. Nous existons seuls. Sans vis à-vis. Sans contre avis. Sur des sentiers balisés. No suggestion. No projection. No changement. Que de dénonciations, de condamnations, de désapprobations ! Des moralisations et des exclusions.

– ça ne te dérange pas, toi, de regarder ça en famille?

Alors, je l’ai regardé, le clip de Allaoua. Mais seule. Par prudence. Par défiance. J’ai regardé les images, interprété les gestes, les regards, les mimiques, les attitudes. Je souhaitais, pour mon confort, trouver la perversion, décoder le comportement immoral et antisocial dont il était question.

Parce que, je voulais adhérer à l’idée générale. Et pour cela, j’ai même tenté de trouver de la laideur au paysage. Du vice et de la malhonnêteté dans les paroles. C’est une tradition chez nous de tout interpréter. De chercher l’immoralité, l’impudicité et le dévergondage.

Des histoires de mauvaises mœurs, tout le monde en connait une, sur une voisine ou une cousine éloignée.

Dans notre communauté, on aime juger. Et vite. C’est notre sport préféré. On condamne sans réserve. Certains, dans les cafés, trompent l’ennui dans une dixième tasse de Nespresso, une énième Marlboro en faisant étalage de leur indignation et leur écœurement. D’autres sur les réseaux sociaux, crachent leur venin dans l’anonymat.

Allaoua. Maudit chanteur qui effarouche les dévots, les vieillots, les frustes, les gardiens de l’honneur.

Ils sont mal à l’aise. Ils jactent comme des mégères. Parce qu’ils ont des principes, eux. Et des coutumes. Et des traditions. Des codes et du nif.

Des codes et du nif

Le nif, surtout, leur donne des excuses pour justifier leur haine, aller en croisade contre ce qui est beau, ce qui est nouveau. Contre la femme, tout court.

Le NIF : Ce sont les mêmes ratés, les mêmes perdus, les robustes aux bras musclés, aux tendons d’acier qui aiment ce mot pour se déculpabiliser de l’enfermer et râlent quand elle est sortie non voilée.

T’as vu la misère, mon frère? La concentration de testostérone dans la pauvreté d’esprit? Ce multiface show de ratés, d’outrés, de dégénérés qui vomissent leur intolérance sur Facebook ?

« La femme, c’est l’avenir de l’homme, dites-vous ? »

Elle a grandi avec l’amour autoritaire et méprisant du père, du frère, qui avaient peur qu’elle ait des rêves. Devenir danseuse, par exemple. ça tuerait le nif de toute la famille.

Elle a construit un foyer dans la déconsidération, l’irrévérence, l’intolérance de l’homme. Parfois, il lui arrive d’être honorée un peu, d’être respectée quand elle utilise, en silence, la force de ses bras pour les travaux des champs.

Puis la communauté a évolué. Et la femme est sortie du schéma ancestral et a occupé de plus en plus de hauts postes dans l’administration.

D’où vient que, maintenant, on veut qu’elle retourne dans son trou?  Oui, on veut reprendre cette liberté donnée à des dévergondées. »  disait quelqu’un, avocat de son espèce. 

C’est con, je le sais. Vous le savez aussi.

Mais, dites-moi, à quel moment notre société a-t-elle quitté le tremplin de la marche en avant ? Quand on est con, j’ai peur que ce ne soit pour la vie. Pas vous ?

Katia BOUAZIZ

3 commentaires

  1. Azul, Malheureusement on a fini tourner en rond, qui était au moins le moindre mal pour amorcer un grand virage régressif dans l’obscurantisme et s’aliéner définitivement au fondamentalisme arabo-islamique. Notre disparition est inéluctable et elle est déjà annoncée.

  2. Eh oui,elles sont bien là les conséquences de l’arabo-islamisme des kabyles naïvement anesthésiés .Abrutis par ce dogme des ténèbres,lequel a contribué en grosse partie à leur auto- aliénation et régression cognitives.

  3. Les kabyles sont dores et déjà salafistes, depuis belle lurette. Leurs pensées sont rétrogrades, hypocrites ou la femmes est considere comme un objet de jouissance.
    Le remède c’est de braver la mentalité archaïque et montrer la femme davantage avec son attrait physique.

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