La Kabylie de A à Z – Villes, traditions, histoire et culture kabyle

La Kabylie est un pays historique, linguistique et culturel situé au nord-ouest de l’Afrique, au bord de la Méditerranée. Terre des Imazighen (Berbères), elle est connue pour ses montagnes du Djurdjura, ses villages perchés, sa langue kabyle vivante et une diaspora active à travers le monde.

Depuis des siècles, la Kabylie a joué un rôle central dans la préservation de l’identité amazighe, de la transmission orale et de la création artistique. Sa mémoire se déploie dans les chants, la poésie, l’artisanat et les luttes culturelles et politiques qui ont marqué l’histoire nord-africaine.

Cet abécédaire de la Kabylie, de A à Z, propose un voyage au cœur de son patrimoine : ses villes, ses personnalités, ses traditions et ses valeurs. Une invitation à découvrir la Kabylie dans toute sa diversité et sa richesse. La Kabylie est racontée à travers sa propre centralité.

A

« Ad nerrez wala ad neknu » (« Plutôt rompre que plier ») est l’une des plus célèbres maximes kabyles. Elle est souvent citée comme la devise de la Kabylie, symbole de fierté et d’inflexibilité face à l’oppression.

Afrique du Nord fédérale : vision politique qui considère l’amazighité comme socle commun des peuples nord-africains (Kabyles, Rifains, Chaouis, Touaregs, Mozabites, etc.), où l’arabe serait relégué au second plan et la diversité des langues locales reconnue.

Agraw : assemblée de plusieurs villages regroupés, jouant un rôle de coordination politique et social à une échelle plus large que le simple village. C’est un cadre de décision collectif, garant de l’équilibre entre communautés.

Ahellil : chant polyphonique kabyle inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO.

Akbou : Ville de la vallée de la Soummam (wilaya de Bgayet), au carrefour entre la Haute et la Basse Kabylie. Centre économique et culturel dynamique, Akbou est parfois vue comme une capitale potentielle de la Kabylie moderne, et certains l’imaginent comme un futur panthéon kabyle, rassemblant mémoire, figures historiques et symboles identitaires.

Aït Yenni – Bijoux kabyles : village et région du Djurdjura, réputés pour leur art de la bijouterie traditionnelle. Les artisans d’Aït Yenni travaillent l’argent émaillé, orné de couleurs vives (rouge, vert, bleu).

Algérie algérienne (version Kateb Yacine) : une Algérie rêvée par des écrivains et militants comme Kateb Yacine, ouverte à tous ses enfants — amazighs, arabophones, juifs, chrétiens ou autres. Elle suppose une égalité réelle entre les cultures et une reconnaissance pleine de l’amazighité comme racine fondamentale.

Algérie algérienne (version poste-1962) : doctrine d’État centralisatrice et arabo-islamique, imposée après l’indépendance. Elle a servi à justifier l’arabisation, l’islamisation officielle et la négation des identités amazighes, réduisant la Kabylie à une simple région d’Algérie.

Anay unṣiv aqvayli : drapeau politique du MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie), créé au début des années 2000. Il se distingue du drapeau amazigh pan-berbère par ses couleurs et ses symboles propres, affirmant l’identité kabyle et le projet d’autodétermination. Utilisé lors des manifestations et mobilisations, il est devenu un marqueur visuel fort du militantisme indépendantiste kabyle.

Amizour (Oued) : ville de la wilaya de Bgayet, surnommée la “Colmar kabyle” en raison de l’installation de familles alsaciennes déplacées après la guerre de 1870. Amizur s’est imposée comme un foyer de résistance et de mobilisations kabyles, souvent cité comme point de départ des révolutions et des soulèvements identitaires.

Amusnaw : le sage, médiateur et gardien de la parole.

Année 1949 : scission du mouvement national algérien autour de la « Crise berbériste », qui affirmait la place de l’amazighité dans l’identité. Un jalon central dans l’éveil politique kabyle.

Aman, amen : mot amazigh signifiant « eau », symbole vital dans la culture kabyle et amazighe. On le retrouve dans l’expression Aman Iman (« l’eau, c’est la vie »). Héritage linguistique millénaire, il témoigne de l’importance de l’eau dans les régions arides d’Afrique du Nord. Par migration climatique des populations amazighes vers l’est, ce mot aurait voyagé jusqu’en Égypte ancienne, où il pourrait avoir influencé certains noms divins comme Amon.

Amazigh (Berbère) : terme générique pour les peuples amazighs, dont les Kabyles.

Amrouche Taos : écrivaine, chanteuse et poétesse kabyle (1913-1976), sœur de Jean Amrouche. Elle fut la première romancière d’expression française issue de la Kabylie, avec Jacinthe noire (1947). Taos Amrouche a aussi collecté et transmis les chants traditionnels kabyles, qu’elle interpréta à travers le monde, donnant une voix universelle à la mémoire de son peuple.

Ass n Tlelli : « Le jour de la liberté », hymne national kabyle adopté par le MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie). Chanté en kabyle, il exprime l’aspiration à la liberté et à l’autodétermination. Avec l’Anay unṣiv aqvayli (drapeau kabyle), il constitue l’un des principaux symboles politiques de la lutte indépendantiste.

At Menguellet (Michelet / Aïn El Hammam) : région emblématique du Djurdjura, appelée Michelet à l’époque coloniale et Aïn El Hammam par l’administration algérienne, mais connue en kabyle sous le nom d’At Menguellet. Terre de culture et de résistance, elle a donné naissance à des figures majeures comme Lounis Aït Menguellet. Haut lieu de la Kabylie, elle incarne la continuité entre mémoire, poésie et identité.

Aït Menguellet Lounis : poète, chanteur et philosophe kabyle (né en 1950). Figure majeure de la chanson kabyle moderne, il a marqué sa jeunesse par des textes de poésie engagée, mêlant sagesse, critique sociale et quête de liberté. Ses chansons, riches en métaphores, ont accompagné les luttes identitaires et la mémoire kabyle. Dans sa maturité, il s’est rapproché du nationalisme algérien, choix qui divise son public mais n’enlève rien à son statut d’icône culturelle kabyle.

Aoucham : Ensemble de signes et symboles amazighs (croix, losanges, triangles, chevrons) utilisés dans les tatouages, la poterie, le tissage et la bijouterie kabyle. Les Aoucham expriment l’identité, la protection et la mémoire ancestrale. Leur langage géométrique relie esthétique, spiritualité et culture.

Arrami Stéphane : Journaliste et formateur kabyle, fondateur de Kabyle.com, premier média d’information kabyle sur le web. Son engagement s’inscrit dans la continuité des luttes identitaires et mémorielles de la Kabylie.

Aẓetta (tissage kabyle) : artisanat traditionnel kabyle, pratiqué surtout par les femmes. L’Aẓetta consiste à tisser des tapis, couvertures et étoffes décorées de motifs géométriques et symboliques, porteurs de mémoire et d’identité. Symbole de créativité et de transmission, le tissage est un pilier du patrimoine amazigh.

B

Si Amar u Said Boulifa : historien, pédagogue et linguiste kabyle (1865-1931). Auteur de travaux pionniers sur la langue et la culture kabyles, dont Méthode de langue kabyle (1913). Il a marqué les débuts de l’enseignement moderne du kabyle et reste une référence pour l’étude de l’histoire et de la littérature orale kabyles.

Bgayet (Béjaïa) : capitale culturelle et port méditerranéen.

Bordj Bu Arreridj (Bordj) : ville kabyle majeure, connue pour son artisanat, ses traditions et son rôle économique moderne. Carrefour entre les Hauts-Plateaux et la Kabylie, elle est au cœur de l’identité amazighe.

Bouzeguène : village connu pour ses artisans et ses traditions.

C

Camille Lacoste-Dujardin : anthropologue et ethnologue française (1929-2016), spécialiste du monde amazigh et en particulier de la Kabylie. Elle a travaillé sur la société kabyle, la mémoire et le rôle central des femmes. Ses recherches ont contribué à la reconnaissance internationale de la culture kabyle.

Cascade de Kefrida : située près de Taskriout (Bgayet), la cascade de Kefrida est l’un des sites naturels les plus visités de Kabylie. Haut lieu de fraîcheur et de beauté, elle est aussi associée à des rituels traditionnels : les familles y venaient pour demander bénédiction, fertilité et protection, en jetant des pièces ou en déposant des offrandes. La cascade mêle ainsi nature et sacré, mémoire vivante de la Kabylie.

Chacal – Uccen : animal fréquent dans les contes kabyles.

Chaker Salem : linguiste kabyle (né en 1950), professeur à l’INALCO (Paris), spécialiste des langues amazighes. Auteur de nombreuses publications de référence (Textes en kabyle moderne, Berbères aujourd’hui…), il a contribué à la standardisation et à la reconnaissance académique du kabyle. Figure majeure de la recherche amazighe contemporaine.

Cheikh Aheddad (1790–1873) : chef spirituel de la confrérie Rahmaniya, il lança l’insurrection de 1871 aux côtés de Mokrani.

Cheikh Mohand (1848–1901) : saint soufi et poète mystique kabyle, vénéré pour ses aphorismes et sa sagesse.

CMA – Congrès Mondial Amazigh : créé en 1995 à Ténérife (Îles Canaries), le CMA est une organisation internationale rassemblant des associations et militants amazighs de tous les pays de Tamazgha ainsi que de la diaspora. Il œuvre pour la défense des droits linguistiques, culturels et politiques des Imazighen auprès des instances internationales.

CNK – Conseil National Kabyle : fondé par Mohand Larbi Tayeb, le CNK est aujourd’hui porté par une nouvelle génération de militants kabyles. Indépendant du MAK et du RPK, il se veut une instance représentative et citoyenne pour fédérer les énergies kabyles autour d’un projet d’avenir. Le CNK met l’accent sur l’unité, la démocratie et la reconnaissance internationale de la cause kabyle.

Culture & traditions (musique, artisanat, fêtes, gastronomie)

D

Dallet Jean-Marie : missionnaire et linguiste français (1909-1972), auteur du premier dictionnaire de kabyle-français (publié en 1982, posthume, par la Société des Missions Africaines). Son œuvre lexicographique et grammaticale reste une référence majeure pour l’étude et la transmission de la langue kabyle.

Djurdjura : massif montagneux emblématique de la Kabylie.

Diaspora kabyle : communauté en France, au Canada et ailleurs.

E

Effer : figuier, arbre sacré des villages.

Émigration : phénomène central de l’histoire kabyle vers la France.

Eseddif (Sétif) : grande ville historique et carrefour économique des Hauts-Plateaux, liée à la culture kabyle par ses villages et tribus environnantes.

Étoile nord-africaine (1926–1937) : Premier parti indépendantiste nord-africain, créé à Paris par Messali Hadj. De nombreux militants kabyles y jouèrent un rôle actif.

Évêques kabyles : durant l’Antiquité chrétienne, plusieurs villes kabyles (Saldae, Tubusuptu) avaient des évêques amazighs, dont certains prirent part aux conciles d’Afrique.

F

Ferhat Mhenni : chanteur, militant et fondateur du mouvement autonomiste kabyle.

Fadhma N’Soumer : héroïne kabyle du XIXe siècle.

Fêtes agricoles : moments collectifs liés aux saisons.

Firmus (mort en 375) : chef amazigh kabyle qui mena une grande révolte contre l’Empire romain en Kabylie.

Frontières coloniales : limites territoriales tracées par la France et les puissances coloniales aux XIXᵉ et XXᵉ siècles, sans tenir compte des réalités culturelles, linguistiques et historiques des peuples nord-africains. En Kabylie et ailleurs, elles sont perçues comme des lignes arbitraires ayant favorisé la division et la domination post-indépendance.

G

Gildon (mort en 398) : frère de Firmus, d’abord allié puis adversaire de Rome. Gouverneur d’Afrique, il illustre les tensions entre les élites amazighes et l’Empire romain.

Gouraya : montagne et parc national à Bgayet.

H

Hocine Aït Ahmed : figure historique, fondateur du FFS.

Hommage aux martyrs : mémoire des résistants et militants kabyles.

Histoire de la Kabylie

I

Iaâzugen (Azazga) : ville au centre de la Kabylie, marquée par l’histoire du mouvement nationaliste et par une forte vie culturelle.

Idhurar (montagnes) : paysages emblématiques du pays kabyle.

Idir : chanteur kabyle internationalement reconnu.

Indépendantisme kabyle : position politique visant à établir un État kabyle souverain, distinct de l’Algérie, en s’appuyant sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Insurrection de 1871 : Soulèvement majeur de Kabylie et du Constantinois face aux coloniaux, marqué par l’alliance des Mokrani et des Rahmaniya.

Isefra : poèmes chantés de Si Mohand U Mhand.

Issiakhem M’hamed : Peintre et artiste kabyle (1928-1985), né à Aït Djennad (Tizi-Wezzu).

Imazighen : nom propre des Berbères, « les hommes libres ».

Irchène Kamel : jeune lycéen kabyle, victime du Printemps noir de 2001. Avant de succomber à ses blessures, il écrivit avec son propre sang le mot « Liberté », geste devenu symbole de la révolte kabyle contre la répression qui fit plus de 120 morts. Sa mémoire incarne la jeunesse sacrifiée et l’aspiration à la dignité.

Iwannuɣen (Iwanughen)– peuple ancien de Kabylie, installé dans les montagnes des Portes de Fer (Biban) avant l’arrivée des dynasties musulmanes. Leur nom signifie « les combattants » en kabyle. Connus pour leur paganisme, leur indépendance et leur refus de payer tribut, ils vivaient de l’apiculture et de la culture d’amandiers, réputés pour le « miel de Wannuɣa ». Associés au chacal comme symbole de ruse et de bravoure, ils pratiquaient des rituels dansés et musicaux. Leur mémoire persiste dans les proverbes kabyles et les chroniques d’Ibn Khaldoun.

Izumal n umrar : Symboles gravés ou peints sur les linteaux des portes kabyles. Ces motifs géométriques (aoucham) – croix, losanges, chevrons – avaient une valeur protectrice et spirituelle, tout en décorant l’entrée des maisons. Ils rappellent que l’architecture kabyle est aussi un langage de signes et de mémoire.

J

Juba Ier (mort en 46 av. J.-C.) : roi de Numidie, allié de Pompée contre César. Son territoire s’étendait aussi sur une partie de l’actuelle Kabylie.

Juba II (50 av. J.-C. – 23 ap. J.-C.) : fils de Juba Ier, roi de Maurétanie et époux de Cléopâtre Séléné (fille de Cléopâtre VII et Marc Antoine). Protecteur des arts et des sciences, il rattache la Numidie et la Maurétanie dans une continuité culturelle amazighe.

Jugurtha (vers 160–104 av. J.-C.) : petit-fils de Massinissa, célèbre pour sa résistance face à Rome. Symbole de la lutte amazighe contre la domination étrangère. Son

Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK) : club de football fondé en 1946 à Tizi-Wezzu, la JSK est le club le plus titré d’Algérie et l’un des plus prestigieux d’Afrique. Avec 7 coupes africaines (Ligue des champions de la CAF, Coupe de la CAF, Supercoupe), 14 championnats d’Algérie et plusieurs coupes nationales, la JSK incarne la fierté kabyle sur les terrains nationaux et internationaux. Le club a révélé de grands joueurs, dont Moussa Saïb, Meziane Ighil, Megharia, Nacer Bouiche, Rafik Saïfi, et beaucoup d’autres qui ont marqué le football algérien et africain.

K

Kabylie : pays des Kabyles, situé au nord-ouest de l’Afrique, au bord de la Méditerranée. Entité historique autonome.

Kabyle sans terre : fils ou fille de la Kabylie déraciné·e de son pays. Qu’il s’agisse d’exil, de déportation, d’assimilation ou de rupture familiale, le Kabyle sans terre ne possède plus la Kabylie par le sol, mais en garde la mémoire comme ultime patrie.

Kabyle du Pacifique : descendant des déportés kabyles envoyés en Nouvelle-Calédonie après les insurrections du XIXᵉ siècle. Arraché·e à sa terre, souvent élevé·e dans l’idée d’être « arabe », le Kabyle du Pacifique incarne un peuple en exil forcé, reconnaissable à son histoire de rupture et au symbole du chapeau de paille.

Kabylisme : courant politique et culturel qui revendique la reconnaissance pleine de la Kabylie comme entité distincte, avec son histoire, sa langue et ses institutions propres.

Kabyle.com : média d’actualité, de mémoire et de culture. Premier site d’information kabyle sur le web.

Kabylistes : partisans de l’autonomie ou de l’indépendance kabyle, favorables à une sortie du cadre imposé par l’État algérien depuis 1962.

Kamira Nait Sid : militante kabyle et présidente du Congrès Mondial Amazigh (CMA). Engagée de longue date pour la défense des droits amazighs, elle a été arrêtée et emprisonnée à plusieurs reprises par le régime algérien. Son parcours incarne la résistance des femmes kabyles face à la répression politique et la lutte pour la reconnaissance des droits culturels et identitaires.

Kateb Yacine : Écrivain, dramaturge et poète amazigh algérien (1929-1989), proche de la Kabylie et défenseur de la langue amazighe. Auteur de Nedjma (1956), roman fondateur de la littérature algérienne moderne, il a aussi consacré une part importante de son œuvre au théâtre populaire en langue amazighe et dialectale. Son engagement en faveur de la reconnaissance du tamazight en fait une figure admirée en Kabylie et dans tout le monde amazigh.

L

Laïmèche Ali (1925-1946) : jeune poète et militant berbéro-nationaliste, auteur de l’hymne national « Kker a mmi-s Umazigh ». Mort à 21 ans, il demeure une figure de la mémoire collective kabyle malgré son effacement par l’Algérie officielle.

Larbaa Nath Irathen : Ville de Haute Kabylie, située dans la wilaya de Tizi-Wezzu. Jadis appelée Fort National durant la colonisation française, elle a retrouvé son nom originel après l’indépendance. Culminant à plus de 1 000 m d’altitude, au pied du Djurdjura, Larbaa Nath Irathen est connue pour son rôle dans la résistance, sa forte identité culturelle et son panorama dominant sur les vallées kabyles.

Les Abranis – Groupe de musique kabyle fondé à Paris en 1967, pionnier du rock africain et du rock amazigh. En mêlant instruments modernes (guitare électrique, batterie) et rythmes traditionnels kabyles, les Abranis ont ouvert la voie à une nouvelle génération d’artistes. Leur musique a marqué la diaspora et la jeunesse kabyle, alliant identité et modernité.

Lounes Belkacem : militant kabyle et homme politique, ancien président du Congrès Mondial Amazigh (CMA). Engagé pour la reconnaissance des droits culturels et linguistiques amazighs, il a porté la voix de la Kabylie et de l’ensemble du monde amazigh auprès des instances internationales. Ses écrits et interventions en font une figure de l’amazighité contemporaine.

Lounis Aït Menguellet : poète et chanteur kabyle.

Langue kabyle : langue amazighe parlée en Kabylie et dans la diaspora, la taqbaylit est l’une des expressions les plus riches et vivantes de la culture amazighe. Porteuse d’une tradition orale millénaire — poésie (isefra), contes, chants — elle est aussi une langue moderne, utilisée dans la littérature, la musique, les médias et l’enseignement. Symbole d’identité et de résistance, la langue kabyle est au cœur de la mémoire et de l’avenir de la Kabylie.

Langue & littérature (kabyle, linguistique, écrivains, contes)

M

MAK – Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie : fondé en 2001 par Ferhat Mehenni après le Printemps noir, le MAK est un mouvement qui revendique l’autodétermination et le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même. Sa ligne politique se distingue par la défense d’un projet d’indépendance de la Kabylie face à l’État algérien.

Massinissa (vers 238–148 av. J.-C.) : roi amazigh fondateur du royaume numide unifié. Bien qu’installé à Cirta (Constantine), son influence a marqué toute la Numidie, y compris la Kabylie. Promoteur de l’agriculture et de l’identité amazighe.

Massinissa Guermah : jeune kabyle de 18 ans, tué le 18 avril 2001 par une rafale de gendarmerie à Beni Douala. Son assassinat fut l’élément déclencheur du Printemps noir, révolte populaire qui causa plus de 120 morts et des milliers de blessés en Kabylie. Il reste le symbole de cette tragédie et de la lutte pour la dignité kabyle.

Matoub Lounès : chanteur et poète, symbole de liberté.

Mazices (peuple) : nom donné par les Romains aux groupes amazighs de l’Aurès et de Kabylie, souvent en révolte contre Rome.

Marabout (Amrabed) : homme religieux, parfois saint local, dont la mémoire est honorée dans des sanctuaires (taqbilt, mazaar). Les marabouts sont associés aux pratiques spirituelles populaires et aux réseaux de solidarité.

Mérabet (Imrabdhen) : descendants de familles dites « maraboutiques », souvent investies d’un prestige religieux et social. Leur rôle, lié à la transmission spirituelle et parfois à la médiation, s’inscrit dans les équilibres traditionnels de la société kabyle.

Mecili Mecili Ali André : avocat, militant et intellectuel kabyle (1940-1987). Compagnon d’Hocine Aït Ahmed au sein du FFS, il fut l’un des grands défenseurs de la démocratie et des droits humains en Algérie. Exilé en France, il fut assassiné à Paris le 7 avril 1987, dans un crime commandité par les services secrets algériens. Sa mort reste un symbole de la répression politique et du combat inachevé pour les libertés.

Mira Moknache : universitaire et militante kabyle, arrêtée en juillet 2024 à Bgayet puis placée sous mandat de dépôt avec d’autres militants kabyles. Elle est devenue un symbole de la répression contemporaine qui frappe la Kabylie et de la résistance intellectuelle des femmes kabyles face au régime algérien.

Mokrani (1871) : chef kabyle ayant mené la grande insurrection contre la colonisation française, réprimée dans le sang avec confiscation massive des terres.

Mouloud Mammeri : écrivain, anthropologue et linguiste kabyle (1917-1989). Auteur de nombreux romans et recueils, il est surtout connu pour avoir collecté et publié les poèmes de Si Mohand U Mhand et pour son dictionnaire kabyle-français (1980), référence majeure pour l’étude et la préservation de la langue kabyle. Figure incontournable du renouveau culturel amazigh.

Mémoire kabyle : transmission orale et écrite.

N

Nif : valeur kabyle symbolisant l’honneur et la dignité.

O

Ouzellaguen : lieu du congrès de la Soummam en 1956.

Olive et huile d’olive : produits phares de l’agriculture kabyle.

P

Peuple Sans État : communauté nationale dépourvue de souveraineté politique. Sans institutions propres pour protéger sa langue, sa culture et ses droits, un peuple sans État est exposé à l’assimilation et, à terme, à la disparition.

Printemps berbère (1980) : soulèvement pour la reconnaissance de l’identité amazighe.

Poésie kabyle : patrimoine oral et écrit.

Personnalités kabyles (anciens, modernes, artistes, intellectuels)

Q

Qasi : prêtre dans la Kabylie chrétienne ancienne.

R

Révolution de 1963 : insurrection kabyle menée par Hocine Aït Ahmed.

Royaume des Aït Abbas (Tagelda n At Ɛebbas) : royaume kabyle (XVIe–XVIIIe s.), puissant bastion face aux Ottomans et aux Espagnols. Capitale : Kalâa des Béni Abbès.

Royaumes numides : royaumes amazighs (berbères) antiques (Massinissa, Jugurtha) ayant dominé l’Afrique du Nord avant Rome. Leur héritage se retrouve dans la Kabylie par la continuité linguistique et culturelle.

Royaume de Koukou : État kabyle fondé après la chute des Wattassides (XVIe s.), rival des Aït Abbas, ayant résisté à la régence d’Alger et aux Espagnols.

RPK (Rassemblement pour la Kabylie) : créé en 2017 à Aarous, le RPK est né d’une réunion fondatrice où son nom fut débattu puis adopté par la majorité. Mouvement politique pacifique, il milite pour la reconnaissance du peuple kabyle et pour une autonomie démocratique, en privilégiant la voie institutionnelle et le dialogue.

S

Shamy Chemini : écrivain, chanteur, auteur-compositeur, réalisateur et membre fondateur des Abranis. Figure emblématique de la musique kabyle moderne, il a popularisé le rock amazigh en le reliant aux racines kabyles. Sa carrière a contribué à faire rayonner la culture kabyle en exil, notamment en France.

Sittelle kabyle Sitta ledanti : petit oiseau forestier endémique de la Kabylie, découvert en 1975 par le biologiste Jean-Paul Ledant dans le massif des Babors. La Sittelle kabyle (Sitta ledanti) est l’unique espèce d’oiseau strictement endémique d’Algérie. Elle vit dans les forêts de cèdres et de pins du Djebel Babor, et figure parmi les symboles de la richesse naturelle kabyle.

Soummam : vallée historique, lieu du congrès fondateur du FLN.

Si Mohand U Mhand : poète errant kabyle, chantre de la liberté et de l’exil.

Savoir-faire artisanal : poterie, tissage, bijouterie.

T

Tabzimt : fibule triangulaire servant à fixer le vêtement traditionnel, devenue un symbole de l’artisanat kabyle.

Taddart : le village kabyle, unité de base de l’organisation sociale. Construit en maisons serrées autour de la place (tajmaat), il incarne la vie communautaire et la solidarité entre familles.

Tafsut Imazighen (Printemps amazigh) : mouvement né en 1980 à Tizi-Ouzou après l’interdiction d’une conférence de Mouloud Mammeri. Symbole de la lutte pour la reconnaissance de la langue et de la culture amazighes. Le 20 avril est devenu une date emblématique, fêtée chaque année en Kabylie et dans la diaspora.

Tafsut Taberkant (Printemps noir) : période tragique de 2001-2003 en Kabylie, marquée par la répression sanglante des manifestations suite à l’assassinat de Massinissa Guermah, lycéen de 18 ans, par la gendarmerie. Plus de 120 jeunes kabyles ont été tués et des milliers blessés. Cette révolte populaire a profondément marqué la mémoire kabyle contemporaine.

Takfarinas (mort vers 24 ap. J.-C.) : ancien auxiliaire romain devenu chef de guerre. Il mena une insurrection de plusieurs années en Kabylie et dans l’Afrique du Nord contre Rome, avec une stratégie de guérilla.

Tajmaat : assemblée villageoise où se prennent les décisions collectives. Elle est l’institution démocratique traditionnelle kabyle, fondée sur la parole et le consensus.

Tamgunt : mont situé dans le massif du Djurdjura, considéré comme un haut lieu spirituel de la Kabylie. Associé aux croyances anciennes et aux traditions mystiques, Tamgunt reste un symbole de la sacralité de la montagne kabyle, espace de recueillement, de mémoire et de transmission.

Tamurt n Leqbayel : « le pays des Kabyles » (forme la plus répandue et la plus directe).

Taqbaylit : nom kabyle de la langue kabyle.

Tin Hinan (IVe–Ve siècle) : reine légendaire, considérée comme l’ancêtre des Touaregs, mais également figure symbolique pour l’ensemble des Imazighen. Sa mémoire relie la Kabylie aux autres régions amazighes.

Tiqšiḍin (tatouages kabyles) : ancienne coutume surtout féminine, marquant l’identité tribale, les rites de passage (mariage, fertilité) et la protection spirituelle. Réalisés sur le visage et les mains avec des motifs géométriques, ils servaient autant de bijoux que de mémoire culturelle.

Tizi-Ouzou : capitale de la Grande Kabylie.

Tafsut Imazighen (Printemps amazigh) : fête du 20 avril

Tubiret (Bouira) : capitale d’une wilaya en plein cœur de la Kabylie, centre agricole et point de passage stratégique entre Tizi Wezzu et Eseddif.

Tamurt local (villages, communes, géographie)

U

Urar : chants collectifs traditionnels.

URK – Union pour la République Kabyle – Mouvement politique qui prône la création d’une République kabyle souveraine. L’URK se distingue par son approche républicaine et laïque, mettant en avant les valeurs démocratiques, la séparation de la religion et de l’État, et la construction d’institutions propres à la Kabylie.

Ummid n wawal : « la promesse de la parole » en kabyle.

V

Villages kabyles : organisés autour de la tajmaat (assemblée).

Valeurs de solidarité : entraide, partage, hospitalité.

Voie kabyle : chemin propre de la Kabylie, distinct à la fois de l’indépendance proclamée et de l’assimilation à l’État algérien. La voie kabyle désigne une autonomie de fait, où la société, la diaspora, les médias et les initiatives locales préservent langue, culture et organisation sociale malgré l’absence de reconnaissance officielle

Voyager en Kabylie (tourisme, itinéraires, patrimoine)

W

Wilayas kabyles : Tizi-Ouzou, Béjaïa, Bouira, Jijel (partiellement).

Wagane : instrument de musique à percussion.

X

Xaraz : ancien mot kabyle désignant la bravoure.

Y

Yacine Tassadit : anthropologue et ethnologue kabyle, directrice d’études à l’EHESS (Paris). Spécialiste de l’anthropologie de la Kabylie, elle a travaillé sur la mémoire, l’organisation sociale et la transmission orale. Elle est aussi connue pour ses travaux sur Pierre Bourdieu et la sociologie de l’Algérie.

Yakouren : forêt emblématique de Kabylie, située à Yakouren (wilaya de Tizi-Wezzu). Elle abrite de vastes peuplements de chênes-lièges, utilisés pour la production de liège et riches en biodiversité. Symbole de la Kabylie verte, ce massif forestier est aussi un lieu de promenade, de mémoire et de résistance écologique.

Yennayer : Nouvel An amazigh, célébré le 13 janvier selon la tradition kabyle et nord-africaine. La soirée du 12 janvier, appelée Imensi n Yennayer (repas de Yennayer), correspond à la veillée qui précède le jour de l’an. Symbole de renouveau et d’enracinement, Yennayer marque l’entrée dans le calendrier agraire amazigh. Certaines associations ont, par convention, fixé Yennayer au 12 janvier — une décision jugée arbitraire et illogique par de nombreux Kabyles attachés à la mémoire authentique.

Z

Zekri : village et nom de famille kabyle fréquent.

Ziri n At-Atiq : prince amazigh du Xe siècle, fondateur de la dynastie ziride.