Kudret Günes placée sous résidence surveillée : non à la répression des voix kurdes !

Le mercredi 28 mai 2025, une pétition en ligne a été lancée par Amar Benhamouche, auteur indépendant et ami proche de Kudret Günes, pour réclamer sa libération immédiate. Cette initiative dénonce la continuité de la discrimination des Kurdes en Turquie et le racisme d’État exercé à leur encontre.

La veille, le mardi 27 mai, Kudret Günes, cinéaste, scénariste, autrice de bande dessinée et militante féministe franco-kurde, a été arrêtée à son arrivée à l’aéroport d’Ankara. Elle est désormais placée sous résidence surveillée, contrainte de se présenter deux fois par semaine au commissariat, accusée d’apologie du PKK — une accusation infondée qu’elle conteste fermement.

Kudret Günes n’a jamais revendiqué d’affiliation politique ni idéologique avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation dont la branche armée a été dissoute récemment, à la suite d’un appel lancé par son fondateur emprisonné, Abdullah Öcalan. Ce qu’on lui reproche réellement ? D’avoir, par ses œuvres, mis en lumière la condition des femmes kurdes et dénoncé la violence historique infligée aux peuples du Proche et Moyen-Orient.

Sa bande dessinée La Liberté dans le sang, parue en 2024 chez Marabulles, est au cœur de l’affaire. Le livre suit le parcours de Rojin, une jeune Kurde fuyant un mariage forcé pour s’engager dans la lutte contre Daesh. Cette fiction inspirée de faits réels aborde des thèmes universels : les violences sexuelles, les combats de femmes pour la liberté, la guerre, l’exil. Mais aux yeux du régime turc, ce regard humaniste est inacceptable.

la liberte dans le sang kudret gunes Kabyle.com

Lors de son interrogatoire, la police lui a présenté des captures d’écran de publications Facebook, dont certaines datent de 2014, montrant des femmes combattantes kurdes, des enfants victimes de la répression militaire, ou encore des hommages à des figures tuées par l’armée.

Cette instrumentalisation judiciaire illustre une fois de plus la manière dont la Turquie bâillonne les voix dissidentes, en particulier celles issues de la culture kurde. Kudret Günes paie aujourd’hui le prix de son engagement artistique et de sa liberté de ton.

Depuis plus de 30 ans, elle œuvre à faire connaître la réalité des Kurdes à travers documentaires, courts métrages, portraits de résistantes, comme Leyla Zana, Le cri au-delà de la voix étouffée, ou La Mariée de la pluie, primé au Festival du film kurde de Londres en 2018. Aujourd’hui, c’est elle que l’on veut faire taire.

Nous, journalistes, artistes, écrivain·e·s, acteurs culturels et citoyens du monde kabyle, nous joignons à Amar Benhamouche pour exiger la libération immédiate de Kudret Günes.

Son arrestation, comme celle de tant d’autres voix libres — à l’image du poète Boualem Sansal, également menacé pour ses prises de position — révèle une vérité glaçante : chaque écrivain, artiste réduit au silence, chaque intellectuel muselé, nous rapproche un peu plus du péril collectif.

Nous appelons à :

  • La libération immédiate de Kudret Günes ;
  • L’abandon total des poursuites judiciaires engagées contre elle ;
  • Le respect absolu de la liberté de création, d’expression et d’opinion, en Turquie comme ailleurs.

Nous invitons toutes celles et ceux qui font vivre la culture — éditeurs, journalistes, enseignants, cinéastes, bédéistes, lecteurs, libraires, penseurs et créateurs — à signer la pétition en soutien à Kudret Günes, à relayer son combat, et à affirmer haut et fort :

Tant qu’une voix libre est persécutée, aucune autre ne peut l’être en sécurité.
L’art n’est pas un crime. Kudret Günes doit être libre.

Rédaction Kabyle.com
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