La France des impostures

Que viennent faire les Emirats arabes unis, qui sont au Golfe persique, dans une réunion sur la Méditerranée orientale ?

S’appuyant sur des consultations préalables et une coordination régulière entre l’Égypte, Chypre et la Grèce avec la France dans le cadre de la formule « 3 + 1 », les ministres des affaires étrangères de ces pays, rejoints par leur homologue des Émirats arabes unis, ont tenu une vidéoconférence le 11 mai 2020 pour discuter des derniers développements de la situation jugée préoccupante en Méditerranée orientale ainsi que d’un certain nombre de crises régionales qui menacent la paix et la stabilité dans cette région

Dans cette réunion, il a été surtout question de Turquie et de Libye. Ainsi, les compères ont dénoncé les activités illégales turques en cours dans la zone économique exclusive chypriote, ils ont condamné l’escalade des violations de l’espace aérien national grec par la Turquie, l’instrumentalisation des civils par la Turquie dans une tentative de franchir illégalement les frontières terrestres grecques ainsi que son soutien continu aux franchissements illégaux des frontières maritimes grecques. Ils ont tenu à souligner que le protocole d’accord sur la sécurité et la coopération militaire signé en novembre 2019 entre la Turquie le Gouvernement d’entente nationale (GNA) contrevient au droit international et à l’embargo des Nations Unies sur les armes en Libye. Les ministres qui ont rappelé leur attachement à la non-ingérence militaire dans le conflit libyen ont « fermement condamné l’ingérence militaire de la Turquie en Libye et ont exhorté la Turquie à respecter pleinement l’embargo sur les armes des Nations Unies et à arrêter l’afflux de combattants étrangers de Syrie vers la Libye » en précisant que ces développements « constituent une menace pour la stabilité des voisins de la Libye en Afrique ainsi qu’en Europe » Enfin, les ministres ont appelé les parties en conflit en Libye à observer une et ont souligné leur « engagement à œuvrer en faveur d’une solution politique globale à la crise libyenne sous les auspices des Nations Unies ».

Et dire que la France ait participé à cette mascarade !

Pour discuter de la situation de la Méditerranée orientale, comment se passer des Etats qui sont directement concernés ? Liban, Israël, Syrie, Egypte, Turquie, Grèce, Chypre, Albanie, Italie et Libye sont directement concernés. Et si les premiers concernés sont exclus de cette réunion, que viennent faire les Emirats arabes unis dans une telle réunion ? La seule explication qui pourrait être avancée est l’implication de ces Emirats dans la guerre en Libye, aux côté du criminel Haftar. Il peut toujours être avancé que cette réunion se fait dans le cadre de la formule « 3+1 », mais que vient faire un Etat qui n’est pas du tout concerné par la Méditerranée ?
Les compères se sont réunis principalement pour dénoncer la Turquie et ses activités illégales en Méditerranée orientale. Parfait. Ils ont même tardé peut-être. Et c’est le monde entier qui doit condamner la Turquie. Mais tout dépend pour quelles raisons elle est dénoncée.

Dénoncer la Turquie est chose normale. La Turquie est responsable d’horreurs depuis plusieurs années. Mais qui peut dénoncer la Turquie ? Sur quel sujet peut-on dénoncer la Turquie ? La Turquie du terroriste Erdogan devrait-elle être dénoncée pour l’accord militaire signé avec un gouvernement reconnu par les Nations unies (ce qui ne revêt aucun caractère illégal) ou dénoncer Erdogan pour ses activités illégales dans le Rojava ? Pourquoi ces compères, soucieux des droits de l’Homme et de la légalité internationale et des conventions des Nations unies, ne dénonceraient-ils pas l’incursion de l’armée turque dans le territoire d’un pays tiers pour occuper le Rojava et pour commettre les pires crimes sur les Kurdes ? Pourquoi ces compères ne dénonceraient-ils pas l’instrumentalisations des djihadistes par la Turquie notamment en pays kurde ? Il est vrai que ce ne sont pas des sponsors du djihadisme international comme les Emirats arabes qui vont dénoncer cela notamment si l’éradication des Kurdes les arrange !
Dans cette histoire doit-on considérer que la France est manipulée par les Emirats arabes et l’Egypte ou plutôt comme faisant parte de cette association de malfaiteurs ? Car l’Egypte et les Emirats arabes unis sont des acteurs de la guerre qui a lieu en Libye et ils ne s’en cachent pas. Ces deux Etats sont aux côtés du criminel Haftar. La Turquie est un autre acteur de cette guerre depuis novembre 2019 notamment, avec le Qatar, aux côtés du Gouvernement d’entente nationale, par ailleurs seule instance libyenne reconnue par les Nations unies, combien même on peut considérer qu’elle est entre les mains de frères musulmans. Et lorsque ce reproche vient de l’Egypte et des Emirats arabes ou encore l’Arabie Saoudite, cela prête à sourire.

Il est donc clair que cette réunion est organisée par des Etats impliqués dans la guerre libyenne aux côtés de Haftar pour dénoncer un autre Etat qui est partie prenante de la guerre libyenne mais qui soutient le camp adverse à Haftar. Et la France se trouve au milieu. Quelle conclusion peut-on en tirer ? Peut-être que la France fait partie de ce groupe de malfaiteurs formé par les Emirats arabes et l’Egypte !?

La politique étrangère de Macron laisse vraiment à désirer et elle est dans une dérive inquiétante pour l’image de la France.

Alors que les milices de Haftar bombardent des quartiers résidentiels à Tripoli depuis vendredi 8 mai, alors que plusieurs victimes ont été déplorées, alors que les milices de Haftar ont détruit nombre de bien publics dont l’aéroport civil de Mitigua à Tripoli, la France observe le silence et participe à des mascarades comme cette vidéoconférence du 11 mai avec l’Egypte et les Emirats arabes. Cette même France qui n’a pas soufflé mot suite aux frappes aériennes des milices de Haftar qui ont touché une zone voisine de l’ambassade d’Italie à Tripoli et qui ont fait au moins deux morts parmi les civils, le vendredi 8 mai. Le ministère italien des affaires étrangères avait dénoncé ces attaques qu’il juge inacceptables et dénotent un mépris du droit international. Au lieu d’exprimer sa solidarité avec son voisin italien, la France, pendant ce temps-là, complote avec les amis de Haftar. Pardon, on oublie que Haftar est aussi l’ami de la France.
Quant à la Grèce et Chypre, elles feraient mieux de dénoncer d’abord les exactions de monsieur Erdogan dans le Rojava ?

Par ailleurs, la déclaration des cinq compères est condamnée par le ministère des affaires étrangères libyen qui la considère comme une atteinte à la souveraineté [5] de la Libye et une interférence dans ses affaires intérieures. Il déplore que « les États signataires oient ignoré les crimes répétés des milices de Haftar qui ont visé des civils, des installations civiles et même des missions diplomatiques ».

Masin Ferkal Association Tamazgha Paris

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