Répression sans frontières : comment l’Algérie traque ses opposants en France

Le reportage de France 2 diffusé le 3 mars au 20h a mis en lumière une réalité glaçante : l’Algérie poursuit ses opposants jusque sur le sol français. Pendant six minutes, la chaîne publique a exposé la surveillance, les pressions et les menaces que subissent militants kabyles et dissidents politiques en exil. Une première à la télévision d’État française, qui brise l’omerta sur les méthodes des services algériens.

Les opposants traqués : menaces, intimidations et harcèlement judiciaire

Le reportage met en avant le cas de Ghilas Aïnouche, Ferhat Mehenni et Aksel Bellabaci, trois figures de la dissidence kabyle. Tous sont surveillés, harcelés, et parfois physiquement agressés. Ghilas Aïnouche, journaliste et militant, a récemment été victime d’une attaque brutale en plein Paris. Ferhat Mehenni, président du MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie), vit sous protection depuis des années, tandis qu’Aksel Bellabaci a fui l’Algérie après avoir été incarcéré et torturé.

Les Kabyles ne sont pas les seuls visés : toute voix dissidente, qu’elle soit islamiste, démocrate ou indépendantiste, est considérée comme une menace par Alger. Mais les Kabyles, organisés et soutenus par une diaspora active, sont une cible privilégiée.

Les officines du pouvoir algérien en France

Les services secrets algériens (DRS, ex-DRS) utilisent diverses méthodes pour neutraliser leurs opposants en exil. Parmi elles :

  • Surveillance physique et numérique : filatures, écoutes, piratage de comptes.
  • Pressions sur les familles restées en Algérie : arrestations, menaces, intimidations.
  • Tentatives d’exfiltration ou d’enlèvement : plusieurs opposants ont été enlevés par le passé, notamment à l’étranger.
  • Harcèlement judiciaire : des militants et journalistes sont condamnés par contumace à des amendes ou à la prison pour « atteinte à l’unité nationale » ou « terrorisme ».

Ces méthodes rappellent celles de la Gestapo, où la dénonciation et l’auto-incrimination sous la contrainte sont courantes. Certains exilés sont forcés de signer des papiers où ils renient leurs engagements politiques sous peine de représailles.

https://twitter.com/le20hfrancetele/status/1896644495606779963

Les médias kabyles sous pression

Le journalisme indépendant en Kabylie est une cible de premier plan. Kabyle.com, l’un des rares médias kabyles d’envergure, subit des cyberattaques, des pressions judiciaires et des agressions contre ses journalistes. L’Algérie, classée parmi les pires dictatures en matière de liberté de la presse, condamne régulièrement des journalistes kabyles à de lourdes peines de prison.

Une première sur France 2 : briser le silence d’État

Le reportage de France 2 marque une rupture : pour la première fois, des Kabyles ont pu s’exprimer librement sur une chaîne publique française. Jusqu’ici, la diplomatie française avait soigneusement évité de froisser Alger. Cette médiatisation pourrait-elle entraîner une réaction des services français ?

Si Paris protège officiellement les dissidents algériens sur son territoire, il reste à voir si les services secrets français prendront des mesures concrètes face aux manœuvres de leurs homologues algériens.

L’Algérie : une dictature qui s’exporte

En six minutes, France 2 a exposé l’un des aspects les plus sombres du régime algérien : une dictature qui ne se contente pas d’opprimer ses citoyens chez elle, mais qui traque ses opposants jusqu’en Europe. La diaspora kabyle et algérienne, forte de plusieurs millions de personnes en France, pourrait être un levier de pression sur le gouvernement français pour exiger des comptes à Alger.

Mais la vraie question reste en suspens : jusqu’où ira le régime algérien pour faire taire ses opposants ?

Rédaction Kabyle.com
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