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Libérer les prisonniers d'opinion Kabyles
Procès Samir Oukaci, entre justice française et règlements de comptes kabylo-algériens
Clichy, France – La 17e chambre du tribunal de Clichy n’est pas la cour de Tizi-Ouzou, ni même un bureau feutré d’Alger. Elle est devenue, l’espace d’une audience ajournée au 24 février 2026, la scène d’un théâtre politique indigne, où la vieille école algérienne a tenté de rejouer ses sales pièces. Le procès intenté contre le militant et universitaire Samir Oukaci par un élu local algérien, avec l’ombre portée du Docteur Sadi comme témoin de dernière minute est bien plus qu’une affaire de diffamation. C’est la énième tentative d’étouffer la vérité kabyle. Samir Oukaci s’était exprimé publiquement pour dénoncer la corruption généralisée en Algérie.
L’Accusation de « plus grand corrompu » au cœur du procès
L’accusation exacte portée contre Samir Oukaci est la diffamation ou l’injure publique, pour avoir qualifié publiquement Yacine Aissouane de « plus grand corrompu de sa génération, après Saïd Sadi ».
Ce propos, tenu lors d’un rassemblement de solidarité avec les prisonniers politiques kabyles, n’est pas considéré par les défenseurs de Samir Oukaci comme une attaque gratuite, mais plutôt comme l’exercice de son devoir de militant et de citoyen de dénoncer la corruption systémique, le silence face aux atrocités commises en Kabylie (comme le crime d’État de LNI), et la persécution judiciaire des opposants (tels que Mira Moknache ou Slimane Bouhafs).
Le dossier présenté à la justice
Quatre cents pages. Une montagne de papier sans lien direct avec la plainte initiale, déposée in extremis, juste assez pour semer la confusion et l’épuisement chez la défense. On y trouve des diplômes, le palmarès des procès du plaignant principal, des archives de parti et, surtout, un réquisitoire contre le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK) et son leader, Ferhat Mehenni. Cynisme absolu : on instrumentalise même le nom de victimes du régime algérien, comme l’universitaire Mira Moknache, sans leur consentement.
La manœuvre est claire : utiliser la justice française comme une souricière pour régler des comptes politiques domestiques, transformer un jeune militant en dommage collatéral d’une haine obsessionnelle contre la mouvance autonomiste. L’absence du plaignant, l’élu Yacine Aissouane – faute de visa, dit-on – est la marque de la lâcheté politique. C’est la preuve que cette affaire est l’œuvre d’un « zaɛimizm » (culte du chef) maladif, où le mentor, le vieux routier de la politique, tire les ficelles pour faire taire ceux qui dénoncent la corruption politique et morale.
Comme l’a si bien dit un militant de la cause kabyle : « Samir Oukaci n’a fait qu’exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : la corruption politique et morale de ceux qui prétendent représenter la Kabylie tout en étouffant sa voix. »
De 1949 à 2025 : la logique de l’auto-extermination
Ce procès est un miroir des maux ancestraux de la Kabylie. Le texte du Billet d’un artiste de Nuremberg, que nous reprenons ici, sonne comme un écho prophétique : « Les Kabyles n’ont jamais eu besoin des autres pour s’auto-exterminer… les Kabyles ont toujours passé leur temps à se jalouser, se massacrer et s’entretuer. »
Le mal est profond. Depuis 1949 et l’exécution des militants berbéristes, en passant par la Bleuite (1957), le massacre de Melouza, la « guerre des cafés » (1963-1965), le Printemps berbère (1980), le massacre de 2001 (où 128 jeunes sont tombés sous les balles), jusqu’à l’assassinat de Matoub Lounès (1998) et le lynchage ignoble de Djamel Ben Smaïl (2021) : la logique est la même : éliminer la différence, étouffer la parole. Et chaque fois, ce sont des Kabyles contre des Kabyles. Des Algériens contre des Algériens.
« Qui jugera les crimes politiques commis depuis 1949? » La question est posée.
La victoire silencieuse de la solidarité
Face à la tentative d’intimidation, une solidarité massive s’est levé. Famille, amis, militants de tous horizons, anonymes et connus. Ce n’était pas la solidarité des slogans creux, mais celle des visages, des présences, des mains serrées.
Samir Oukaci l’a affirmé : « Moralement, j’ai gagné. J’ai retrouvé l’estime de moi, la confiance des miens, et surtout, j’ai compris que la Kabylie va bien. »
Le report du procès au 24 février 2026 n’est pas une défaite, mais un temps d’arrêt forcé pour les procéduriers. La justice française ne se laisse pas « prendre de vitesse » ni manipuler pour des règlements de comptes. La vérité n’est pas un crime.
Le message est clair : l’ère de ceux qui s’attaquent à la jeunesse lucide et courageuse est révolue. Contre les 400 pages de mensonge, nous opposerons des « camions d’archives, des témoins, des tombes et des chansons ».
Un jour, il faudra juger. Pas pour venger, mais pour comprendre et pour que le pays cesse de vivre dans le mensonge. Un Nuremberg kabyle serait une réparation. En attendant, « Yid-k, a Samir » (Nous sommes avec toi, Samir). La dignité et la solidarité triompheront toujours de la peur.
