Stop à l'humilitation, agissons !
Libérer les prisonniers d'opinion Kabyles
Libérer les condamnés à mort
Délit de « Kabylité »
Un voile ténébreux couvre notre horizon en cette période hivernale, non pour des raisons climatiques mais à cause du sort réservé au peuple kabyle. L’ambiance n’est pas festive. En effet, comment oserions-nous festoyer alors que les nôtres croupissent dans les geôles froides et insalubres du pouvoir ? Quel forfait ont-ils commis ? Quel crime inavouable rend-il légitime et légal leur emprisonnement ? D’ailleurs, sait-on sur quelles bases leur EnferMeMent est-il justifié ? Nenni ! Le couperet tombe effroyablement sans aucun préavis.
L’arbitraire des arrestations et l’absurdité des procès prouvent de façon définitive que le régime est tyrannique, en témoignent les peines requises contre: Kamira Nat Sid, Mira Mokhnache et Slimane Bouhafs : 5 ans, 2 ans et 3 ans respectivement. La première est porteuse des voix amazighes, la seconde, est militante indépendantiste et le troisième est Kabyle et chrétien (double peine). Le ballet des kidnappings journaliers ponctue le quotidien de ces montagnards rompus à la rébellion. Comment croire à cette justice qui a condamné 49 jeunes à mort, lisez-le bien à MORT !
Toute voix qui perce des flancs de nos montagnes, encore calcinés et meurtries, est sujette à controverse, taxée de séparatiste ou carrément terroriste. Le flou de atteinte à je ne sais quelle majesté adoubée par les sombres hautes sphères du pouvoir est toujours d’actualité. Le crime de lèse majesté. Oui, la mort, voilà la récolte ultime de tout Kabyle qui veut garder et défendre jalousement son identité et sa culture. Il est clairement acquis que l’ «embastillement » de nos malheureux est un acte de représailles de la part de ce pouvoir, car la Kabylie est éternellement frondeuse. La logique voudrait que toute personne Kabyle, qui se revendique comme tel est passible d’une peine de prison. Mes chers compatriotes, notre identité est un délit sous ce ciel dardant de haine.
A cet instant, je ne peux faire abstraction de cette parole prophétique de notre rebelle : « Je suis né Kabyle, mon nom est combat » A qui donc incombe la faute ? A nous, qui voulons sauvegarder ce qui nous est cher ? A nos prédécesseurs qui nous ont légué cette cause « incomprise » remplie de valeurs ? Aux adversaires haineux ? A nos contemporains bercés du rêve symptomatique incarné dans ce cri « xawa xawa » ? A Dieu d’avoir fait de nous des Kabyles fiers et debout ? (Question absurde bien sûr). C’est notre attachement farouche à nos racines qui irrite les tenants du pouvoir, donc être nous-mêmes nous est interdit. Or, savent-ils seulement que « rien ne peut arrêter un peuple sur le chemin de sa liberté » Que dieu bénisse ta tombe da Lmouloud.
Quel est cet esprit sensé et raisonné qui donnerait l’aval de condamner « irrémédiablement » à mort 49 jeunes innocents sous prétexte qu’ils étaient sur les lieux du meurtre d’un jeune tout aussi innocent ? Toutefois, ne vous méprenez pas cette condamnation a été acté dès le départ avant même le procès, puisque rappelez-vous comment l’ENTV a sciemment qualifié Larbâa Nath Irathen de « région terroriste ».
En conclusion : le procès est subséquent au narratif conséquent. A partir du moment où notre existence est suspecte, alors toute forme libératrice et tout élan émancipateur qui viendraient contrecarrer LES officiels sont voués au lynchage de tout bord. Ces vagues d’arrestations sont venues après que le MAK ait été classé comme mouvement terroriste, ce qui d’ailleurs a engorgé les prisons algériennes.
Pour une publication sur les réseaux sociaux, pour une manifestation quelconque surtout culturelle à l’instar de la conférence annulée à Sidi Aich récemment car le conférencier venait d’être arrêté (Yacine ADLI), pour une opinion exprimée et pour toute action entreprise, le lien avec fameux le mouvement est fatalement joint. Ce qui a accentué d’avantage cette rafle d’innocents médusés et ruiné le quotidien de familles sous de fâcheux auspices.
La répression est la seule forme d’expression des dictateurs et les récalcitrants n’admettent point de soumission. Que le feu qui brûle en nous désagrège les ténèbres qui hantent nos nuits.
Ce qui ressort de tout ce que je viens d’écrire est que le MAK n’est qu’un prétexte aux exactions et aux dépassements dont seul le pouvoir algérien est détenteur du secret. Le MAK est-il l’arbre qui cache la forêt ? Il semblerait que ce soit le cas, parce qu’aucun Kabyle n’est épargné par cette folie aveugle. Il n’y a qu’à demander aux ressortissants Kabyles quand ils atterrissent à Alger, il vous donneront la réponse. C’est parce que nous sommes Kabyles qu’ils s’acharnent sur nous, on appelle cela une accablante vérité.
Maintenant, il faut aussi parler du silence interrogateur des nôtres. Est-ce de la peur ? Est-ce par un calcul minutieux que ce mutisme s’accomplit ? Ou bien est-ce de l’impuissance face à une situation équivoque ? Une chose est sûre est que « Tajmaât » cette organisation politique ancestrale, et pas que, brille par sa démission totale et «magistrale » !! En effet, il ne subsiste de ce noble système que le relent infect au verbe nauséeux dans les arènes quasi vides des villages. Tajmaât s’est laissée inféoder et pervertir par d’opportunistes jeux politiciens auxquels se livrent certaines têtes représentatives ; Un théâtre fantomatique oublieux de ses devoirs. Des jeunes suspicieux qui, par respect pour les anciens, préfèrent se tenir cois et ne pas empirer la situation déjà suffocante.
Pour ma part, ce silence n’est pas une lâcheté ou un consentement mais il s’inscrit plutôt dans une lucidité, certes longue, toutefois rationnelle. Le jour ne tardera pas à venir où ces villageois afflueront de toutes parts tels des avalanches afin de réclamer les leurs et surtout leur dignité. Méfiez-vous de ce mutisme quasi monacal. Un loup n’abandonne jamais les siens. Je n’incite à aucune violence et je ne jette pas les miens en pâture, que les choses soient claires.
Pour finir, le « xawawisme » ne paye pas. Si être Kabyle est attentatoire, c’est que je veux être un terroriste. Notez l’ironie qui se retourne contre eux. Comme je ne veux pas tomber dans le piège du pathos larmoyant, je dois conclure : l’espoir et l’idéal nous sont permis, ceci n’est qu’une modeste contribution de ma part et c’est aussi ma résolution pour 2023. Que tous nos détenus soient libres. Me concernant j’ai choisi d’être du côté de la « famille qui avance » et vous ?
@le_recalcitrant