La Kabylie avant tout : appel à vigilance !

    La Kabylie avant tout : appel à vigilance !

    Déclaration de la Coordination des Kabyles de France

    Le projet algérien est, depuis sa création par la France coloniale, associé à l’arabité et à l’islamité au détriment et au mépris de l’Amazighité, l’identité historique de l’Afrique du nord. La Kabylie qui a payé le plus lourd tribut de la lutte contre la colonisation française en terre amazighe, a, dès la fin des années 1940, fait les frais de l’arabo-islamisme, vecteur essentiel de l’idéologie du système algérien.

    Pendant les années 40/50, des militants kabyles, pourtant nationalistes algériens, qui ont posé la question identitaire amazighe, ont été liquidés physiquement. En 1963, le régime algérien, né du putsch de l’armée des frontières, a profité de l’appel de l’opposition pour l’instauration d’un régime démocratique, pour commettre les pires massacres en Kabylie.

    Depuis, le quotidien en Kabylie est fait de répression, d’humiliation, de marginalisation et d’exclusion : un véritable isolement politique imposé par le régime en place qui a réussi à stigmatiser le peuple kabyle.

    La Kabylie n’a jamais baissé les bras et a toujours été à l’avant-garde des luttes démocratiques et s’est érigée en véritable force populaire d’opposition au régime algérien qui a systématiquement répondu par la violence et la répression à ses différentes
    mobilisations. Hélas, elle a supporté toute seule ces luttes. Le soulèvement kabyle de 2001, réprimé dans le sang par l’Etat algérien dans l’indifférence quasi-totale des Algériens, a montré aux Kabyles la limite de lutter dans le cadre de ce système d’Etat-nation inique et ségrégationniste.

    D’autres alternatives politiques se sont ainsi déployées dans une Kabylie exposée à un projet de destruction mené par l’Etat algérien.
    Le 22 février 2019, un mouvement contestataire parti de Kherrata, localité Kabyle, fait tache d’huile et gagne de très nombreuses localités où des manifestations quasi-quotidiennes réclament « le départ du système ».
    Si l’on se réjouit de telles manifestations et de l’appel à la fin du système, par ailleurs illégitime, pour autant les expériences malheureuses du passé nous interpellent à la prudence et à la vigilance. La Kabylie et ses intérêts risquent, encore une fois, d’être
    sacrifiés.

    C’est dans cet esprit que depuis le 16 mars 2019, des Kabyles de France, autonomistes, souverainistes, indépendantistes et fédéralistes, se sont concertés pour définir un cadre d’unité, d’action et de veille contre un éventuel dérapage de la mobilisation actuelle et le dévoiement, une fois de plus, du combat kabyle. Ils ne veulent surtout pas que la Kabylie
    fasse les frais d’un éventuel rééquilibrage des clans du système.

    Coordination des Kabyles de France (CKF)
    Paris, le 26 mars 2019.