Stop à l'humilitation, agissons !
Libérer les prisonniers d'opinion Kabyles
Tamazgha a besoin d’unité : la force est dans la base
Depuis plusieurs décennies, le combat amazigh avance entre espoirs et tourments, fidélité et déracinements, éveils et découragements. Pourtant, à travers les épreuves, il tient debout. S’il résiste, ce n’est ni grâce aux institutions ni grâce aux régimes politiques, mais grâce à la volonté d’un peuple attaché à sa liberté, à sa dignité et à sa mémoire. Ce sont les femmes et les hommes anonymes de ce combat – enseignants, étudiants, artistes, villageois, exilés, militants culturels – qui ont maintenu vivante la cause amazighe. C’est là que réside la vérité stratégique de notre avenir : la force est dans la base, pas ailleurs.
Aujourd’hui, alors que des étapes déterminantes s’annoncent pour l’avenir amazigh, une nécessité s’impose : retrouver l’unité d’action et la cohérence stratégique, non pas en slogans politiques, mais en alignant le mouvement amazigh sur sa colonne vertébrale naturelle : le peuple.
Le moment exige lucidité et responsabilité
Nous traversons une époque où tout peut basculer : soit vers la dignité retrouvée, soit vers l’effacement définitif. Les États nord-africains continuent de manœuvrer contre l’existence historique amazighe, soit par l’instrumentalisation folklorique, soit par la marginalisation scolaire et politique, soit encore par l’usage du diviser pour régner. Nous connaissons tous ces stratégies : elles ont fragmenté notre mouvement, isolé nos forces, alimenté les suspicions et multiplié les querelles internes.
Mais la vérité est que notre première faiblesse n’est pas extérieure : elle est interne. Si nous avançons difficilement, ce n’est pas seulement à cause des régimes autoritaires ou du mutisme international. C’est aussi parce que nous sommes devenus un mouvement difficile à coordonner, éclaté par les initiatives dispersées, traversé par les rivalités d’ego et ralenti par les mécanismes internes de division.
Pendant que d’autres peuples se structurent, nous nous épuisons en conflits internes. Pendant que d’autres avancent, nous perdons du temps en querelles de personnes. Pendant que d’autres bâtissent, nous nous neutralisons nous-mêmes.
Cette fragmentation s’est traduite par une multiplication d’organisations amazighes sans coordination commune. Au lieu de converger vers une stratégie claire, nous avons vu naître des structures concurrentes qui affaiblissent la lisibilité du mouvement. Le Congrès Mondial Amazigh (CMA), affaibli par les pressions extérieures, a dû affronter l’apparition de structures parallèles telles que l’Assemblée Mondiale Amazighe (AMA). Le procès intenté contreTamazgha.fr, a accéléré la dispersion de nos forces.
Chaque organisation se prétend légitime, mais au final, aucune n’est en capacité de rassembler véritablement, car elles reproduisent souvent les mêmes erreurs : le repli, la méfiance mutuelle, la rivalité et le refus de coopération.
En Kabylie, cette désorganisation a des effets encore plus visibles. Faute d’une stratégie coordonnée à l’échelle amazighe, le MAK est devenu la seule structure militante réellement visible et organisée sur le terrain. Qu’on adhère ou non à sa ligne, c’est une réalité objective : il occupe l’espace parce que les autres forces kabyles et amazighes se neutralisent plutôt que de s’articuler entre elles. Le problème n’est pas la pluralité politique, qui est légitime ; le problème est l’absence de stratégie commune amazighe.
Il faut le dire clairement : le mouvement amazigh manque de lisibilité stratégique et de discipline collective. Nous dénonçons les injustices de l’extérieur, mais nous refusons souvent de voir nos propres contradictions. Tant que nous continuerons à fonctionner en archipels isolés, notre cause restera vulnérable, perméable aux manipulations, incapable de projection historique.
Kamira Naït Sid, un retour attendu – et une responsabilité immense
Dans ce contexte de dispersion, le retour de Kamira Naït Sid sur la scène publique marque un moment important. Beaucoup attendaient son retour comme un souffle, un repère moral, un symbole de résistance féminine amazighe. Elle revient après une épreuve longue et lourde, mais sans renoncement. Elle revient sans haine, avec fermeté et loyauté envers son peuple. Elle incarne cette génération qui ne renonce pas.
Mais ce retour porte aussi une exigence : ne pas reproduire les erreurs du passé. Aucun leader amazigh, aussi respectable soit-il, ne peut réussir sans la base. Aucun engagement, aucune légitimité historique, ne tient sans la confiance du peuple. Revenir, ce n’est pas se réinstaller au-dessus, c’est se replacer au milieu. Revenir, ce n’est pas centraliser, c’est rassembler. Revenir, ce n’est pas réclamer l’adhésion – c’est la mériter chaque jour.
Kamira a un rôle majeur à jouer. Mais elle n’y parviendra pas seule, et elle le sait. Elle devra s’entourer, écouter, intégrer, relier. Elle devra parler aux jeunes, aux femmes engagées, aux enseignants de tamazight, aux animateurs culturels, aux chercheurs, aux écrivains, à la diaspora, aux militants non partisans, et même à ceux qui doutent encore. Elle devra reconstruire la confiance amazighe, autrement et intelligemment.
Le CMA doit redevenir une maison, pas un appareil
Le Congrès Mondial Amazigh (CMA) n’est pas une organisation comme les autres. Il est né d’une idée puissante : donner aux Amazighs une représentation internationale crédible, capable de porter leur voix dans les institutions mondiales quand les États les étouffaient. Il a tenu ce rôle pendant des années avec courage et dignité.
En revanche il serait inutile de se mentir : le CMA s’est éloigné de la base amazighe. Pas volontairement, pas par choix, mais par la logique même de sa trajectoire diplomatique. À force de batailler dans les arènes internationales, il a perdu du lien avec la réalité du terrain. Le risque aujourd’hui est qu’il devienne un sigle respecté mais peu vivant.
Le CMA peut retrouver sa place historique, à une condition : redevenir un espace ouvert et fédérateur, capable de coopérer plutôt que de se défendre contre sa propre famille amazighe. Son rôle n’est pas de diriger Tamazgha. Son rôle est de la relier. Il peut redevenir utile s’il redevient la maison de la coordination, de l’écoute, de la clarté et de la cohérence.
Sans stratégie commune, nous continuerons à perdre du temps
Ce que réclame aujourd’hui la cause amazighe, ce ne sont pas de nouveaux slogans mais une méthode. Nous devons passer :
- du réactif au constructif
- de la réaction émotionnelle à la stratégie structurée
- de la division à la coordination
- du triangle d’accusation (qui trahit qui) à l’intelligence collective amazighe
Car il faut le dire très simplement :
Un mouvement qui se disperse est un mouvement qui se condamne.
Un mouvement qui se centralise sans base se coupe de lui-même.
Mais un mouvement qui s’organise autour d’une stratégie coordonnée devient impossible à arrêter.
Le Congrès des Canaries sera un test d’avenir
LLe prochain congrès du CMA aux îles Canaries (avril 2026) ne doit pas être une réunion de plus. Il doit être un tournant stratégique. Ce congrès ne doit pas chercher seulement à rassembler des délégations – il doit rassembler du sens. Il ne doit pas rédiger un simple communiqué final – il doit produire une ligne. Il ne doit pas seulement réunir des membres historiques – il doit réintégrer la nouvelle génération amazighe.
Ce congrès doit être :
un congrès de réconciliation
un congrès d’ouverture
un congrès de coordination
un congrès utile au peuple amazigh
Conclusion : sans la base, rien n’est possible
Nous devons apprendre de notre histoire. Chaque fois que nous nous sommes unis, nous avons avancé. Chaque fois que nous nous sommes divisés, nous avons reculé. L’avenir amazigh ne se jouera ni dans les institutions d’État, ni dans les régimes politiques passagers, ni dans les réseaux de pouvoir. Il se jouera dans la base, toujours.
Oui, nous avons besoin de nos lionnes et de nos lions.
Oui, nous avons besoin de leaders.
Mais aucun leader n’est au-dessus du peuple.
Aucune organisation n’est légitime si elle se coupe de lui.
Aucune voix ne peut parler au nom des Amazighs sans leur confiance..
C’est dans cette fidélité à la base que notre combat trouvera enfin son chemin.
Il est temps de le dire calmement, fermement, lucidement :
Tamazgha a besoin de toutes ses forces.
Tamazgha a besoin de ses femmes et de ses hommes de conviction.
Tamazgha a besoin du CMA, mais le CMA a besoin de sa base.
L’unité amazighe n’est pas un slogan : c’est une discipline.
La division est un piège : refusons-la.
La reconstruction commence maintenant.
Aucun avenir ne se construit dans l’isolement. Le nôtre se construira ensemble.
Stéphane Arrami, éditeur de Kabyle.com
Le message du CMA aux Amazighs
Fraternité des Amazighs : Unis au-delà des Divergences
En tant qu’Amazighs, nous partageons une histoire riche, une culture vibrante et des valeurs qui transcendent nos divergences. Ce qui nous unit est plus fort et plus grand que nos différences. Notre combat pour la reconnaissance et la dignité s’inscrit dans le grand héritage de Tamazgha, celui de Massinissa et de Jugurtha, deux figures emblématiques qui ont défendu notre terre et notre identité avec bravoure.
Nos valeurs, universelles par essence, sont inscrites dans la Déclaration des Droits de l’Homme, la démocratie et la tolérance. Elles nous rappellent que chaque être humain mérite respect et dignité, et qu’en tant qu’Amazighs, nous avons un rôle crucial à jouer dans ce monde.
Il est essentiel de se rappeler que le chemin que nous avons choisi est long, parsemé d’embûches et d’épreuves. Pourtant, un jour que nous souhaitons ardemment n’est pas loin. Nous devons nous concentrer sur l’essentiel, mettre de côté nos différences et apprendre à communiquer efficacement entre nous. La fraternité et la réconciliation doivent être nos mots d’ordre.
Notre prochain congrès aux îles Canaries au printemps (24/26 avril 2026) sera un moment décisif, historique, celui de la fraternité, de la réconciliation et de l’union de tous les Amazighs, de Siwa jusqu’aux îles Canaries. Comme Matoub l’a si bien dit : « S ciṭuḥ n ṣwab maḍiLeɛtab ur t-id nettader » ; ensemble, nous ne devons avancer et jamais oublier les sacrifices consentis pour notre identité.
Nous devons garder en mémoire les sacrifices de nos martyrs, ceux qui ont perdu la vie pour la cause amazighe, ainsi que les prisonniers amazighs .
Ensemble, unis par notre héritage commun et nos aspirations partagées, nous avons la force de surmonter les obstacles qui se dressent devant nous. Chaque pas que nous faisons vers l’unité et la compréhension est un pas vers un avenir meilleur pour tous les Amazighs.
Unissons nos forces et construisons tamazgha
Avec fraternité,
Le congrès mondial amazigh CMA
Les coprésidents
Kamira Nait Sid
Khalid Zerrari

Azul, au sujet de votre contribution :
C’est une bonne idée de verser votre contribution au débat, mais vous avez omis de mentionner des faits essentiels, puissants, sans lesquels on risque de ne pas bien comprendre. Ces faits sont:
1) Au congrès de Tunis en 2018, au moment de voter pour la présidence du CMA, Khalid Zerrari, après avoir fait ses calculs, a estimé qu’il n’allait pas être élu face à kamira Nait Sid, candidate elle aussi. Il a alors créé un psychodrame qui s’est étendu jusque dans la rue, menaçant de retirer la délégation du Maroc (comme si elle lui appartenait) s’il n’était pas élu président ! Pour éviter un scandale honteux, l’assemblée du CMA a dû modifier à la va-vite et de manière exceptionnelle les statuts pour créer une coprésidence afin de permettre à Khalid Zerrari d’être coprésident. Zerrari a fait preuve d’un comportement enfantin, honteux et dangereux pour l’organisation.
2) De 2021 à 2024 il a totalement disparu, ne répondant ni aux emails, ni au téléphone. Il a dit aux militants au Maroc, que le militantisme ne l’intéressait plus… En réalité, il s’est impliqué dans les élections marocaines avec le RNI, le parti de Akhnouch, l’actuel 1er ministre. Mais il n’a pads été élu… durant toute cette période il n’a pas publié une seule ligne de soutien à Kamira Nait Sid ! C’est une faute lourde!
3) A la fin avril 2024, il fait son « retour » de manière fracassante, en publiant un communiqué, soit disant cosigné par Kamira qui était encore en prison à ce moment-là, pour dénoncer le fait que le CMA a permis au président du MAK de prendre la parole à l’ONU à NY! Pourtant, Ferhat Mehenni était l’invité du CMA à Meknès en 2008, et au congrès d’Agadir en 2015. A ce moment-là, Zerrari se pressait pour prendre des photos avec le président du MAK ! Par ailleurs, le CMA a soutenu le MNLA, le MAM (Mzab), le MAC (Chawi), avec l’accord de Zerrari et de Kamira à cette époque-là. Aujourd’hui, ils dénoncent le fait que le CMA ait donné la parole au MAK, parce que ce mouvement pacifique est classé « terroriste » par les vrais terroristes galonnés d’Alger? Pour le CMA, le comportement de Khalid est un soutien indirect au régime des caporaux d’Alger. Le comportement de Khalid est une trahison!
4) Comment et pourquoi Khalid Zerrari en est arrivé là? La seule explication que nous connaissons, c’est qu’il s’est fait manipuler par Bouzid Sennane, ancien membre du CMA à Marseille, qui a la haine du MAK et qui s’avère être un collaborateur zélé du consulat d’Algérie à Marseille. Quant à la personne qui signe « Kamira Nait Sid », nous ne sommes pas du tout certains que ce soit la vraie Kamira. Une Kamira libre devrait d’abord attaquer ses bourreaux d’Alger avant de s’attaquer à ses collègues qui ont tant fait pour l’aider quand elle était en prison, qui ont obtenu son statut de « détenue de façon arbitraire » et qui lui ont envoyé Mary Lawlor, Rapporteure Spéciale de l’ONU pour les droits des défenseurs des droits de l’homme qui lui a rendu visite en 2023 dans sa prison de Koléa! Un fait exceptionnel dû à l’activisme des collègues du CMA !!! Malgré tout, pour le CMA, et quoi qu’il arrive, Kamira est et restera à jamais la victime du régime militaire algérien. Et il est important de savoir que Kamira a quitté les murs de sa cellule en prison mais pour rejoindre la prison à ciel ouvert qu’est devenue l’Algérie et la Kabylie particulièrement. De plus, Kamira est en attente d’un nouveau procès, elle est sous ISTN, et ne dispose d’aucune liberté, ni de parole, ni de circulation. Comment dans ce cas, elle peut cosigner des communiqués et qui plus est avec un « marocain », le Maroc étant déclaré pays « ennemi » par le régime algerien? En conséquence, pour le CMA, les paroles et les écrits attribués à Kamira n’ont aucune crédibilité tant qu’elle ne sera pas réellement LIBRE!
5) Bon à savoir aussi: Zerrari était le délégué de l’association Asidd de Meknès au sein du CMA. Cette association vient de le désavouer en nommant son nouveau délégué et en participant au 9ème congrès du CMA qui vient de s’achever à Mugadir, Essaouira au Maroc. Donc Zerrari n’a aucune légitimité, ni légalité pour s’exprimer au nom du CMA.
Conclusion: Le CMA ne se trompe pas d’ennemi, l’ennemi se sont les régimes panarabistes et islamistes et en premier lieu et loin devant, celui d’Alger. Pour défendre la cause amazighe, le CMA a besoin de gens solides à tous points de vue, pas des égarés ou des manipulés. Il faut être réaliste, le combat est dur, il faut l’assumer ou s’écarter.