Ni Naïma, ni Nouria !

Ces derniers temps, une vive polémique sur les réseaux sociaux, suite à la déclaration de la ministre de l’éducation nationale algérienne madame Nouria BENGHEBRIT qui stipule : « la prière à la maison, pas en classe! »
Cette déclaration a fait couler l’encre, réagir les internautes, les journalistes et la classe politique algérienne entre une majorité opposante et une minorité plaidante.
Sur les réseaux sociaux, des appels ont été lancés pour des prières collectives à l’intérieur des établissements scolaires algériens. Plusieurs photos ont été prises et partagées sur les réseaux sociaux en réponse aux déclarations de madame la ministre.

Mais peut-on soutenir une ministre rien que pour s’opposer aux islamistes et aux conservateurs?

L’école est l’apanage de la classe dominante. Elle ne fait que reproduire et véhiculer la pensée dominante dans des manuels scolaires soit-disant destinés à préparer les futur(e)s citoyen(ne)s. En réalité, elle n’est qu’une institution au service de l’appareil capitaliste. Les changements qui s’opèrent dans les programmes scolaires et les réformes annoncées, d’une époque à une autre, ne sont que des réponses à des besoins et demandes formulées afin de parvenir à des buts précis et objectifs tracés : économiques et/ou politiques.

Le pédagogue belge Nico HIRTT nous a bien éclairé dans un très bon article intitulé : Avons-nous besoin besoin de travailleurs compétents ou de citoyens critiques? L’auteur écrivait : »Ce que les milieux économiques réclament aujourd’hui, c’est la rationalisation de l’enseignement en fonction de leurs besoins. Cette rationalisation doit permettre d’en réduire les coûts tout en assurant une plus grande différenciation et une flexibilité croissante (tant du système éducatif lui-même que de la main d’oeuvre qu’il produit). Ceci n’est sans doute pas l’objectif de l’approche par les compétences, du moins dans le chef de la plupart des pédagogues qui la défendent. Mais la question qui se pose est de savoir si leurs bonnes intentions ne seront pas récupérées, dévoyées, au profit de ces intérêts mercantiles. Il faut donc étudier les modalités pratiques de la mise en œuvre de cette doctrine, pour analyser dans quelle mesure elle prête le flanc à une telle récupération. »

En effet, l’économique et le politique sont intrinsèquement liés et complémentaire, car la société capitaliste a besoin de producteurs exploités ou surexploités et de consommateurs excités pour créer la Plus-value et accumuler la richesse, dans l’absence totale d’un cadre éthique.

L’école instaure des normes, elle nous apprend ce qui est bon et ce qui est mauvais, en terme de conclusion: ce qui va servir la politique établie par le régime politique régnant.

Naima Salhi et Nouria Benghebrit ne sont que deux comédiennes d’une tragédie écrite, mise en scène et jouée en Algérie dans l’objectif est de créer un fait cathartique face à un public émotionnel. Ce n’est plus le jeu de la raison, ce n’est plus toi, Brecht, qui as écrit cette pièce pour stimuler la réflexion et faire promouvoir l’esprit critique, ôté par l’école de la République algérienne. Les réactions se sont multipliées entre ceux et celles qui ont soutenus ou été sur la voie de la péronnelle de Naïma SALHI et ceux et celles qui ont applaudis la petite élégante bourgeoise de madame la ministre, Nouria Benghebrit.

Une grande partie s’attaque à Noria BENGHEBRIT, soupçonnant le complot juif, l’atteinte à une composante essentielle de l’identité nationale et une renaissance d’un esprit néocolonialiste qui menace le pays. La seconde partie, composée en partie de la composante laïque de la société algérienne et une majorite de kabylophones, a salué le courage de madame la ministre qui pour eux représente l’avenir du pays et veille sur le progrès de la nation.

Molière disait dans « Le Malade Imaginaire »: » « l’on a qu’à parler avec une robe et un bonnet, tout galimatias devient savant et toute raison devient raison. » La tenue vestimentaire, le penchant francophone de la ministre et ses paroles ont séduit une troupe aveuglée par le spectacle.

La société du spectacle, sait bien étouffer les révoltes du peuple en lui créant des diversions et des débats stériles. Pour maintenir le règne, il faut transformer la nature du conflit, du vertical à l’horizontal, c’est à dire, au lieu d’une lutte entre le peuple et le régime politique dominant, ce dernier crée un conflit entre les membres de la classe dominée.

Nouria BENGHEBRIT comme Naïma SALHI ne sont que des sbires du régimes qui ont une mission à accomplir. L’école algérienne est aujourd’hui décadente, ses programmes sont d’une extrême dangerosité sur l’être humain. Ils, les programmes scolaires, véhiculent la misogynie, la haine de l’autre, le déni de la réalité ( la falsification de l’histoire et la non promotion des langues nationales), l’islamisme, le refus de l’ouverture sur l’autre, etc.
Au final et pour conclure : nous sommes face à une situation délicate  qui interpelle les consciences pour mener une vraie révolution, et non des réformes; pour une école révolutionnaire, productrice de personnes éclairées et non pas d’esclaves à exploiter. Nous voulons une école du savoir et non pas une école des diplômes.

AMAR BENHAMOUCHE

Amar Benhamouche
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