Hicham Aboud retrouvé par la police espagnole après son enlèvement à Barcelone : Quatre suspects arrêtés

Le journaliste et opposant algérien Hicham Aboud, porté disparu depuis le 17 octobre 2024, a été retrouvé par la police espagnole dans un état critique le dimanche 20 octobre à Barcelone. Ce dernier avait disparu peu après son arrivée en Espagne, où il réside depuis plusieurs années après avoir fui le régime algérien. Selon des sources proches de son entourage, quatre individus impliqués dans son enlèvement et son agression ont été arrêtés par les forces de sécurité espagnoles.

Le célèbre caricaturiste kabyle Ghilas Ainouche, qui a travaillé aux côtés d’Hicham Aboud dans plusieurs émissions diffusées sur Canal 22, a été l’un des premiers à annoncer la nouvelle. Dans une publication sur les réseaux sociaux, Ainouche a écrit : « À Barcelone, les forces de sécurité espagnoles ont découvert Hicham Aboud dans un état critique. Après avoir été enlevé et agressé physiquement, quatre individus liés à son enlèvement ont été arrêtés. Pour l’instant, je n’ai pas encore d’autres informations supplémentaires ! ».

Une enquête en cours et des soupçons de l’implication des services secrets algériens

La police espagnole a immédiatement ouvert une enquête pour faire la lumière sur les circonstances de cet enlèvement, ainsi que pour identifier les commanditaires derrière cette agression. Bien que les autorités espagnoles ne se soient pas encore prononcées publiquement sur l’identité des instigateurs, de nombreux observateurs et opposants au régime algérien résidant à l’étranger estiment que cette opération porte la marque des services secrets algériens.

Hicham Aboud, ancien officier de l’armée algérienne et aujourd’hui journaliste d’investigation, est un fervent critique du régime algérien. Il a été l’une des figures les plus en vue de l’opposition, notamment grâce à ses travaux exposant la corruption et les abus des élites politiques algériennes. Cette dernière agression soulève des préoccupations croissantes parmi la communauté des exilés algériens, qui estiment être de plus en plus ciblés par des opérations extraterritoriales orchestrées par l’État algérien.

Si la thèse de l’implication des services secrets algériens venait à être confirmée, cela pourrait provoquer des tensions diplomatiques entre l’Espagne et l’Algérie. Le gouvernement espagnol pourrait demander des explications officielles à l’État algérien concernant cette attaque sur son territoire. En effet, ces dernières années, les opposants au régime algérien vivant à l’étranger, notamment en Europe, se sentent de plus en plus menacés par ce qu’ils perçoivent comme une campagne de répression menée au-delà des frontières algériennes.

En attendant de nouvelles avancées dans l’enquête, Hicham Aboud reste sous surveillance médicale en Espagne, et son entourage espère que les responsables de cet acte seront rapidement traduits en justice.

Un climat de menace permanent pour les opposants algériens en exil

Cet incident rappelle tristement les cas similaires d’opposants algériens qui ont été intimidés, agressés ou victimes de tentatives d’enlèvement en Europe. En septembre dernier, un autre dissident algérien avait dénoncé une tentative d’intimidation à son encontre à Paris. Ces événements reflètent la difficulté et les risques encourus par les journalistes et militants qui osent défier ouvertement le régime d’Alger.

Hicham Aboud, qui a longtemps dénoncé ces pratiques, est devenu lui-même une victime de ce qu’il qualifiait souvent de « terrorisme d’État ». Pour de nombreux activistes, cet enlèvement et cette agression sont la preuve supplémentaire que la liberté d’expression et d’opinion continue d’être brutalement réprimée, même en dehors des frontières de l’Algérie.

Les autorités espagnoles, pour leur part, semblent déterminées à élucider les circonstances de cette affaire et à garantir que ceux qui en sont responsables soient jugés. Cependant, la communauté internationale suit de près l’évolution de l’enquête, dans l’espoir que justice soit rendue dans cette affaire qui dépasse largement le cas d’Hicham Aboud, touchant à la question plus large de la sécurité des opposants politiques kabyles et algériens en exil.

Hichem Aboud raconte dans Atalayar les détails de son enlèvement en Espagne

La Garde civile évite à Hichem d’être rapatrié de force en Algérie au dernier moment

Propos recueillis par Enrique Fernandez

source : Atalayar

À son arrivée à Barcelone dans la nuit du jeudi 17 octobre, il a été enlevé par quatre hommes armés portant des cagoules, à quelques mètres de la résidence où il devait séjourner pendant son séjour. 

«J’ai été violemment mis sur le siège arrière d’une voiture sans plaque d’immatriculation, qui a démarré à toute vitesse en direction de Malaga, suivant les ordres du chef du gang». Le chef du gang était exultant au téléphone, disant à ses supérieurs «nous l’avons eu».

Pendant tout le trajet, qui a duré toute la nuit du 17 au 18 octobre et jusqu’à midi, notre collègue a imaginé tous les scénarios possibles. Mais celle qui revenait le plus fréquemment et avec insistance était celle d’un rapatriement forcé en Algérie, où une équipe de tortionnaires l’attendait pour lui faire payer tout son travail journalistique. Une activité dédiée, essentiellement, à dénoncer les abus du régime algérien, en particulier, la répression de toute liberté d’expression, la corruption, la rapine et tout ce qui a semé le chaos dans un pays riche.

Toutes ses tentatives d’évasion ont lamentablement échoué, et il a dû faire confiance à Dieu, espérant un miracle qui ferait avorter l’opération criminelle montée par une organisation terroriste basée dans le sud de l’Espagne et utilisée par les services secrets algériens pour capturer le journaliste Hichem Aboud. Une première dans les annales de la presse africaine et maghrébine.

Au bord d’une rivière, à Lebrija, un village situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Séville, le miracle s’est finalement produit. Juste au moment où quatre terroristes s’apprêtaient à mettre leur otage sur un bateau fluvial, la tête et les yeux recouverts d’une cagoule, les poignets étroitement liés et la bouche bien scotchée, soudain, une escouade de véhicules de la Garde civile est arrivée sur les lieux.

Les terroristes ont commencé à fuir dans une bousculade. Il ne restait plus qu’un Sénégalais et un Marocain du groupe, qui tenaient Hichem Aboud par les bras. Ils ont finalement été arrêtés par des membres des services de sécurité espagnols. Ce fut la fin du cauchemar pour notre collègue, qui a reçu les soins nécessaires à l’hôpital civil de la ville avant le début des procédures sécuritaires et judiciaires de l’enquête, dont les premiers éléments ont révélé l’accord honteux conclu entre un État qui se prétend respectable et une organisation terroriste internationale formée de mercenaires de différentes nationalités pour transporter de la drogue et protéger les mouvements des trafiquants de drogue.

À la fin de son calvaire, Hichem Aboud, ému, a déclaré qu’il « ne pouvait pas trouver les mots pour exprimer ma gratitude à la Garde civile espagnole et, en particulier, aux membres de la brigade de Lebrija ».

Il a ajouté que son avocat, «Essakali Abdeljalil, s’adressera prochainement au chef du gouvernement espagnol pour dénoncer cet acte hostile du régime algérien, qui a eu recours aux services d’une organisation terroriste sur le sol ibérique pour organiser l’enlèvement d’un journaliste pacifique ».

La rédaction d’Atalayar, solidaire de son journaliste tout au long de sa disparition, se félicite de cette fin heureuse d’une épreuve douloureuse et atroce. Mais tout est bien qui finit bien.

Rédaction Kabyle.com
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