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Libérer les prisonniers d'opinion Kabyles

Un Front international pour la décolonisation : la Kabylie reste observatrice
Douze mouvements indépendantistes issus des territoires d’outre-mer français ont annoncé la création du Front international de décolonisation (FID) lors d’un congrès organisé à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Cette nouvelle organisation revendique une pleine souveraineté pour ces territoires, dénonçant leur statut de « dernières colonies françaises ».
« L’heure est venue de s’unir pour accéder à notre pleine souveraineté », stipule la charte constitutive adoptée à l’issue du « congrès des dernières colonies françaises ». Cette initiative, bien que légitime sur le principe du droit à l’autodétermination, suscite néanmoins certaines interrogations quant aux influences extérieures qui pourraient en découler.
Un rassemblement indépendantiste élargi, mais sous quels soutiens ?
Le FID regroupe plusieurs mouvements autonomistes et indépendantistes, parmi lesquels :
✔ Le FLNKS (Kanaky-Nouvelle-Calédonie),
✔ L’Union pour la libération de la Guadeloupe (UPLG),
✔ Le Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale (MDES) de Guyane,
✔ Le Parti pour la libération de la Martinique (Palima),
✔ Le Tavini Huiraatira de Polynésie française.
À ces entités s’ajoutent également Nazione (Corse), ainsi que des représentants de territoires sous administration néerlandaise (Bonaire et Sint Maarten).
Le FID ambitionne notamment d’obtenir un statut d’observateur au sein du Mouvement des non-alignés et d’inscrire plusieurs territoires français (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Corse) sur la liste de l’ONU des pays à décoloniser.
Une ingérence étrangère qui suscite la méfiance
Ce projet a été immédiatement mis en avant par le Baku Initiative Group (BIG), une organisation promue par l’Azerbaïdjan, qui s’emploie activement à soutenir les mouvements indépendantistes dans les territoires français.
Son directeur, Abbas Abbasov, a publiquement accusé la France de « violations des droits de l’homme » et de « répression brutale » en Nouvelle-Calédonie, tout en appuyant ouvertement les revendications des groupes indépendantistes ultramarins.
Les liens entre l’Azerbaïdjan et certains mouvements souverainistes français sont de plus en plus visibles, ce qui alimente des suspicions quant aux véritables motivations de Bakou. Dans un contexte où l’Azerbaïdjan est accusé de graves violations des droits humains, notamment envers les Arméniens du Haut-Karabagh, son implication dans le dossier ultramarin français pose question.
La France dénonce une instrumentalisation politique
Face à cette situation, plusieurs membres du gouvernement français ont réagi fermement :
- Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a dénoncé « des tentatives d’ingérence inacceptables » et appelé à ce que l’Azerbaïdjan cesse immédiatement toute interférence dans les affaires ultramarines françaises.
- Nicolas Metzdorf, député calédonien (Renaissance), a quant à lui réclamé la convocation de l’ambassadrice d’Azerbaïdjan en France, dénonçant une campagne de « provocation et d’humiliation » menée contre l’État français.
Des mouvements indépendantistes sous pression
Bien que certains mouvements assurent ne pas être influencés par des puissances extérieures, la multiplication des soutiens internationaux, y compris ceux de pays comme la Barbade ou Cuba, montre que ces revendications s’inscrivent désormais dans un jeu d’influences diplomatiques plus large.
Présent à Nouméa, Francis Carole, président du Palima martiniquais, a affirmé que le FID est une organisation indépendante, rejetant toute ingérence étrangère. « Croire que nous avons besoin d’une puissance extérieure pour nous révolter contre un colonisateur que nous avons en commun est une marque de mépris et de racisme », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant que le mouvement reçoit des soutiens internationaux diversifiés.
Un processus qui interroge plus qu’il ne convainc ?
Si la question de la décolonisation reste un débat légitime et fondamental, la récupération politique par certaines puissances étrangères pose un problème majeur. L’implication de l’Azerbaïdjan, notamment, semble instrumentaliser les aspirations souverainistes à des fins géopolitiques, en cherchant à fragiliser la France sur la scène internationale.
Dans ce contexte, il convient d’observer avec prudence l’évolution du FID et ses interactions avec des acteurs extérieurs, afin que les revendications des peuples concernés restent libres de toute manipulation géopolitique.
Déclaration de Francis Carole – Front International de décolonisation les discours de propage de l’état français
Par Francis CAROLE
Les responsables politiques français, qui prétendent régir le destin de nos peuples, se distinguent par une crasse inculture politique et historique doublée d’une effroyable suffisance et d’une furieuse mythomanie.
Les déclarations rocambolesques, sur « X », de Gabriel Attal, éphémère premier ministre de la Macronie, à propos du congrès constitutif du Front International de Décolonisation, en sont une des lamentables illustrations :
« Les opérations d’ingérence et de déstabilisation de l’Azerbaïdjan, qui souffle sur les braises et insulte notre pays, méritent une condamnation unanime et je les ai toujours dénoncées.
Dernière provocation en date : l’organisation d’un Congrès de « décolonisation » à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, où nos gendarmes sont diffamés et où les appels à l’insurrection sont multipliés. »
À l’évidence, les éructations d’Attal, Valls ou encore Barrot, sont, à tout le moins, une provocation contre l’intelligence. La machine à tromper voudrait ainsi faire croire que la création du FID serait une « opération d’ingérence » d’une puissance extérieure.
La chanson de l’ingérence n’est pas nouvelle. On comprend dès lors comment ce logiciel archaïque et si peu crédible a conduit à l’expulsion accélérée de la France de toute l’Afrique et d’ailleurs.
Cette cécité intellectuelle et politique -en plus d’exprimer un racisme primaire à l’égard des peuples des colonies et néocolonies françaises qui auraient prétendument toujours besoin d’une assistance étrangère pour se révolter- met surtout en lumière la dèche de la pensée politique française dans une période de grandes mutations stratégiques mondiales qui aurait exigé des mises en perspective historiques, politiques et économiques radicalement différentes.
Il ne faut sans doute pas en demander autant à la kyrielle de petits ambitieux sans consistance qui, en grande partie, constituent aujourd’hui « l’élite » politique française…
C’est, en réalité, l’oppression coloniale elle-même, avec sa cohorte de pillage, d’exploitation, de mépris, d’atteintes à la dignité des personnes, d’injustices flagrantes, de manœuvres permanentes, de pauvreté organisée, de violences multiformes, qui anime la révolte des peuples. Pas les prétendues « ingérences extérieures » qui ne constituent que des discours d’évitement et de manipulation de masse dont la médiocrité n’est plus à démontrer.
La création du Front International de Décolonisation se veut la manifestation de la seule volonté de nos peuples de s’émanciper de l’impasse mortifère de la situation coloniale. Les révoltes multiples de nos peuples, tout au long de l’histoire, contre la brutalité de ceux qui prétendaient apporter la liberté et les droits humains n’ont pas eu besoin « d’ingérence étrangère ». L’ingérence coloniale française suffisait…
Contre les divagations de l’État français, la charte du FID et la déclaration finale de son congrès constitutif précisent clairement :
« Nous déclarons avec force l’indépendance absolue de nos organisations et de nos peuples à l’égard de tout État ou groupe de pression. La solidarité avec nos luttes ne saurait être un prétexte pour exercer une quelconque pression sur nos orientations, nos actions et déclarations. »
Le discours de l’État français n’est désormais crédible nulle part. Le rôle de notre génération est de détruire partout le colonialisme, le néocolonialisme et toutes les oppressions qui brident les aspirations légitimes de l’être humain au respect, au bien-être, au progrès, à la liberté et au bonheur.
Nous ne reviendrons pas en arrière.
Francis CAROLE
NOUMEA
Dimanche 26 janvier 2025