Proposition citoyenne pour une Charte et une politique linguistique kabyle

Une initiative d’un internaute pour affirmer, structurer et faire rayonner la langue kabyle au cœur de la vie nationale.

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Proposition à la République Fédérale Kabyle

𝐌𝐈𝐍𝐈𝐒𝐓𝐄̀𝐑𝐄 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐋𝐀𝐍𝐆𝐔𝐄, 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐔𝐋𝐓𝐔𝐑𝐄 𝐄𝐓 𝐃𝐄 𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐌𝐌𝐔𝐍𝐈𝐂𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍

𝐂𝐇𝐀𝐑𝐓𝐄 𝐋𝐈𝐍𝐆𝐔𝐈𝐒𝐓𝐈𝐐𝐔𝐄 𝐃𝐄 𝐓𝐀𝐐𝐕𝐀𝐘𝐋𝐈𝐓

(Texte fondateur – An 2975 / 2025)

Note introductive

Ce document constitue une proposition officielle de la politique linguistique de Taqvaylit, conçue comme un texte d’orientation et un socle de travail évolutif.
Il a vocation à être enrichi, corrigé et amélioré par les chercheurs, enseignants, institutions et citoyens kabyles.
Toute contribution scientifique, linguistique ou pédagogique visant à renforcer cette charte est vivement encouragée, dans l’esprit d’un débat démocratique et constructif au service de la langue nationale et officielle kabyle.
La version finale sera publiée sur la page officielle de Takadimit Taqvaylit.

Préambule

La langue kabyle — Taqvaylit — constitue le soutien vital de l’identité, du droit et de la liberté culturelle du peuple kabyle.
Langue de mémoire et de modernité, elle incarne la souveraineté de l’État et la clé de la cohésion éducative et sociale.
Taqvaylit est écrite en alphabet latin et reconnue par son code ISO 639-3, lui conférant un statut numérique officiel.
Elle dispose d’un corpus linguistique unifié et d’une orthographe standardisée reconnue par l’Académie de la langue kabyle (Takadimit Taqvaylit).

Politique linguistique et politique éducative : une vision commune

La politique linguistique ne se limite pas à la régulation de l’usage des langues :
elle éclaire, fonde et oriente la politique éducative nationale, car c’est dans l’école, l’université et la recherche que se joue la survie et la transmission d’une langue.

Ainsi, la Politique linguistique de Taqvaylit agit comme une boussole éducative, garantissant la cohérence entre la langue, la pédagogie et la société.
Elle oriente la politique éducative vers un modèle trilingue, humaniste et technologique :

  • Kabyle : langue de base (maternelle), de pensée et d’instruction civique ;
  • Français : langue nationale de savoir et de culture — la Kabylie appartenant au monde francophone ;
  • Anglais : langue d’ouverture scientifique et technologique.

Ce triptyque linguistique donne à la future politique éducative fédérale sa structure, sa philosophie et sa légitimité intellectuelle.
Les autres langues feront partie des langues étrangères et dépendront de l’orientation idéologique, stratégique et géopolitique de la politique d’État kabyle.

Vision et principes directeurs

  1. Souveraineté linguistique : garantir à chaque citoyen le droit d’apprendre, de travailler et d’être jugé en kabyle.
  2. Ouverture maîtrisée : associer le français et l’anglais comme leviers de communication et de recherche.
  3. Transmission et excellence : placer la langue kabyle au cœur du système éducatif et universitaire.
  4. Recherche et coopération : encourager les échanges universitaires et technologiques internationaux, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle (IA), des OCR, des traductions automatiques et des bases de données linguistiques. Le jumelage de villes étant le meilleur axe pour promouvoir Taqvaylit.
  5. Numérisation et innovation : faire de Taqvaylit une langue présente dans le numérique, les sciences et les réseaux.
  6. Rayonnement culturel : promouvoir la langue dans les arts, les médias et la création contemporaine.

Recherche, innovation et technologie

La République fédérale kabyle entend développer une politique de recherche linguistique ambitieuse, fondée sur la coopération internationale et l’innovation technologique.
Des programmes conjoints avec des universités étrangères, des laboratoires de linguistique computationnelle et des centres de recherche en IA linguistique, OCR et TALN seront encouragés.

Ces partenariats visent à créer des technologies kabyles de pointe :

  • traducteurs automatiques neuronaux ;
  • systèmes de reconnaissance vocale et visuelle ;
  • archives numérisées et interopérables ;
  • bases terminologiques ouvertes (Tatokab, Taqvaylit AI).

La recherche scientifique devient ainsi un pilier de souveraineté culturelle, plaçant Taqvaylit au cœur des technologies du futur.


Conclusion

La Charte linguistique de Taqvaylit n’est pas un texte clos : c’est une feuille de route vivante, appelée à s’enrichir avec les contributions du peuple kabyle, des chercheurs et des enseignants.
Elle éclaire la politique éducative, inspire la recherche et fonde la souveraineté culturelle.
Elle incarne une vision où la langue devient savoir, mémoire et puissance d’avenir.

« Taqvaylit d taɣult n tudert » — La langue kabyle est la source, la forme et la lumière de la vie nationale kabyle.


𝐂𝐎𝐍𝐒𝐎𝐋𝐈𝐃𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐉𝐔𝐑𝐈𝐃𝐈𝐐𝐔𝐄 𝐄𝐓 𝐀𝐃𝐌𝐈𝐍𝐈𝐒𝐓𝐑𝐀𝐓𝐈𝐕𝐄 – Loi Fondamentale sur la Langue kabyle

1. Dispositions générales et droits linguistiques

Article 1 – Statut officiel
La langue kabyle (Taqvaylit) est la langue officielle unique de la République fédérale kabyle.
Elle est la langue du gouvernement, du Parlement, de la justice, de l’enseignement, de l’administration et des forces publiques.

Article 2 – Langues complémentaires
Le français est reconnu comme langue nationale et langue de savoir, de culture et de diplomatie.
L’anglais est reconnu comme langue de travail internationale et scientifique.
L’arabe et toute autre langue peuvent être librement utilisées à titre privé ou cultuel, sans valeur juridique dans les actes officiels.

Article 3 – Droits linguistiques fondamentaux
Tout citoyen kabyle a le droit imprescriptible :

  • d’être instruit, informé, jugé et administré en langue kabyle ;
  • de recevoir les services publics et judiciaires dans cette langue ;
  • de travailler dans un environnement linguistique kabyle dans le secteur public ;
  • de publier, créer et diffuser en kabyle sans restriction.

Toute atteinte à ces droits constitue une violation constitutionnelle.


2. Dispositions administratives et plan quinquennal

Article 4 – Plan national de mise en œuvre linguistique (PNML)
Un plan quinquennal national fixe les objectifs, indicateurs et moyens pour assurer l’usage effectif de la langue kabyle dans tous les secteurs publics et parapublics.

Ce plan comprend quatre volets :

  1. Éducation : généralisation du kabyle dans les écoles et universités ;
  2. Administration : uniformisation linguistique des documents officiels ;
  3. Médias et communication : quotas linguistiques et soutien aux productions kabyles ;
  4. Technologie et recherche : intégration de la langue dans l’IA, le web, les bases de données et les logiciels publics.

Le Conseil supérieur de la politique linguistique (Agraw Afellay n Tsertit Tasnilsant), relevant directement du Premier ministre ou du Président fédéral, est chargé du suivi et de l’évaluation du plan.


Article 5 – Fonds souverain pour la langue kabyle (FSLK)
Un fonds public dédié est créé afin de financer :

  • la recherche linguistique, lexicale et technologique ;
  • la formation des enseignants et traducteurs ;
  • les programmes de coopération internationale ;
  • et les projets numériques de valorisation linguistique (OCR, IA, traduction).

Ce fonds est administré par le Ministère de la Langue et de la Culture, avec transparence et contrôle parlementaire.


Article 6 – Formation linguistique du personnel d’État
Tout agent public, fonctionnaire ou magistrat doit maîtriser le kabyle écrit et oral.
Des programmes de formation continue sont organisés pour l’administration, la police, la santé, la justice et les collectivités locales.
Aucun recrutement dans la fonction publique ne peut être effectué sans compétence linguistique attestée.

3. Étendue au secteur privé et aux médias

Article 7 – Entreprises et signalétique
Toute entreprise opérant sur le territoire kabyle est tenue de :

  • afficher en kabyle sa raison sociale, ses panneaux et documents officiels ;
  • assurer la présence du kabyle sur les emballages, sites internet et publicités ;
  • permettre à ses employés d’utiliser la langue kabyle dans les communications internes.

L’affichage bilingue (kabyle-français) est autorisé, mais la version kabyle doit toujours apparaître en premier et en caractères de taille égale ou supérieure.


Article 8 – Médias et production culturelle
Les médias publics et privés doivent garantir :

  • au moins 60 % de contenu en langue kabyle sur les chaînes, radios et plateformes numériques ;
  • la présence d’un sous-titrage en kabyle pour les productions étrangères ;
  • la formation linguistique des journalistes et présentateurs.

Des subventions sont attribuées aux œuvres qui valorisent la langue et la culture kabyles.

4. Contrôle, sanctions et justice linguistique

Article 9 – Office kabyle de la langue et de la conformité (OKLC)
Est créé l’Office kabyle de la langue et de la conformité, organisme public indépendant chargé de :

  • veiller à l’application des lois linguistiques ;
  • recevoir et instruire les plaintes relatives à la discrimination linguistique ;
  • proposer des recommandations au gouvernement ;
  • sanctionner les contrevenants selon la législation en vigueur.

L’Office publie chaque année un rapport national sur l’état de la langue kabyle, présenté au Parlement.


Article 10 – Sanctions
Toute institution, publique ou privée, refusant d’appliquer la loi linguistique s’expose à :

  • un avertissement officiel ;
  • puis une amende administrative graduée ;
  • voire une suspension temporaire de licence pour les médias ou entreprises récidivistes.

Ces sanctions ont pour but, non la répression, mais la protection du droit linguistique collectif.


Article 11 – Primauté et protection constitutionnelle
La présente loi a valeur constitutionnelle et prime sur toute norme inférieure.
Elle est intégrée à la Constitution fédérale kabyle au titre des droits fondamentaux et de la souveraineté culturelle.
Aucune autorité, ni publique ni privée, ne peut en limiter la portée.
La langue kabyle est considérée comme un bien national immatériel et relève du patrimoine souverain de la République.


Article 12 – Entrée en vigueur et évaluation
La loi entre en vigueur à la date de sa promulgation et s’applique à l’ensemble du territoire fédéral.
Elle fait l’objet d’une évaluation nationale tous les cinq ans, accompagnée de recommandations et d’ajustements.


Conclusion juridique

La présente Loi fondamentale sur la langue kabyle complète la Charte linguistique de Taqvaylit.
Elle s’étend à la diaspora kabyle, dont le rôle dans la diffusion et la vitalité de Taqvaylit constitue un pilier de la diplomatie culturelle kabyle.
Elle confère à la langue son statut juridique plein et opposable, tout en garantissant un équilibre entre identité, liberté et modernité.
Elle s’inscrit dans une vision de dignité nationale et d’ouverture universelle, à l’image des grandes démocraties multilingues.


Fait à Paris, le [date].
Au nom du peuple kabyle,
Le Président de la République fédérale kabyle
Mas Feṛḥat At Sɛid

Déposée au Registre national de Takadimit Taqvaylit – Ministère de la Langue et de la Culture – Version officielle 1.0 / 2025.

TAKADIMIT TAQVAYLIT


Mots-clés : sociolinguistique, politique linguistique, droit linguistique, loi-cadre linguistique, aménagement linguistique, souveraineté culturelle, technolinguistique, didactique du kabyle, acquisition du kabyle, politique éducative, idéologie linguistique, monolinguisme, bilinguisme, plurilinguisme, planification et normalisation linguistiques.

Rédaction Kabyle.com
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