Vibrant hommage à Cheikh Aarav Bouizgaren

Parti d’une simple idée,  l’hommage a fait effet  d’une boule de neige avec l’adhésion de beaucoup d’artistes et de fans à l’idée de participer à cet événement aussi exceptionnel que  celui de rendre hommage  et d’évoquer l’enfant de Mekla, l’artiste aux dix tubes de « ah anfas anfas » à « ah ammimezran ».

Qui est Cheikh Aarav Bouizgaren?

Chikh Aarav dit Mohamed Aarav Bouizgaren est né le 27 Mai 1917 à Ldjemaa n’Saharidj un village situé à une trentaine de Kilomètres à l’Est de la ville de Tizi-Ouzou où il passe son enfance. Adolescent, épris de musique,  il part à Alger et côtoie El Hadj Mhammed El Anka et intègre sa troupe avec laquelle il apprend les règles élémentaires du Chaabi. Il débarque en France à partir de 1946 mais ne se détache pas du milieu artistique en rencontrant Cheikh El Hasnaoui, Slimane Azem, Bahia Farah, Fatma Zohra et autres.
Il édite sa première chanson « anfas anfas » (Laisse-le) en 1950 abordant la condition d’immigré en France. S’en suivaient des titres phares qui ont fait sa renommée tels que « ammimzrane », « cyaatas adyass » etc . Même s’il n’a enregistré qu’une dizaine de chansons, ces dernières sont considérées comme des chef- d’œuvres interprétées par des générations et des générations de chanteurs kabyles. Malgré le succès qu’ont rencontré ses œuvres Cheikh Aarav est resté  modeste ne cherchant aucune gloire et préférant se mettre à l’ombre jusqu’à sa mort le 02 Avril 1988.

Aujourd’hui il repose en paix au cimetière de Massy mais ses œuvres demeurent éternelles.
 
Si on revient au spectacle, c’est un plateau des plus riches qui a été offert au public venu nombreux assister à l’hommage. Entre anciens et nouveau du genre Chaabi, la scène rassemblait les adeptes de ce genre ainsi que la chanson kabyle féminine représentée par trois chanteuses.

Un grand poster du Cheikh se dressait au déçu de la scène surplombant un orchestre majestueux dirigé par Allaoua Bahlouli.  Des instruments personnels du disparu ( Mondole, flûte, violon, ancien magnéto à bande, tourne disque et disques 33 tours ) sont minutieusement exposés.

Après la projection d’un diaporama relatant la vie et l’œuvre du chantre avec l’introduction de souvenirs en photos archives inédites rassemblée sur un fond musical du cheikh concocté par Mohand Ferdiou, c’est place à  la musique…
Ils ont tenu à interpréter ses chansons…

Khelifa Ait Ali ouvre le bal avec la chanson « Ayemma », puis Arezki Moussaoui « Ayadu » et « Tura Akmedjagh » Nacer Chebbah à repris également un tube de son idole. Rachid Mesbahi avec son doigté terrible rappelle au public que le mode
Chaabi ne se démode pas en interprétant deux de ses tubes « a yemma aezizen» et « ayafroukh aelli » . La jeune chanteuse Ratiba fait découvrir au public sa chanson émouvante « lukane » puis reprend une de hanifa « darrayiw ». Kamal Bouyakoub ,
avec sa voix rocailleuse a opté pour  «  anfas anfas » avec son istikhbar vibrant puis une chanson de Matoub Lounès « atili l hadja arkhiset » inspirée d’une œuvre de cheikh aarav. Karim Slaim et Moh Smail on chanté respectivement « yejrah wul tassa tuden » et «  anfas anfas,akka aydus ».

Malika à évoqué Zohra avec sa chanson « urilaq ayitchuhned » . Après l’entracte Hocine Madoui enchaine avec « chyaatas adyas » puis à Lekhder Sennane d’enchanter le public avec une nouvelle chanson intitulée «Medden».

Hocine chebbah, jeune talent de la région et adepte  du style du cheikh s’est permis le luxe de dénicher et d’interpréter avec brio une chanson inédite jamais enregistrée par Cheikh Aarav «  Lweqt Uewij » qu’il a bien adaptée au mode actuel
tout en gardant sa saveur d’antan.  Pour clôturer c’est Farid Arhab et Aldjia interprètant  Slimlane Azem « tamurtiw aazizen » pour l’un et Djamila  «  taaqqaytnaremmane »  pour l’autre.

La veuve de Cheikh Aarav présente et émue

Elle était là,  madame Nadia  Bouizgaren veuve de cheikh Aarav, une femme restée belle, timide et souriante. Assise au premier rang elle répondait avec un sourire et générosité aux salutations des artistes et des fans de son défunt mari. A la fin du spectacle et après avoir remercié les organisateurs et tout le public venu nombreux à l’hommage elle nous a fait cette confidence : «  Aujourd’hui je suis réellement émue après toutes ces années lourdes  qui sont passées on a eu l’idée de rendre hommage à mon mari, il sera sûrement  ravis dans l’au-delà. Vous savez Cheikh Aarav a toujours vécu discret que ce soit dans sa vie ou dans son art, il aimait rester dans l’ombre il a même décidé à un moment d’arrêter son art alors qu’il était au summum de sa gloire et personne ne sait pourquoi. Je me souviens que des fois il prenait son instrument, qu’il avait laissé de coté, pour gratouiller quelques airs mais il l’abandonnait aussi tôt ! Un  jour lui demandant pourquoi ne pas continuer il m’a dit : ‘ si je meure avant toi  enterre-moi avec mon mandole’  chose que je
lui ai promise et que j’ai faite le jour de son enterrement,  son mandole est bienavec lui c’est une chose qui était restée jusque là entre lui et moi
».

Djillali Djerdi

Rédaction Kabyle.com
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