Un magicien s’en est allé

Je viens d’apprendre la nouvelle de ton grand départ. Tu vas rester, évidemment, dans nos cœurs pour l’éternité. Mais saches que sans ta présence, le monde n’est plus tout à fait le même, cher Idir.

Tu nous quittes, discrètement, sur la pointe des pieds, fidèle à ta modestie légendaire, fidèle à ton humilité, à ton humanité, tout simplement. Mais telle une onde de choc, la nouvelle de ton départ, l’air de rien, va secouer des millions d’âmes et de cœurs. C’est un départ à ton image. Simple, discret mais d’une portée considérable. Cela aura été ta marque de fabrique jusqu’au bout. Et c’est cela qui te rendait si attachant.

Nous aimions ta personnalité tout en retenue. C’est-à-dire ton intelligence du cœur parce que justement tu as su parler directement à nos cœurs en toute sincérité. Et quand quelqu’un est sincère, on le sait intuitivement. Tu as toujours chanté avec ton âme, avec ton cœur. Tu n’as jamais triché. Et cela tout le monde pouvait, peut le percevoir.

Tu étais l’ami qui nous voulait du bien. C’est pour cela que nous avions, nous tes admirateurs, une bienveillance toute fraternelle et un respect immense pour ta personne mais aussi, évidemment, pour ton talent grandiose et ton œuvre magistrale. Tu étais le miroir qui nous renvoyait une belle image de nous, de notre pays, de notre culture. Mais qui renvoyait aussi une belle image d’elle-même à toute personne -quelle que soit son origine ou sa culture- à qui il était donné d’écouter ta belle musique. C’est cela, la magie de ton œuvre, cher Monsieur Idir.

Tes mélodies avait ce supplément d’âme qui les rendait belles, éternelles et inoubliables. Qui n’a pas fredonné tes airs fabuleux qui nous paraissaient venir du fin fond des âges pour se loger dans le secret de nos âmes ? As-tu été choisi par les Dieux pour enchanter notre existence par des notes si mélodieuses qu’on aurait dit dictées par des anges ? Que Dieu te rende grâce d’avoir partagé avec nous tant de douceur, tant de beauté et tant d’intelligence dans une communion des âmes toute musicale. Merci, Monsieur Idir.

J’ai découvert ta première chanson, que dis-je ton tube planétaire « A Vava Inouva », alors que j’avais à peine 13 ans. J’ai été littéralement subjugué par tes mélodies. Je me demandais : Comment peut-on être remué, touché en plein cœur par de simples notes de musique ? Mais quelle notes ! Ton premier album je l’écoutais en boucle. J’étais sur un nuage, au ciel, probablement à quelques encablures du paradis. Rien que pour cela, je remercie Dieu, l’Univers et l’Intelligence Infinie d’avoir fait de moi un de tes contemporains.

C’est grâce à toi que je me suis mis à jouer de la guitare et à composer. Et tu le sais puisque je te l’ai dit de vive voix, lors de l’hommage rendu à Djamel Allam au Cabaret Sauvage, à Paris. A moins que ce soit à l’Olivier Blanc à Argenteuil. Un de tes derniers spectacles, il me semble. Comme c’est étrange, j’étais aussi à ton premier concert à La Coupole d’Alger à la fin des années 1970.

Même si je ne t’ai rencontré personnellement que cinq ou six fois dans ma vie, et où nos échanges étaient toujours cordiaux et bienveillants, j’aimerais te remercier une dernière fois.

D’abord, je te remercie d’avoir bien voulu jouer du synthé sur un de mes titres enregistré au début des années 1980. Ensuite, je t’avais sollicité pour un gala de soutien aux démocrates algériens à La Mutualité, à Paris. Tu avais répondu présent comme toujours et à titre gracieux, qui plus est. Enfin, un jour où tu étais venu à Surcouf, une grande enseigne informatique aujourd’hui disparue, pour acheter un ordinateur tu as été conseillé par mon frère, informaticien, à qui tu as dit tout le bien que tu pensais de mes compositions. Venant de toi, le magicien, le Maestro, le compliment m’est allé droit au cœur. Je t’en remercie infiniment.

Tu peux reposer en paix, cher Idir, parce que tu as laissé une œuvre magistrale. Tu as révolutionné la chanson kabyle. Tu es l’un des rares – probablement le seul avec un tel impact, à mon avis- à l’avoir hissée au niveau des standards internationaux. Tu as porté notre culture aux quatre coins du monde comme tu as toujours su le faire, c’est à dire avec élégance, finesse et efficacité. Tu étais notre plus bel ambassadeur, notre meilleur représentant.

Nous étions toujours ravis de faire écouter ta musique aux étrangers qui venaient de la découvrir. Nous en retirions tous secrètement une certaine fierté pour nous-mêmes. Oui, tes chefs-d’œuvre ont rejailli sur nous tous. Et pour cela nous te serons éternellement reconnaissants.

Humainement, je perds un grand frère. Musicalement, je perds un père spirituel. Je suis reconnaissant d’avoir été un de tes contemporains. Je suis ravi d’avoir écouté, joué et chanté tes magnifiques chansons.

Repose en paix, Dda Idir.

Yani Taneflit

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Rédaction Kabyle.com
Yani Taneflit
Publications: 576

2 commentaires

  1. Bonjour,
    La plupart aussi des youtubeurs n’ont pas rendue hommes à idir ce qui les intéressent c’est de Ramasser de l’argent sur le dos des kabyles ,RÉVEILLEZ vous.
    Union sinon on va disparaître comme les pharaons
    D’ailleurs je ne sais pas comment l’islam a fait disparaître les berberes et les pharaons, par le biais de la langue arabe….??!!!???!!!

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