Tiderray, du slam en langue kabyle

Après avoir édité 17 recueils de poésie en quatre langues, un cd de slam et 07 livres de devinettes, citations des animaux, jeux culturelles et contes, Ahcène MARICHE vient d’éditer un cd de slam sous le titre de TIDERRAY( CONTUSIONS).

Ce cd édité aux éditions SIRROCCO PRODUCTION est composé de 33 poèmes  tirés de son 3eme recueil de poésie Tiderray édité en 2007 et réédité 5 fois. Cette fois-ci le poète a pensé a une frange de la société qui aime écouter et apprécier la poésie déclamée accompagnée de musique.

Ahcène MARICHE l’a enregistré au Studio TRANKIL de Idir BELLALI et travaillé avec les musiciens Idir Bellali, Said Kermas Djamel Fares, Amar Djouadi, Said Cherfioui, Djamal Ben Boucherit  et  Mourad Hamadi.

Les sujets abordés dans ce cd sont:
1.      Sans rendez-vous
2.      Apaise mon cœur
3.      Les creux de mes nuits
4.      Le besoin m’a inventé
5.      L’argent
6.      La santé et ses limites
7.      Les compagnons de tous bords
8.      Que ton langage reflète ton aspect
9.      Le maudit bip
10.     La perle
11.     Sois toi-même
12.     Ainsi je te préfère
13.     Toi, mon ombre
14.     Le burnous
15.     Sautes d’humeur
16.     Errance
17.     Clin d’œil
18.     La peau vieillie
19.     Mon cœur souffre le martyr
20.     Cet amour que ton cœur ne peut contenir
21.     Vingt-sept et demi
22.     Crainte dans l’amour
23.     Le supplice d’un éprouvé
24.     De la graisse dans le potage
25.     Je ne suis pas quelqu’un d’autre
26.     Tant mieux
27.     J’ai souffert dans ma chair
28.     Les plaies
29.     L’ouvrage détruit
30.     J’avance prudemment
31.     La société
32.     La vérité est bonne à dire
33.     Oh ! Toi mon cœur qui gémit !

Préface

« Ceux qui n’ont que les yeux pour voir,
Sont aveugles dans le noir »

Le poète, lui, utilise tous ses sens, même le sixième. Il prédit, imagine, écoute et voit à travers les ténèbres. Ce noir épais n’a jamais été un obstacle pour lui, au contraire, il l’inspire par son emprise et tout le silence qui l’accompagne, ne dit-on pas que : « La nuit porte conseil ! » Elle est bel et bien sa conseillère, lui seul sait bien l’écouter, la comprendre et l’apprécier.

Ahcène voit ses multiples passions comme les vents qui enflent les voiles du navire, elles le submergent quelquefois, mais, sans elles, il ne pourra voguer. Sous leurs pressions, il devient docile, elles l’emportent dans leurs sillages jusqu’à des contrées inconnues et c’est là qu’il se met à matérialiser ses pensées, visions et messages. Quand l’accalmie reprend place, il devient tel un ermite, oubliant le temps, il vaque à ses taches quotidiennes au point qu’on ne le reconnaît plus.

De tout ce qui l’entoure, il puise ses sujets avec une délicatesse à la « MARICHE », puisque, dans ses approches, on retrouve, à chaque fois, des textes affranchis d’un timbre qui porte son nom et son image à la fois.

Après avoir fait parler, dans son précédant recueil l’aiguille ; fêter la « Saint Valentin » en Kabyle ; mis le doigt accusateur sur la négligence ; crier haut et fort sur la déperdition de nos valeurs et mœurs ancestrales, le voici, aujourd’hui, abordant d’autres sujets avec différentes analyses.

Il fait parler le tranchant (le couteau), racontes ses déboires, ses moments de bonheur et de fierté. Au diapason avec le rythme de vie actuel, même le « bip » d’un téléphone portable, qui a engendré une (pré) histoire d’amour, l’inspire. Là, il mêle le bonheur à l’angoisse, le stresse à l’empressement dans l’attente qui précéda le moment de la «
rencontre ».

Dans un autre poème, avec un verbiage plein de fioritures et d’images, il décrit, à la perfection même, cette fidèle inconnue qui ne cesse de lui rendre visite sur visite, durant des années, sans pour autant connaître ni son visage, ni sa voix, ni même sa silhouette, lui qui, sans même entendre sa voix, sait quand même capter les mots qu’elle lui murmure à chaque fois qu’elle vient.
« Il n’est pas bon d’être malheureux, Mais il est bon de l’avoir été ».

De tous ses malheurs Ahcène s’inspire, il revisite cette nuit cauchemardesque où il décrivit cette rencontre furtive, dans la maison de la bien-aimée, qui allait convoler en juste noces.

Se retrouvant entre la joie et la peine, le bonheur et le malheur, au moment du voyage nuptial il a lâché ses mots qui en disent long sur son tourment :
Le jour où le cortège nuptial est venu te prendre,
Est semblable à une tombe qu’on venait de me creuser.
L’écho des youyous qu’on ne cesse d’entendre,
Représente pour moi le supplice des éprouvés.
Lorsque mise dans le taxi qui était là à t’attendre,
L’ange de la mort semble venir m’interroger.

Son oreiller n’est pas celui que nous connaissant. A la place de la laine, l’éponge ou le duvet, c’est à un tas de tourments et de soucis qu’il en a droit. Ils le tiennent éveiller en les écoutant et s’il plonge dans un sommeil le sursaut lui est garanti par ceux-ci.

Les cicatrices, au fond de son âme, à chaque fois qu’il y pense, le transportent jusqu’aux causes et histoires qui en ont été à l’origine, il profite à faire le pèlerinage, demande le pardon. Quel comble (?) pour lui qui les croyait effacées, elles ressurgissent à nouveau, se plaignent et l’oppressent.

Tantôt aigre, acide. Tantôt doux, délicieux. Il passe d’un sujet à un autre comme cette fluctuation dans les couleurs de l’arc-en-ciel et montre les pics de ses sensations et pulsations comme l’électrocardiogramme qui laisse ébahit tout médecin. On le comparerait à une eau calme qui reflète les rayons du soleil, tel un miroir dedans toute une vie, un monde qu’on ne saurait décrire et qu’on ne pourrait imaginer.

Il fait un constat de sa vie et fixe d’un regard ses quatre décennies, malgré tout ce qu’il y a fait, il reste insatisfait et pense, dur comme fer, qu’il lui reste beaucoup à faire (Quoi ?)

Exigeant envers lui même dans son écriture, on sent cette voix qui conseille, qui montre le chemin et qui dit que : « Le superflu n’est qu’un masque qui finira par tomber ». Tout ça dans : « Sois toi-même » où il montre toute les qualités que la personne humaine qui n’arrivant pas à avoir une bonne image d’elle-même, tombe dans l’imitation aveugle et aveuglante qui la mènera à la ruine.

Apprécie tes points forts,
En estimant les tares d’autrui.
Ta valeur émergera dès lors,
Et tu connaîtras un succès garanti.
D’autres t’envient mais tu ignore,
Tout le rang dont tu jouis.

L’argent qui, de tout temps, est source de problèmes, à plus forte raison de nos jours, est vu par Ahcène d’un autre œil, non celui de ces gens haletant en le voyant. Il outrepasse ce qu’il peut procurer et cerne bien ce dont il ne peut pourvoir : la santé, le bonheur, la paix, la postérité… Alors, à défaut de troc, il est et restera, pour lui et ses semblables, juste un instrument économique.

« ZIVKA », son héroïne, a bien trouvé un piédestal. Il l’a ornée d’une couronne et lui transmet un message codé et énigmatique à travers deux chiffres qu’il a combiné à sa manière et fait ressortir son : « SEPT ET DEMI » qu’il augmente de vingt pour en avoir un : « VINGT-SEPT ET DEMI ». Pour ne plus la quitter, il souhaite être son ombre et la suivre
partout, d’où que vienne le soleil, son ombre devant, derrière ou sous ses pieds, lui prouve toujours ce lien charnel des cœurs.

Par un phrasé remarquable, il s’attaque à ses états d’âme, retrace le cheminement d’une vie de poète et toutes les « verrues » qu’il a dû supporter pour atteindre le jour d’aujourd’hui.

Finalement, tout a de l’importance chez lui, Lounès MATOUB ne s’est pas trompé, même les malheurs, surtout les siens, lui sont d’un grand apport.

Dame nature ne cesse de l’émerveiller, c’est avec ses présents qu’il peuple les creux de ses nuits dans des strophes qui laissent à penser. Pour lui, les apparences sont vilaines, la primauté est dans le fond de l’âme, de la pensée.

Son cœur, ce petit organe est devenu son éternel interlocuteur. Il lui incombe des responsabilités, juste après il compatit, il l’invite à un dialogue et tente de le comprendre, de le soulager de cette charge qu’il ne peut supporter tout seul.

Des années qui sont passées, il s’en moque, il y va droit au but, mais des fois, ses rencontres le ramènent à la réalité pour lui montrer l’autre côté de la vie qu’il ne cesse de négliger devant la passion pour laquelle il s’obstine.

La société, il ne la ménage pas, il désigne ses failles et tords au point de la qualifiée (À tord ou à raison ?) de rouillée, de béotienne :

La société est à présent rouillée,
Devenue hélas méconnaissable.
Sois patient et remarque à volonté,
Tu constateras un néant regrettable.
La rouille y est enracinée,
Et rien ne reste de valable.
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément »

En conclusion, après toutes ses expériences et tout ce qu’il a connu, vu et su, il le résume dans ces vers :

J’étais un authentique rôdeur
Mais aucun engrenage ne m’a retenu
J’ai vu de toutes les couleurs
Et qu’est ce que je n’ai entendu ?
Il n y a que l’art l’enchanteur
Qui m’a séduit et convenu.
J’ai enroulé la bobine des choses de la vie
La mienne paraît grande et allongée
J’en ai déroulé une grande partie
A savoir si vos yeux l’ont remarqué
A présent, ce sont des poèmes que j’ai mûris
En guise de messages je vous les dédie.

Dans chacun de ses livres, il multiplie les saveurs et nous montre l’étendue de ses idées avec des thèmes et approches assez particuliers.

Il s’inspire des animaux, les fait parler et tisses ses mots tel un tisserand comme l’a fait avant lui Slimane AZEM. Des fois il se singularise et fait « parler » les objets : l’aiguille, le couteau…

Après la lecture de cet ouvrage, Ahcène nous donne déjà de la salive à la bouche et nous rend pressé de découvrir ce qu’il cache, si jalousement, dans son viatique qui comprend, selon lui, plus de 300 autres poèmes, il nous convie déjà à plein de rendez-vous sans pour autant préciser des dates exactes. Voilà qu’après nous avoir fait parcourir ses « Nuits Volubiles », il nous a confié ses « Confidences et Mémoires », le voici, aujourd’hui, étaler, devant nous, ses « Contusions » à plus d’un titre.

Djamel BEGGAZ

Quelques poèmes traduits


Sans rendez-vous
Toi, qui d’elle-même s’invite
Sans aucun rendez-vous.
Toi, qui me rends visite
Dont j’ignore les dessous.
Toi, qui me réjouis sans limites,
Ton mérite dépasse le tout.
Tu vaques à tes affaires
Ignorant jusqu’à mon existence.
Tu atteints ce que tu espères,
Me laissant que des souffrances.
Tu décides du temps comme tu le préfères,
Te moquant toujours de mes préférences.
Même si on s’est habitué en permanence
Mon regard ne t’a guère admiré.
Nous faisons des concessions d’allégeance
Concernant nos communs intérêts.
Quelles que soient nos différences,
Je demeure ton fidèle passionné.
Je suis sensible envers toi
Bien que mes mains ne t’ont effleurée.
J’écrirai tout ce qui sort par ta voie
Bien que les oreilles n’ont rien écouté.
J’en ferai des poèmes toutefois,
Dont la longueur sera inégalée.
Même si je change d’emplacement
Sans te communiquer mon adresse.
Ton temps s’avère le moment,
Dès que ton cœur est touché par la tendresse.
Mon gouffre te paraîtra évident
Et je comblerai tout ce qui t’intéresse.
Tu n’as pas d’itinéraire singulier,
Tous les chemins t’y conduisant.
Ton viatique, est-il amer et déprécié
Ou précieux comme je l’attends ?
Même si le pique n’est pas aiguisé,
Tout se résout comme par enchantement.
La porte et la fenêtre sont fermées,
J’ai même bouché les accès ouverts.
Aucun coin n’est négligé
Y compris les caniveaux divers.
Par où es-tu donc passée,
A travers le vent ou l’éclair ?
J’ignore par quel moyen tu arrives
Quand tu atterris chez-moi ?
Plutôt, comment tu t’esquives,
Me laissant seul, pantois ?
Il est temps que tu prennes l’initiative,
Entendre un seul mot de toi.
Restons ensemble à jamais si tu arrives,
Sinon, rends-moi la paix que tu me dois !
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi douce que désagréable.
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi délicate qu’insupportable.
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi familière qu’inabordable.
Il m’arrive de t’aimer, de te haïr,
Tu es aussi polie que décevable.

59- Apaise mon cœur
Apaise et soulage mon cœur
Toi qui viens sans tarder.
Vide ma mer en profondeur
De tout ce qu’elle a accumulé.
C’est bien toi mon libérateur,
C’est toi mon secours assuré.
Quand tu te présentes devant mes yeux,
Je vois renaître l’espoir en moi.
Tu soulages mon cœur orageux
Dès que mon regard se pose sur toi.
Ton écho est tantôt nuisible tantôt joyeux,
Grondant à mon égard, combien de fois.
Chemine toujours à mes côtés,
Je te prie, ne m’abandonne pas.
Aux ingrats, ne prête aucun intérêt,
Qu’ils se taisent ou qu’ils aboient.
Tu n’as ni ombre ni reflet
Oh ! L’intime ! Tu es même privé de voix !
Toute chose que tu verras,
Fais-moi part de sitôt.
Toute chose que tu entendras,
Arrange-lui bien les mots.
Tout ce que tu souhaiteras,
Choisis-lui un nom beau.
Viens, sans même m’avertir,
A la porte inutile de frapper.
Vas où il te plait de partir,
Vas visiter toute la contrée.
Quant à la rime, c’est à toi de choisir,
De mon fond, tu peux encore t’inspirer.

60- Les creux de mes nuits
C’est des poèmes qui remplissent
Les creux de toutes mes nuits.
Ils viennent et envahissent
Ma solitude, sans répit.
Ils m’attristent et me réjouissent,
Contrariant le cours de ma vie.
Soyez indulgents à mon égard,
Vous tous, très chers amis !
Mes nuits sont des cauchemars
Hantées par des sursauts en série.
Même dans le rêve, par hasard,
Ma tête pense et réfléchit.
S’agit-il d’une ou de deux situations,
Je passe toute la nuit à réfléchir.
En plus des essoufflements,
Peur et angoisse réunies.
A l’aube, au premier rayon,
Je perds ma force et je pâlis.
Que je dorme tout le jour,
Il m’est impossible de récupérer.
Autour de ma face, faites le tour,
Elle vous paraîtra tel un citron pressé.
Quant à ma taille tout court,
Hélas ! Elle est devenue courbée.
Toi, le bienheureux, m’a-t-on dit,
Après avoir entendu mes vers.
Toi au moins pardi !
Tu t’es soulagé de ta colère.
Quant à mes nombreuses péripéties,
C’est une véritable galère !
J’extériorise mes préoccupations
Et bien d’autres choses encore.
Je me mêle aussi de vos tourments
Puisque votre conscience s’endort.
Et d’après votre entendement :
« Que chacun mérite son sort ».
C’est plus fort que moi, bien entendu,
Le poème au bout des lèvres est constant.
Vos malheurs et les miens réunis
Font l’objet de mes sentiments.
Ce sont des cloques et des ampoules en série
Que j’aiguillonne très souvent

61- Le besoin m’a inventé
Le besoin m’a inventé
Ayant une place réservée
Dans la vie de l’être humain.
De tous visages, il m’a doté,
Avec des formes variées,
L’histoire étant témoin.
Je m’occupe de toutes activités,
Je rends la tache aisée
Pour celui qui m’a découvert.
Oh ! Combien de choses ai-je coupées,
Légumes, maint bois taillés
Et quartiers de viande divers !
Au travail, je me perfectionne,
Etant fier de ma personne,
Ma valeur ne cesse d’augmenter.
A peine sorti de cuisine que j’abandonne,
D’un fourreau, on me couronne,
Chose qui me procure la beauté.
On m’accroche au muret,
Me réservant des coins préférés,
Parce que l’on me vénère.
On me saisit avec fierté
Dans la vie royale ou celle des aisés,
Celle d’ailleurs que je préfère.
Cependant, oh ! Quelle fatalité
D’être utilisé par un forcené
Pour commettre un carnage !
A cause de moi, on a balafré,
Beaucoup sont assassinés
Jusqu’à me qualifier de mauvais présage !
En une minute, tout s’en va,
Je m’écroule au plus bas,
Ayant honte de moi-même.
Devenu otage de l’homme de loi
Qui condamne ce malfrat,
Alors, je revois tous mes problèmes.
Ma mer, à présent, est déchaînée,
Me rappelant tout le passé
Et de toutes les voies déjà prises.
La flamme m’a défiguré,
Le marteau a pris le relais
Avec la pierre, on m’aiguise.
A tout feu, j’ai résisté,
Je n’entends que le soufflet
Qui malmène mon état.
A toute surface rude, on m’a aiguisé
A la ponceuse ou au rocher
Pour avoir un tranchant adéquat.
Voilà donc ce que j’ai enduré
Avant de vous rencontrer,
N’est-ce pas un vrai tourment ?
Chez certains, j’ai fait preuve de bonté,
Chez d’autres, j’ai causé des méfaits,
Le savez-vous ? Je suis le tranchant !!

62- L’argent
Nous savons que l’argent est un moyen
Et une nécessité pour tout individu.
Sa valeur est appréciée par le mesquin
Ou bien même les bourgeois reconnus
Quand aux richards je les plains
Il les déroute, et sont toujours à l’affût.
L’argent fait perdre le bon sens
Pour les riches des derniers temps.
Il les pousse, à vrai dire, à la démence,
Fonçant tel un sanglier menaçant.
Dans les airs, ils voudraient qu’ils s’élancent
Ou s’accrocher carrément au vent.
Acheter un lit, on le sait chose simple,
Il ne peut, hélas, garantir l’endormissement.
Même s’il procure une nourriture indispensable,
Tu ne lui trouveras aucun goût cependant.
Pare-toi d’or et d’argent si tu es capable
Mais sache que la beauté ne se vend.
Tu t’achèteras des connaissances
Mais au grand jamais d’amitié.
L’argent te bâtira une forteresse de convenance,
Mais la mort ne pourra t’épargner.
Tu pourras choisir ta tombe à l’avance
Mais au ciel tu ne pourras l’assurer.
Tu te permettras tout désir de valeur
Et tes espérances seront comblées.
Mais tu ne verras plus le bonheur,
Héritage exclusif des déshérités.
Même une armada de guerriers prometteurs
Ne pourra plus jamais te sauver.
Tout remède sera à ta portée,
Sauf bien sûr la vigueur !
La médication te sera d’un abord aisé
Excepté la paix qu’on ne trouve chez les vendeurs.
La vie t’a gâté de plaisirs et de fierté
Mais au fond, tu débordes de peine et de douleur.
Tu achèteras tout ce que tu désires
Etant donné que tu as plein de sous.
Tout ce que tu arrives à découvrir
Et  ce qui te séduit surtout.
Cela ne pourrait t’empêcher de mourir,
Qu’attends-tu d’un simple bambou ?
L’argent procure tant de choses
A l’essentiel il ne pourra accéder !
Ce n’est que les coquilles qu’il entrepose
Une fois de leurs contenances elles sont vidées.
Une fois l’effet justifié par la cause,
S’éclaircit alors la trahison avérée !
A présent, vas-y mettre un prix
Au bonheur, à la joie et à la santé.
Autrement dit, la paix, les amis,
L’amour, la multitude d’héritiers
La vertu et la longue vie…
Tes milliards ne sont qu’un fardeau malaisé
Qui ne t’ont assuré aucune garantie.
63- La santé et ses limites
La santé atteint ses limites
La maladie en profite
Pour aggraver les dégâts.
Faisant du corps son gîte,
Le détruit et l’irrite,
Combien de plaies elle prévoit !
Le mal, qui, dans le corps, progresse,
Propage ses racines et prospère.
Il change de place en vitesse
Et laboure à tort et à travers.
Durant la nuit, il t’oppresse
Et il te fait voir toutes les misères.
Le mal s’enfonce et lacère,
Il est le pire des tourments.
Même son nom est amer,
Il est réputé pour ses inconvénients.
Il te fera courir les artères,
Le corps peine d’exténuation.
Le remède du mal est la médication ;
A cet effet, nombreuses sont nos quêtes.
Nous avons juré d’arrêter sa progression
A l’unanimité pour sa conquête.
Sachant que son rôle est déterminant,
L’heure est proche pour sa défaite.
Si cela s’avère inefficace, il est sauvé ;
Nous allons chercher d’autres artifices.
Nous le prendrons en aparté
Et adviennent ses vilains caprices.
Nous le châtierons à volonté,
C’est là notre vengeance consolatrice.
Parfois, on le voit se dérober,
Rampant, tel un cours  d’eau.
Sournoisement, il décide de dévier
Pour détruire ce qui reste à nouveau.
Lui, cet habitué d’horribles faits,
Considérant le mal, un plaisir qu’il faut.
Le mal a été bien franc
Puisqu’il a détruit le corps.
Il n’a épargné ni cœur ni poumons,
Laissant derrière un triste sort.
Vous l’avez deviné, par son émargement,
Il vient de signer pour la mort !

Rédaction Kabyle.com
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