Mali : incidents révélateurs

Il se passe des choses d’une extrême gravité, ces derniers jours lors des séances du dialogue national inclusif au Mali. Des orateurs invectivés et chahutés par une partie des participants, parce qu’ils s’expriment en tamachek alors qu’avant eux d’autres l’avaient fait dans d’autres langues nationales, sans que cela ne soit relevé.

Si quelqu’un cherche encore le vrai danger qui menace l’existence du Mali, il est là. Ce n’est ni le jihadisme ni le terrorisme ni l’Occident …. Tant que les autorités n’auront pas accepté et fait respecter la diversité au sein de leurs peuples il n’y aura pas de paix ni de stabilité et donc aucun développement possible.

Que certaines langues deviennent, de fait, des langues et cultures supérieures « imposées » aux autres communautés constitue une bombe à retardement qui menace l’avenir de ces pays.

Ou bien l’Etat est capable de respecter toutes les communautés et travailler à leur épanouissement ou il n’a aucune raison d’exister dans sa forme actuelle. Il faut que certains Maliens arrêtent de jouer avec l’intelligence de leurs concitoyens. Que des débats se fassent au sein de l’Assemblée nationale ou que des officiels s’expriment publiquement dans certaines langues et pas d’autres est une pratique suicidaire pour le pays. Il s’agit des conséquences de politiques culturelles déséquilibrées qui répartissent mal l’espace public entre les langues et cultures nationales. Situation qui amènent aujourd’hui nombre de personnes à abandonner leurs propres langues au profit de celle qui est portée et valorisée par le système.

L’argument du nombre n’en est pas un, et n’est pas recevable. Aucune de ces communautés n’a volontairement choisi de s’effacer au profit d’une autre et le rôle de l’Etat est de veiller aux équilibres qui, seuls, pourraient garantir et justifier leur pérennité.

Les patriotes maliens devraient exprimer leur indignation ici, sur des choses qu’ils maîtrisent, avant d’aller accuser l’extérieur de leurs maux.

Comment le Mali pourrait il être « un et indivisible » avec une telle discrimination au sein des institutions de l’État et dans leur pratique politique ? La xénophobie est le pire ennemi de l’unité.

De quel droit l’Etat pourrait décider de la vie ou de la mort de certaines langues et cultures au profit d’autres ? La première raison d’être d’un Etat est de veiller à ces équilibres et les faire respecter. Si c’est lui même qui les menace alors il prend le risque de se saborder.

Bllatan

Rédaction Kabyle.com
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