Stop à l'humilitation, agissons !
Libérer les prisonniers d'opinion Kabyles
Libérer les condamnés à mort
Samir Talmat – La sirène enchantée
Dans son dernier opus composé de huit chansons, SAMIR TALMAT revient cinq ans après son premier album pour nous présenter une œuvre acoustique et poétique remarquable où le rythme et le verbe se conjuguent au parfait. Tantôt il vous berce tantôt il vous fait vibrer. Il en a fait pour tous les goûts.
L’artiste, originaire du village Issenadjen, qui surplombe les baies d’avechar et de Tamda Ouguemoun (deux plages recommandées pour une échappée estivale), interprète une foultitude de thèmes avec des airs rythmés. Dans cet album, Samir revisite l’amour et ses turpitudes. Ses amertumes et ses souffrances.
Il parle de l’immigration et son corolaire : la séparation. Il parle de ses amours impossibles et déchantées. Comme dans ses premiers pas, il avantage le verbe au son même s’il a fait beaucoup d’efforts dans le domaine musical. Des sons bien tressés autour de thèmes variés.
Ses textes plaident pour des serments de fidélité en amour et semble abjurer les alliances factices et sans attachement réel. Et il le dit si bien dans l’une de ses chansons intitulée « amniyi ». Il s’adresse à une dulcinée lointaine dans un message codé en puisant dans le secret de la déclamation des anciennes gloires kabyles à l’imagine de cheikh El hasnaoui et autres.
Dans le temps, la relation amoureuse ostensible ne se conjuguait pas au kabyle. C’était l’anathème et l’opprobre sur ceux qui osaient affichaient leurs sentiments envers les femmes. Aujourd’hui que les noces sont levées sur le monde inaccessible de l’amour, tout un chacun s’égosille à le dire.
Comme tous les artistes partis loin du pays qui les a vu naître, il clame tout haut que la vie hors de chez lui est une blessure béante. Il le dit si bien pour sa bien aimée réelle ou imaginaire que s’il avait à choisir son port d’attache, il choisirait sa Kabylie natale et ainsi vivre auprès des siens. Il vante les attirances de nos traditions et le savoir vivre de nos aïeux avec fierté. Contrairement à certains, il invite les autres à venir à la découverte de nos richesses multiples. C’est ce qu’il raconte avec le premier titre «Fransa ». Sinon pour conjurer le mauvais sort, il implore saints et temples dans sa quête de quiétude, de plénitude et de bien-être. A l’entendre, on devine facilement les souffrances d’un artiste coincé entre les dents d’une même tenaille : l’envie de vivre le présent, habillé d’us et coutumes ancestraux et la tentation d’une mondialisation faucheuse de spécificités culturelles.
Et pour mieux le connaitre nous l’avons approché lors du tournage d’un clip avec MizranaProduction pour un entretien express.
Azul Samir, après un silence de cinq années, parlez-nous de ce nouvel album
Samir Talmat : Effectivement j’ai pris beaucoup de temps pour réfléchir à ce qui me conviendrait comme style. Je voulais mûrir mon genre artistique afin de mieux percer dans un monde musical saturé. Et puis vivre sa vie familiale et artistique n’est pas chose aisée vue que nous les kabyles nous ne vivons pas de notre art.
On sent dans vos texte une certaine amertume, pourquoi ?
C’est le contexte actuel qui fait que nous ressentons les bouleversements de notre société de la même façon que la jeunesse et le public par lequel nous existons. Franchement le cœur n’y est plus. Si je continue à chanter c’est par amour à la chanson sinon…
Votre album se situe à mi-chemin entre le non-stop et le classique kabyle n’est-ce pas ?
J’essaie de répondre aux attentes de mes différents publics tout en restant dans mon style. Quand j’ai vu la réaction du public à Azzeffoun dans le cadre du festival « arabo-africain », je suis vraiment comblé. Cela prouve que ce que je fais répond parfaitement à l’attente de notre jeunesse. Plus de trois milles personnes ont chanté et dansé avec moi. J’étais en parfaite symbiose avec eux.
Où en est la chanson kabyle aujourd’hui ?
Elle est à l’image de notre jeunesse, le son intéresse mieux que le verbe. Elle veut chanter et danser et ainsi se défouler pour oublier les aléas d’une crise multiple.
Des projets ?
Je viens de terminer un clip vidéo avec MizranaProduction. Sinon je projette de me produire un peu partout en Kabylie durant et après le mois de carême.
Le mot de la fin
Je vous remercie beaucoup pour cette attention que vous portez aux artistes qui n’ont pas de gros moyens pour communiquer. Je lis quotidiennement votre journal Kabyle.com et je m y retrouve surtout quand je suis hors du pays.