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Pourquoi la femme n’avait-elle pas droit à l’héritage en Kabylie ?
Voilà une question qu’on ne devrait même pas se poser si l’histoire de notre pays est enseignée dans les écoles de la république. Plus triste encore, est le fait que cette question aurait été posée avec sarcasme par une personne censée faire partie de l’élite algérienne. Je laisse le soin au lecteur d’en tirer une conclusion en ce qui concerne le cynisme et le manque de discernement de cette personne.
Jusqu’en 1768, concernant les successions, les Kabyles appliquaient le droit islamique depuis leur reconversion à cette religion : la femme hérite de la moitié de ce qu’hérite un homme. Cette année-là, d’un commun accord, les Aârouch décidèrent de mettre fin à cette loi religieuse pour lui substituer le droit coutumier kabyle et décrétèrent l’exhérédation de la femme. Cet événement constitue une
preuve que la gestion des affaires de la cité concernant la Kabylie est laïque.
En 1768, après plusieurs années de combats acharnés contre les Turcs, les Kabyles furent sur le point de donner le coup de grâce à ces derniers qui se trouvaient assiégés au sein de la ville d’Alger. Un événement inattendu chamboula la situation. Il s’agissait du retour des captifs relâchés par les Espagnols. C’étaient les fameux zouaves, connus pour être de vaillants guerriers dont le nom avait été repris par différentes armées à travers le monde, on l’attribuait souvent à des unités d’élite.
Ils combattaient en Méditerranée sous la bannière ottomane. Les Turcs les recrutaient pour leur vaillance et leur savoir-faire en matière militaire. Ils leur faisaient croire également qu’ils menaient une guerre sainte contre les infidèles. Ils furent relâchés par les Espagnols une trentaine d’années, pour certains, après leur capture.
En retournant dans leurs villages respectifs où ils étaient considérés comme morts, ils découvrirent avec stupéfaction que leurs femmes s’étaient remariées et leurs terres appartenaient à de nouveaux propriétaires habitant parfois dans un village voisin ou dans un autre Aârch lointain.
Cette situation sans précédent dans son histoire mit au bord d’une guerre civile toute la Kabylie, menaçant son organisation sociale lui ayant permis d’exister des siècles durant. Plusieurs villages et Aârouch se préparaient à se livrer une guerre fratricide. C’était ainsi que tous les villages rappelèrent leurs combattants assurant le siège susmentionné. Celui-ci aurait pu aboutir à la libération définitive de la ville d’Alger des mains des Turcs.
Rappelons que les Ottomans étaient un envahisseur parasitaire n’ayant eu aucune vocation civilisatrice. Ils avaient fait usage de tous les subterfuges possibles afin de soumettre et détruire la Kabylie : utiliser le mariage comme un moyen qui leur permettrait de s’approprier des terres kabyles faisait partie de leur plan machiavélique. Par ailleurs, l’une des filles des Bel-kadhi était bien mariée à l’un des fils de Barberousse, Hassan, mort en 1787 à Constantinople.
En rétablissant l’exhérédation de la femme et en donnant le droit à chaque famille de racheter les terres appartenant à l’un de leurs membres décédés sans laisser d’héritiers, on avait permis le maintien de la propriété au sein de chaque village et la stabilisation des frontières (tilisa) entre villages et Aârouch, assurant ainsi une paix pérenne dans toute la région. Sans cela, la Kabylie ressemblerait à la péninsule arabique où les tribus s’entretuaient durant des siècles.
Les villages kabyles étaient des petites républiques autonomes solidaires et toujours en état d’alerte. Ils évoluent dans un environnement austère où la richesse n’était pas symbolisée par l’argent ou les lingots d’or, mais, plutôt par la progéniture nombreuse. Dès qu’un danger menace les intérêts vitaux de la région, les Aârouch se réunissent et sont capables de lever une armée en quelques jours. Cette
organisation sociale est le secret expliquant notre survie à travers des siècles de lutte et de résistance.
En tant que Kabyle, j’assume toutes ces décisions prises par mes aïeux et je n’ai jamais ressenti une quelconque animosité entre mes frères et mes sœurs concernant la succession de mes parents. Grâce à la clairvoyance de nos ancêtres, nous existons encore et sommes devenus les gardiens du temple de la culture berbère en Afrique du Nord dont nous sommes fiers. L’exhérédation a été pratiquée pour maintenir une paix et une unité sans faille entre les tribus kabyles durant des milliers d’années, elle n’était pas destinée à mépriser la femme kabyle, comme certains voulaient le faire croire.
En ce début du 21e siècle, les femmes kabyles ont droit à l’héritage au même titre que les hommes, même si certaines d’entre-elles préfèrent y renoncer pour laisser leurs parts à leurs frères, car, elles savent pertinemment que leurs belles sœurs du côté de leurs maris en feront autant. Tout compte fait, en y regardant de plus près, le droit coutumier kabyle ne désavantageait pas la femme comme on pourrait le croire, ce qu’elle perd du côté de ses parents, le récupère auprès de ses beaux-parents.
Ce qui fait mal à la femme kabyle, tout comme la femme algérienne en général, est cette mentalité moyenâgeuse ayant engendré le code de la famille, considérant la femme sans vergogne comme étant un demi-citoyen ou un citoyen de seconde zone.
Dans les années 90, un cadre du FIS dissous croyait trouver une solution au chômage en interdisant aux femmes de travailler, ainsi toutes les femmes actives seraient contraintes de céder leurs postes de travail aux hommes sans emploi.
C’est cette mentalité en question qui doit faire l’objet d’un débat afin de trouver un moyen pour l’éradiquer définitivement dans notre société. Pour ce faire, il faudra impérativement avoir une école laïque où nos enfants trouveront les réponses à leurs différentes questions en ayant recours à la science et non pas en lisant Al-Boukhari et compagnie.
Les religieux ont été vaincus militairement dans les années 90, mais leur idéologie est toujours enseignée dans les écoles par leurs vainqueurs. La junte militaire algérienne n’a pas la même vision que Atatürk. Elle tue les islamistes dans les maquis et les régénère au sein l’école. Elle sait que son système ne pourrait survivre longtemps sans l’existence des intégristes.
La Kabylie n’a jamais cautionné ni les militaires ni les islamistes. Elle a toujours voté « démocrates », lorsque dans les autres régions on votait pour le système ou les barbus. Ces intellectuels des autres régions d’Algérie sortant leur artillerie lourde sur les réseaux sociaux depuis quelques jours pour lancer des piques à la Kabylie au sujet des droits de la femme, non seulement ils se trompent de cibles, mais ils sont en train de se tirer une balle dans le pied.
La seule oreille qui pourrait écouter et apprécier leurs idées modernistes se trouve en Kabylie. Ceux qui lisent leurs œuvres et partagent leurs publications sur les réseaux sociaux sont généralement des Kabyles. Ceux qui se mobilisent pour leur apporter un soutien dans les moments difficiles sont majoritairement des Kabyles. Sans la Kabylie, ce ne sont que de vulnérables prêcheurs du désert.
Mourad AMAGHNAS
@victor aksel
J’ai lu ton roman, j’ai rien compris. Y’a que le titre que j’ai compris.
La kabylie et les coutumes kabyles– Adolphe Hanoteau
La kabylie– Eugène Daumas
Mœurs et coutumes de kabylie– Eugène Daumas
À travers la kabylie et les questions kabyles- François Chareriat
Poésie populaires de la kabylie– Adolphe Hanoteau
Grammaire kabyle– Adolphe Hanoteau
Contes populaires kabylie du Djurdjura- Jean Rivière
Les kabyles– Jean Morizot
Ma kabylie– Lucienne Delille
« Voyez tous les pays que les Arabes ont conquis depuis les siècles les plus reculés : la civilisation en a disparu, ainsi que la population, le sol même paraît avoir changé de nature »- Ibn KHALDOUN.
À méditer.
Cher Argonne
L’histoire appartient à celui qui l’écrit bien sur je ne vous apprends rien.
Mais je vous invite à lire un des nôtres Gaid Mouloud historien Kabyle : de la Kahina à l’occupation Turque vous serez étonné contraire aux historiens Français qui minorent l’histoire de la Numidie !
@ Argonne
Ce n’est que mon avis à propos de la lecture de notre histoire écrite par nos colonisateurs « l’histoire appartient à celui qui la écrite »
Dont à ce propos, il faut lire Augustin Bernard historien géographe du siècle dernier dont ce livre sur la colonisation d’Algérie par la France édition 1929 (l’Algérie) comment en a transformé l’autochtone en indigène, le berbère en arabe, tout ça pour spolié les terres et réduire la population berbère en misérables individus.
Dans les réactions quelqu’un parlait d’Ibn Khaldoun du XIV siècle (les dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale comment les arabes se sont conduit durant l’invasion du 7 em siècle et surtout celle du 11 siècle par les bnou-hillals dont bien des gens connaissent le qualificatif.
Par contre l’historien qu’il faut lire qui est un des nôtres c’est Gaid Mouloud de Karina à l’occupation Turcs qui décrit je pense la réalité de l’invasion arabes et ses conséquences !
Par conséquent en ce qui concerne la femme Berbère en général elle était l’égale de son époux jusqu’à à l’indiction de la Numidie par les arabes au 7 siècle.
« On n’est jamais servi que par soit même «
Pour ceux qui veulent vraiment savoir qui étaient leurs ancêtres kabyles, et comment ils vivaient, je leur recommande la lecture des ouvrages de Eugène DAUMAS et de Adolphe HANOTEAU qui les décrivent telqu’ils les ont trouvé au 19ème siècle. L’histoirien mauresque du 14ème siècle Ibn Khaldoun les a aussi décrit. Une chose est certaine, ils n’étaient pas arabe, et ils ne vivaient pas non plus comme des arabes.
À méditer.
Les événements de 1768/69 décrits dans cet article ont été tirés de deux ouvrages constituant nos deux principales sources bibliographiques. Le premier ouvrage est celui de M. AMAR BOULIFA : « Le Djurdjura à travers l’histoire » ; le second est celui de Camille LACOSTE-DUJARDIN : « La Kabylie du Djurdjura : du bastion montagnard à la diaspora ».
Le premier ouvrage a été écrit en 1920 (publié en 1925), moins d’un siécle après les événements en question, par notre Amusnaw et grand chercheur A. BOULIFA. Il l’avait écrit en se référant à une riche bibliographie et après avoir effectué lui-même une enquête sur terrain ayant duré plusieurs années.
Le deuxième ouvrage est récent, il a été édité par les Editions ACHAB en 2014. C. LACOSTE-DUJARDIN est ethnologue émérite ayant publié des dizaines d’ouvrages sur la Kabylie. Elle a consacré cinquante ans de sa vie à faire des recherches sur la Kabylie. Elle est décédée le 28 janvier 2016.
Ces deux honorables auteurs ne racontent pas des inepties dans leurs œuvres. J’invite tous les kabyles à lire et relire leurs livres….
M. AMAGHNAS
Compliquées toutes ces histoires d’héritages des femmes en Kabylie, je retiens cependant que les femmes Kabyles se sont mariées avec des étrangers Turcs, Arabes, Européens etc à travers l’histoire et cela explique en partie tout le marasme Kabyle actuel où on ne sait plus qui est qui, qui est un vrai Kabyle, qui l’est de manière hybride ou qui ne l’est pas tout en prétendant l’être. En somme la société Kabyle s’est abâtardie avec le temps et elle loin de sortir de l’auberge Arabo-islamiste.
Je vous prie de m’excuser pour les fautes de frappe, je n’ai pas eu le temps de me relire.
Pour ceux que ces questions intéresse, je leur suggère de lire mon livre : Kabylie sacrifiée, parue chez Book on Demand.
Faux !!!
1- le droit coutumier à toujours été appliqué en Kabylie.
2- L’exheridation des femmes ( et de hommes comme tenait à le souligner Lounès Adli dans « La Kabylie à l’épreuve des invasion ») à eu lieu car jusqu’en 1863, année où fut appliqué le sénatus consulté de Napoléon III, le terres étaient collectives en Kabylie. Mais chacun( homme ou femme) pouvait hériter d’une parcelle s’il quittait sa tribut, à condition qu’il n’ait été banni pour meurtre ou traîtrise.
3 – en 1768, une épidémie de peste ravagé ait la Kabylie et, à cette époque, les marabouts , pour acquérir des terres, demandaient en mariage les filles des tribus non maraboutiques. Notez que les marabouts interdisaient à leurs filles d’épouser des kabyles. A la même époque les ottomans, qui ne parvenaient pas à réduire la résistance kabyle, utilisait ce subverfuge pour diviser les tribus qui leurs tenaient tête.
4- En effet, les communautés kabyles, démocratiques, égalitaires et laïcs n’existaient que grâce à la collectivité de leurs terres.
Cette année là, beaucoup de femmes ne trouvaient pas à se marier dans leurs communautés, car beaucoup d’hommes périrent à causes des épidémies et des guerres menées contre les Turcs. Les Kabyles étant monogames, elles étaient contraintes d’épouser des hommes extérieurs à leur communauté. Or, une dislocation des terres entraînant celle de la communauté, nombre de tribut ont eu recours à l’hexhérédation pour sauvegarder l’unité de leur communauté.
Comme vous le voyez, la vérité est souvent plus compliquée, mais plus belle que la fiction.