Stop à l'humilitation, agissons !
Libérer les prisonniers d'opinion Kabyles
Libérer les condamnés à mort
Nora Balile : l’écriture est une thérapie
Elle est poète, slameuse, conteuse, chanteuse et artiste belge, Nora Balile nous parle de sa poésie et de sa participation à la troisième édition du festival de poésie « La Tour Poétique ».
Bonjour Nora Balile nous sommes ravis de vous interviewer sur Kabyle.com ! Qui êtes-vous Nora Balile ?
Je suis Nora Balile, Artiste, poétesse, Conteuse, chanteuse, slameuse, auteure et interprète belge d’origine marocaine. De formation pédagogue, j’ai enseigné de nombreuses années les Sciences humaines tout en me consacrant passionnément à mes premiers amours : “ L’Art de la Parole ” et “ les Arts de la scène ” comme la déclamation, l’éloquence, le théâtre, le jeu d’acteurs, les Contes, dans les Conservatoires et les écoles artistiques. Formée également à l’Art thérapie et à l’animation en créativité et exexpressivité j’anime des ateliers d’écriture dans le Monde du Slam, mais aussi dans des associations, des centres culturels pour des projets de femmes, féministes et bien d’autres.
À l’âge de 40 ans, suite à un burnout, je décide de me consacrer entièrement à mon Art en tant qu’artiste aux mille paysages. Aujourd’hui, je partage ma passion avec mon public en Belgique et aussi à l’étranger , comme une poétesse nomade qui rêve de voyages pour partager sa poésie colorée et engagée.
Je suis l’auteure de deux livres de Poésie, “ Ventre étoilé ” sortie en 2022 et le deuxième livre “Assise sur un banc” en 2023 (édition Antidote). J’ai participé également à plusieurs ouvrages collectifs de Poésie comme “ Les Poètes pour la Paix”, “ Poezie in diverzen taalen”, “ On ne s’excuse de rien “ vol 2 …
Comment définissez-vous “ le Poète ” ?
Pour moi, le Poète est celui qui transcende l’âme humaine avec sa façon de voir le Monde, c’est comme s’il devinait à travers la réalité des choses une vérité qu’il touche du bout des doigts. C’est comme une révélation qui ne lui sera jamais totalement dévoilée et c’est ça qui est beau, c’est de ne rien comprendre et de tout prendre comme un messager de l’irréel.
Le Poète n’a pas de frontières, il retranscrit une liberté qui est sublimée par le renoncement à y parvenir mais pourtant persiste en lui, un désir fulgurant, un feu intense et sacré d’y croire à chaque mot qu’il dépose sur une feuille de papier. Le poète croit encore et toujours à ses idéaux.
Il fait sourire par sa naïveté et sa capacité à être émerveillé par le froissement d’une feuille étourdie par le vent soudain de l’automne et un nuage dans le ciel n’est jamais le même pour lui, car il sait rêver et s’imaginer tout un espace infini en lui comme une odyssée. Il est entre deux Mondes, deux pays, deux envolées célestes, deux paradigmes.
Le poète garde les yeux de l’enfant nourris au lait de la vie et ne les décroche pas de la lune car ses pieds sont sur le fil de nos vérités intérieures. il pourrait bien nous étonner par sa sagesse, sa lucidité et par la beauté de sa candeur et de son innocence à écrire pour une humanité meilleure et à semer des graines de grandeur pour un avenir meilleur !
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire ?
Mon envie d’écrire est venue avec le besoin viscéral de raconter mon histoire et mes émotions qui ne s’exprimaient pas à l’extérieur et restaient coincées à l’intérieur de soi.
J’avais besoin de transformer ce qui me traversait, mes peines et mes souffrances pour me libérer et sortir hors de moi cette matière pour l’habiller de chansons et de poèmes.
L’écriture est une thérapie, j’y dépose mes orages et mes ciels gris mais aussi mes petits bonheurs du quotidien, mes grandes victoires et la légèreté de nos existences.
Je dirais que j’ai commencé à écrire par urgence, par nécessité mais aussi par plaisir. Amoureuse de la langue française, j’aime me balader et y faire vibrer les mots.
Quel est pour vous le moment idéal pour écrire ?
Très bonne question, mon moment pour écrire est surtout dans l’après-midi et la soirée. Par contre, il n’y a pas d’endroits qui me sont favorables pour écrire, ça peut-être dans le métro, à l’arrêt de bus, sur une terrasse de café, dans une bibliothèque de la ville, le soir pendant des publicités en regardant la TV, etc.
Le dernier recueil de poésie que vous avez lu ?
Un livre de Poésie « Haikus en fleurs » Collection Seuil.
Cet objet est beau, relié avec soin et cartonné, les illustrations et les poèmes japonais sont d’une délicatesse comme les pétales d’un lotus. En effet, on y retrouve des grands noms de cet art poétique et j’aime beaucoup cette forme de poésie. En quelques mots et en quelques métaphores en dessins, on y dépose l’essence d’un poème épuré, élégant et d’une grande profondeur.
Vous allez participer en juin à la troisième édition du festival de poésie » La Tour Poétique » organisé par l’association « Apulivre » . Que pensez – vous de ce festival et de cette association ?
Je suis très honorée d’être invitée à ce festival et je remercie Apulivre pour ce voyage poétique que je vais découvrir en juin. C’est très important pour la Poésie d’avoir des espaces et des mises en lumière de poètes et poétesses venus d’horizons différents avec des plumes singulières pour se rencontrer et partager leurs poèmes.
Ce festival permet de faire connaître cet art littéraire au public et de l’inviter à passer de beaux moments. En ce qui me concerne, je pense que c’est un horizon des possibles qui s’ouvre.
Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions ! Pouvez – vous conclure avec un poème ?
Un de mes poèmes « Nostalgie céleste »
Au crépuscule d’une terre
Des mains retiennent l’hiver
Les champs de bataille égrainent
Une nostalgie céleste
Pourquoi continuer à se battre?
L’homme n’a plus de mémoires
Des traces sur une boue délavée
Nos larmes intérieures égarées
Au lever du jour
L’espoir retient son souffle
Attendre que le bruit des armes s’endorme
Survivre à ce qui nous reste encore
Partir ou rester
Des gerçures sur nos âmes ensanglantées
Semblables à des soldats de plomb
La pudeur de nos habits en lambeaux
 la tombée de la nuit
Un silence retient la folie
Le sommeil lourd et le cri des blessés
Tenir vivante l’odeur des lettres des Aimées
L’obscurité des chairs retient la lumière
Un ciel sombre éclabousse nos chimères
Pour tous nos frères …
Une seule prière
La Vie
Nora Balile.
Entretien réalisé par Amar BENHAMOUCHE