Mohand Taferka sera libéré le 15 novembre

Mohand Taferka, de son vrai nom Barache Mohand Akli, défenseur de la culture kabyle et figure de la diaspora kabyle en France, retrouvera la liberté le 15 novembre 2024, après un an d’incarcération. Âgé de 75 ans et souffrant de maladies chroniques, Taferka a été condamné à une peine réduite de un an de prison ferme et à une amende de 50 000 dinars algériens pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », malgré des accusations plus graves et des peines beaucoup plus lourdes initialement requises par le ministère public.

Une condamnation réduite malgré une demande de 15 ans de réclusion

Le procès de Mohand Taferka s’est tenu en appel le 28 octobre 2024 au tribunal criminel de Ruisseau, à Alger, où il était jugé pour des accusations de nature politique. En première instance, il avait écopé d’une peine de deux ans de prison ferme. Cette sentence a été réduite en appel à une peine d’un an d’emprisonnement, assortie d’une amende de 50 000 DA. En revanche, la demande de l’Agent judiciaire du Trésor (AJT) pour un dédommagement de cinq millions de dinars a été rejetée. Me Fetta Sadat, l’avocate de Taferka, a exprimé son soulagement face à cette réduction de peine, qui permet à son client d’être libérable à la mi-novembre.

Initialement, le procureur avait requis une peine sévère de 15 ans de réclusion contre le militant, l’accusant d’atteinte à l’intégrité du territoire national et d’appartenance à une entité terroriste. Cependant, le tribunal l’a acquitté de l’accusation de terrorisme, fondée sur son prétendu soutien au Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation classée arbitrairement comme terroriste par le régime algérien en mai 2021.

Un militant kabyle persécuté pour ses idées

Mohand Taferka est bien plus qu’un détenu ; il est devenu un symbole de la résistance kabyle face à un pouvoir centralisé qui cherche à étouffer toute revendication identitaire. Son arrestation initiale, survenue le 27 avril 2023, alors qu’il s’apprêtait à quitter l’Algérie pour rejoindre Marseille via le port d’Alger, avait déjà soulevé de nombreuses critiques. Interpellé par la police aux frontières (PAF) et conduit au commissariat de Saoula, il a été interrogé pendant de longues heures par la brigade chargée de la lutte contre le crime organisé. Accusé de terrorisme, il fut d’abord libéré sous une interdiction de sortie du territoire national (ISTN) avant d’être finalement placé sous mandat de dépôt le 15 novembre 2023, à la prison de Koléa.

Malgré son âge avancé et son état de santé fragile, les demandes de liberté conditionnelle pour raison médicale ont toutes été rejetées, témoignant de la rigueur de la justice algérienne envers les militants kabyles.

Un verdict qui révèle les enjeux politiques en Algérie

Cette affaire illustre les tensions persistantes entre le pouvoir algérien et la Kabylie, un pays qui revendique son droit à l’autodétermination et sa liberté culturelle. Pour les autorités algériennes, toute action ou soutien supposé à des mouvements autonomistes comme le MAK est perçu comme une menace à l’intégrité nationale. L’accusation d’« atteinte à l’intégrité du territoire » est ainsi régulièrement utilisée contre les activistes et intellectuels kabyles pour les contraindre au silence.

La libération de Mohand aferka marque un tournant dans cette affaire, mais elle reflète aussi les limites d’un système judiciaire souvent instrumentalisé pour réprimer les voix dissidentes. La peine réduite obtenue en appel, bien que positive pour Taferka, ne masque pas la sévérité des charges initialement retenues contre lui ni la volonté des autorités d’infliger des peines exemplaires aux défenseurs de la cause kabyle.

Une lueur d’espoir pour la communauté kabyle

Pour la communauté kabyle, cette libération prochaine est à la fois un soulagement et une source d’inspiration. Malgré l’adversité, Mohand Taferka a incarné la résistance et la détermination à défendre l’identité kabyle face aux pressions. Son engagement, bien que coûteux personnellement, a permis de braquer les projecteurs internationaux sur les enjeux de liberté et d’autonomie en Kabylie.

Le militant ne sortira pas seulement de prison, il retrouvera également son engagement au sein de sa communauté avec une crédibilité renforcée et un soutien accru. Pour de nombreux Kabyles et sympathisants de la cause identitaire, la libération de Mohand Taferka est un rappel que la quête de liberté continue et qu’elle repose sur l’esprit indomptable de ceux qui, comme lui, défendent les droits de leur peuple.

Rédaction Kabyle.com
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