Les grands bâtiments historiques de la Kabylie à restaurer

GRAND HÔPITAL MILITAIRE DE LA RÉGION III HISTORIQUE (VILLAGE EL MECHTA)
POUR LA RESTAURATION ET LA VALORISATION D’UN MONUMENT OUBLIÉ

Perché sur les hauteurs verdoyantes du Djurdjura, le village El Mechta, commune Ighram, nous trace un sentier vers le sanctuaire de la gloire. Un sanctuaire, d’une valeur inestimable, bâti et protégé par des hommes et des femmes qui ont mené, avec témérité, la lutte anticoloniale et anti-impérialiste.

Les maisons de Zeggane Mohand Tahar et Mekhbous Mohand Cherif ont servi la révolution de 1954-62 comme centres hospitaliers. C’est le plus grand hôpital militaire de la région III historique. Beaucoup de personnes se souviennent de ces moments comme Messaad Zeggane, la fille du martyr Zeggane Mohand Tahar, qui a mis sa maison à la disposition des révolutionnaires. Elle nous conte minutieusement ces moments très marquants de sa vie :  » j’étais une très jeune fille à cette époque de la guerre. La pauvreté et la misère nous entouraient. Mais c’était surtout la mort qui nous guettait et qui prenait les meilleurs de nos hommes et de nos femmes. Je me souviens de ces visages, et surtout de ces belles et audacieuses infirmières, qui étaient aux chevets des blessé (e)s. Le temps passe vite et les sacrifices de tous ces hommes et toutes ces femmes sont partis en fumé ». La génération de la guerre est marquée par ces moments révolutionnaires dont les gens ont partagé l’angoisse de la mort, mais aussi l’espoir d’un avenir lumineux. Sur les murs de ces deux maisons, nous apercevons les traces du Colonel Amirouche, de Muhand Oulhadj et de ces hommes et femmes qui ont cru à la liberté.

Depuis 1962, le régime algérien s’est attaqué à l’Histoire, il a fait de l’école et des médias des instruments d’aliénation. La psychose et l’aliénation ont été institutionnalisées. Le peuple a sombré dans le déni. Au moment où les plus sincères se battaient contre le colonialisme dans le maquis, la bourgeoisie planifiait l’après-guerre ! Les responsables algériens ont caché la vérité au peuple et se sont drapés un costume de héros pour avoir la légitimité historique. La résurgence d’un régime cynique, obsédé par le pouvoir, dont le peuple est la seule victime. L’unique intérêt de la bourgeoisie nationale est d’assurer son trône et de le maintenir à l’éternité.

Le monument historique du village El Mechta est un exemple de cette politique odieuse. L’Histoire est aux yeux de ces personnages fallacieux, un élément qui dérange. Le temps est venu, pour que les habitants du village El Mechta, qu’ils prennent conscience de l’importance de ce monument historique et de sa symbolique révolutionnaire. On aurait aimé voir ce lieu se transformer en musée sans, bien sûr, attendre l’aide et l’intervention de l’Etat, symbole d’asservissement des peuples et de la continuité coloniale. La révolution est l’œuvre du peuple des femmes, des jeunes, des travailleur-se-s  , etc.  C’est à eux que revient la tâche de restaurer et de gérer ce monument. La révolution, c’est le renversement de l’ordre établi et elle sera menée par des hommes et des femmes qui sont sur les pas des communards et des camarades de la colonne Durutti.

AMAR BENHAMOUCHE

Amar Benhamouche
Amar Benhamouche
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2 commentaires

  1. Un beau témoignage pour l’histoire qui comme le rappelle la fille du martyr Zeggane Mohand Tahar,.
     » La génération de la guerre est marquée par ces moments révolutionnaires dont les gens ont partagé l’angoisse de la mort, mais aussi l’espoir d’un avenir lumineux ».
    L’espoir de l’avenir,
    hélas il a viré au cauchemar pendant que les ex camarade patriotes post indépendance qui au lieu de continue le combat de leurs frères de luttes morts pour la libération du peuple ,ils ont fait le choix de contribuer à assoir le pouvoir colonial bis arabomuz et profiter de la rente. Trop de lâcheté a eu raison du noble combat des morts et du sang versé,pour rien ,car leurs compagnons ont abdiqué pour s’inscrire dans celui de la bourgeoisie.
    Les kabyles qui disent « qu’allons-nous manger » ,qui s’accrochent à l’Algérie coloniale des enfants à qui de GAULLE le filou à remis les clef de ce pays doivent comprendre comme le rapporte l’auteur de ce texte que leurs ainés ont pris les ARMES avant tout pour se libérer et il va de soi que pour le faire ont doit libérer le pays. Les kabyles n’ont d’autres choix que de sec prendre en charge s’ils veulent être libres.
    Rappel de l’auteur :
    « L’auteur indique que le but de ses recherche est d’une part de préciser les luttes des Kabyles (Zouaoua) pour défendre leurs libertés et d’autre part de fixer les faits historiques relatifs à l’indépendance Kabyle.

  2. Pour empêcher la dépersonnalisation que des Kabyles par le pouvoir il nous faut en effet sauver les témoins de notre Histoire. Non seulement il faut sauver les constructions historiques, il faut également aux Kabyles s’approprier leur Histoire à travers les ouvrages des Grands Hommes Kabyles. A ce propos, je vous donne ci-dessous un petit paragraphe extrait de l’ouvrage de l’enseignant universitaire Boulifa écrit en 1925 et intitulé : Le Dujrdjura à travers l’Histoire-organisation et indépendance en espérant attiser l’intérêt des lecteurs pour cet ouvrage. Il est indiqué sur la couverture du livre que l’auteur Bouifa était chargé du cours de Langue Berbère à la Faculté des Lettres d’Alger et à l’Ecole Normale de Bouzaréa. L’ouvrage est accessible en ligne gratuitement suer le site de la Bibliothèque Nationale Française BNF : gallica.bnf.fr. Il rappelle que la Kabylie a toujours été indépendante jusqu’à 1857 ! L’auteur indique que le but de ses recherche est d’une part de préciser les luttes des Kabyles (Zouaoua) pour défendre leur libertés et d’autre part de fixer les faits historiques relatifs à l’indépendance Kabyle. Voici donc le paragraphe en question :

    « De l’Est comme de l’Ouest, des tentatives de conquêtes ont été, certes maintes fois exercées contre le Djurdjura, mais la résistance opiniâtre de ses habitants empêcha l’étranger envahisseur d’y prendre pied et d’y imposer ses volontés et ses lois. Jusqu’à 1857, ce Djurdjura a vécu libre et indépendant.
    Préciser les luttes que les Zouaoua soutinrent pour défendre leurs libertés sociales et politiques, dégager et fixer les principaux faits historiques relatifs à l’indépendance kabyle toujours animée et maintenue par un idéal démocratique, tel est le but de nos recherches. »

    Ce petit paragraphe va encourager les indépendantistes et peut être ouvrir les yeux à ceux qui sont endormis. L’ouvrage mérite d’être connu et lu de tous les militants.

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