La Kabylie et le « Hirak » !

La contestation a commencé à Kherata, bourgade kabyle à l’est de Vgayet avant de devenir un mouvement de masse qui touche toutes les villes d’Algérie.

Revenant en arrière, c’est évidemment la Kabylie qui a entamé le refus de Bouteflika en boycottant sa première élection en 1999 et en le rejetant avec force en 2001 quand il a ordonné de tirer à balles réelles sur des manifestants. C’était le Printemps noir.

Aujourd’hui, comme une boite de pandore qui s’ouvre et voilà que tous les Algériens deviennent, et tant mieux, des contestataires au régime et à son armée.

Des signes inquiétants, malgré la mobilisation pacifique, apparaissent. Le refus du drapeau amazighe dans un premier temps, la fermeture des routes menant de Kabylie à Alger et maintenant l’imposition d’une empreinte idéologique arabo-musulmane à la mobilisation.

Il ne s’agit pas seulement de drapeau palestinien brandi ça et là ni des discours orientés et orientalistes d’une mégère députée en mal de reconnaissance ou d’un islamiste londonien mais surtout des éléments du langage utilisés par les différents protagonistes.

Il est évident ou même attendu que des Soltani et des Louisa soient chahutés voire lynchés par les foules, eux qui étaient les béquilles du régime Bouteflika pendant 20 ans. 

Mais que des pancartes glorifient novembre et refusant la Soummam, que Abassi soit célébré et Ferhat diabolisé (or ni l’un ni l’autre ne faisant partie du pouvoir), que Karim Tabou fasse son discours en arabe à Tuvirets et Bouchachi dans la même langue à Vgayet, que des militants kabyles soient arrêtés, que Rebrab soit arrêté (alors qu’il n’a jamais été impliqué dans des détournements d’argent public), cela indique clairement la tournure parfois populiste et dangereuse que prend la contestation.

Le caractère anti-kabyle sur lequel s’est bâti le mouvement national algérien a débouché sur une dictature arabo-musulmane nasserienne égale à la colonisation.

Allons-nous assister à une nouvelle Algérie post-dictature mais toujours négationniste et raciste ? 

Dans ce cas là, une dislocation du pays serait inévitable car la Kabylie ne se soumettra plus jamais à une idéologie mortifère qui a assassiné ses leaders, nié sa culture et massacré ses enfants pendant 57 ans sur son propre territoire.

Ahviv Mekdam

Ahviv Mekdam
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