La civilisation pharaonique serait-elle d’origine amazighe ? 

Dans une des déclarations choquantes, le grand égyptologue égyptien Zawi Hawass affirmait que les Égyptiens ne sont ni Arabes ni Africains. Nous pouvons parfaitement partager son avis personnel par rapport au fait que les Egyptiens ne sont plus des Arabes, cependant, Africains ils le sont bel et bien. De ce fait, nous pourront même aventurer à affirmer qu’ils sont plutôt d’origine Amazighe. Comment ?

L’un des premiers arguments qui m’ont poussé à y réfléchir c’est cette ancienne question que je me suis posée durant la décennie des années quatre-vingt, lorsque j’étais étudiant à l’université de Bordeaux II, et lorsque j’ai eu l’occasion de lire les études du fameux anthropologue Gabriel Camps, et plus concrètement son livre sur « aux origines de la Berbérie: monuments et rites funéraires protohistoriques ». Et ce qui m’a surpris le plus c’est de découvrir l’existence de petites pyramides en Algérie … Alors, je me suis posé cette question est ce que les grandes pyramides d’Egypte comme celles de Giza ne seraient-ils pas œuvres des artisans du peuple amazighe qui a les construites en Afrique du Nord et lors de ses déplacements de l’ouest vers l’est, à cause de la désertification du Grand Sahara, en évoluant des constructions très comme les tumulus, très abondants au Sahara marocain et au Sud-est, vers des constructions plus élaborés comme les 13 pyramides de Tousnina de la wilaya de Tiaret ou les pyramides marocaines de Ghires à Goulmima et ainsi de suite jusqu’à ce que les Amazighes construisent la civilisation pharaoniques et bâtissent de colossales monuments funéraires !!!

Mais les preuves les plus tangibles vont venir par la suite par la lecture de trois publications qui confirment, non pas cette probable origine amazighe des pharaons sinon la certitude comme quoi Egyptiens sont apparentés aux Amazighs.

La première preuve c’est la publication par l’Université Complutense de Madrid en 2011 de l’œuvre de mon ami Dr. Antonio Arnaiz Villena, avec son compagnon Jorge Alonso Garcia intitulé « Egipcios, Bereberes, Guanches y Vascos ». Ces auteurs avancent les preuves de l’anthropologie génétique comme quoi : « l’étude génétique des Egyptiens (basé sur les gènes HLA) et sa comparaison avec les autres peuples méditerranéens les situent dans un groupe majoritaire ancien qui inclut les Egyptiens, les juifs, les Crétois, les Marocains, Algériens, Italiens, Espagnols et Basques, qui ont eu des contacts génétiques et des flux culturels durant une très large période ».

La deuxième publication est de mon amie l’américaine Helene E. Hagan qui a eu l’amabilité de m’envoyer son livre « The Shining ones ; an etymological essay on the Amazigh roots of Egyptian civilization » publié en 2000 aux USA et où elle avance que à propos des racines amazighes de la culture égyptienne que : « Le XXe siècle a été témoin d’une découverte progressive d’informations projetant peu à peu l’histoire de la civilisation égyptienne plus loin dans le temps. Les premières populations de la vallée du Nil sont mieux documentées à l’heure actuelle qu’elles ne l’étaient il y a quelques décennies, et davantage d’informations sont également disponibles sur le complexe des oasis du désert occidental. On pensait à une époque antérieure que les plusieurs dynasties de pharaons, qui ont régné pendant environ deux millénaires, constituaient l’étendue de la civilisation égyptienne. Les estimations actuelles sont différentes, reconnaissant que l’ère du royaume était enracinée dans une culture antérieure du temps archaïque, au cours de laquelle les fondations du royaume égyptien ont été posées. Cette période prédynastique ou archaïque (5 000 à 3 000 avant J.-C.) n’a pas livré tous ses mystères. C’est l’objet de cette enquête, dont le but est de donner une nouvelle direction à des recherches déjà existantes pour la plupart, les recherches historiques et archéologiques ont été menées par des chercheurs traditionnels, imprégnés d’une conception spécifique de la civilisation et de l’histoire comme ayant ses racines dans la Grèce antique, sous-estimant les informations culturelles et linguistiques amazighes marginalisées qui auraient pu fournir des informations importantes sur les origines des régions occidentales de l’Égypte et un récit plus précis du passé de la région » et elle conclut sa modeste étude par cette réflexion : « J’avais une vague connaissance préalable que le territoire libyen s’étendait jusqu’au Nil à un moment donné, et que la langue amazighe et la langue égyptienne avaient certaines similitudes et appartenaient toutes deux à ce que les érudits classaient comme une famille de langues hamitiques. Je ne savais pas que, pas à pas, je rencontrerais tant de rapprochements, tant d’indices et de racines communes profondes, une vaste panoplie d’informations étymologiques que je n’ai nullement épuisées”.

La troisième publication qui va renforcer la relation des Amazighs et des Egyptiens avec plus de détails et plus de profondeurs vient de la part de la chercheur algérienne Taklit Mebarek-Slaouti qui a publié un extraordinaire ouvrage intitulé « Les Amazighs en Egypte. Des temps les plus reculés aux dynasties Amazighes » et que le Haut Commissariat à l’Amazighité a eu l’amabilité de m’envoyer et où madame Slaouti met la lumière sur une très longue période historique des relations complexes politiques, sociales, commerciales et culturelles entre les populations amazighes anciennes de Libye, du Sahara et de l’Afrique du Nord avec l’Egypte pharaonique.

Cet ouvrage, en se basant des données archéologiques sahariens, atteste du l’étroit contact et de la profonde influence culturelle entre les deux civilisations, l’égyptienne et l’amazigh ancien, comme le reflètent les peintures rupestres du Tassili N Ajjer, dont certaines représentent des chars tirés par des chevaux, et qui sont similaires à ceux qui étaient utilisés en Egypte. Ainsi et en fin de compte, le char de guerre tiré par des chevaux égyptien est d’origine saharo-amazigh et elle ajoute que ces relations politiques et sociales étaient tellement profondes que les tribus Amazighes ont fini par former des dynasties pharaoniques entières qui ont régné pendant plusieurs siècles sur l’Egypte, dont celle de Cheshonq Ier.

Et c’est dans ce sens que dans mon étude sur les femmes amazighes dans l’histoire, j’ai souligné qu’une des questions qui se posent avec acuité c’est celle de savoir si les reines égyptiennes, comme Nefertiti ou Cléopatre, ont elles des relations avec les femmes amazighes anciennes, du fait qu’elles partageaient l’ordre matriarcal, et où j’ai répondu par l’affirmative du fait que dernièrement des chercheurs s’alignent de plus en plus sur la conviction de l’idée que la grande civilisation pharaonique est d’origine amazighe. Les belles femmes égyptiennes anciennes, vénérées et admirées, à l’époque où les grecs et les romains se surprenaient profondément de leurs rôles et de leurs pouvoirs, celles-ci gouvernaient, décidaient et géraient le pays à l’égal des hommes, à l’encontre de la misogynie des religions patriarcales de judaïsme, du christianisme, de l’islam et des civilisations gréco-romaines. La reine Merneith, Néférousobek, Hatchepsout, Taousert, Tyi, Néfertiti ou Cléopâtre, qu’elle soit la mère, la sœur ou la principale épouse du Pharaon détenait un rôle politique de premier ordre en gérant les affaires de l’État à côté de celui-ci ou/et durant son absence ou sa mort !

Rachid RAHA

Président de la Fondation David Montgomery Hart des Etudes Amazighes

Rédaction Kabyle.com
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2 commentaires

  1. After Siwa they are many Imazighen (In Cairio and Alexandia), but after Nil (or East of Nil), we found Coptes (Egyptians).

  2. To make it short; The imazighen are found from Siwa area to the canary and down to the Sahara desert, After Siwa there are no more Imazighen. After siwa we find Copts/Egyptians origin.

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