Kamira Nait Sid otage du régime algérien depuis un an

Le Congrès Mondial Amazigh adresse une lettre au chef de l’Etat algérien Abdemadjid Tebboune l’enjoignant de libérer Kamira Nait Sid ainsi que les centaines de prisonniers d’opinion détenus arbitrairement par le régime militaire. Ce jeudi 25 août à 14h, la diaspora kabyle en France organise un rassemblement devant l’assemblée nationale. Cette mobilisation vise à sensibiliser le Président français Emmanuel Macron en visite à Oran et Alger du 25 au 27 août. Un nouveau silence de sa part sur les violations des Droits Humains en Kabylie serait considéré comme une sorte de laisser-faire.

A Monsieur Abdemadjid Tebboune
Chef de l’État algérien
Alger, Algérie

Cela fait une douze mois, une année entière depuis que votre régime militaire détient injustement et sans jugement, Kamira Nait Sid, coprésidente de notre ONG, le Congrès Mondial Amazigh.

Comme vous le savez, le 1/04/2022, l’ONU, par la voix de son Groupe de Travail sur la détention arbitraire, a jugé que «l’arrestation et la détention de Mme Nait Sid sont dénuées de tout fondement juridique et sont arbitraires». Le Groupe de Travail a également estimé que Kamira Nait Sid a été «enlevée» et «séquestrée» par des agents de l’État algérien en violation de la Constitution et de tous les Accords internationaux ratifiés par l’Algérie.

En conclusion, l’ONU a enjoint à votre gouvernement de «procéder immédiatement et sans condition à la libération de Mme Nait Sid, arbitrairement privée de liberté depuis le 24 août 2021», et de réparer les préjudices qu’elle a subis, elle et sa famille.

Et comme vous le savez aussi, les trois cents Kabyles et les autres Amazighs, notamment des At-Mzab, actuellement en prison pour délit d’opinion, sont tous détenus de manière arbitraire, comme l’est Kamira Nait Sid. Ils sont des otages de votre régime. Ils doivent être libérés sans délai et indemnisés.

Mais malgré les condamnations et les injonctions internationales, votre gouvernement fait la sourde oreille.

Pire, vos services de répression (armée, police, justice) continuent de semer la terreur particulièrement en Kabylie, agissant avec une rare brutalité contre de paisibles citoyens. Pourquoi votre seule politique envers la Kabylie est de lui faire la guerre, elle qui a tant donné à l’Algérie? Comment le comprendre? Comment l’oublier? Comment pardonner?

Nous vous rappelons, M. Tebboune, que c’est sous votre responsabilité de chef de l’État que des crimes, des exactions, des injustices et d’indicibles souffrances sont infligés gratuitement à des femmes et à des hommes innocents, ainsi qu’à leurs mères, à leurs pères, à leurs épouses, à leurs maris, à leurs enfants, à leurs sœurs, à leurs frères, à leurs familles et à leurs amis. Un jour ou l’autre vous et tous les responsables de ce désastre, vous aurez à en rendre compte devant la justice internationale.

Et ne vous fiez pas aux gestes mielleux, ni aux tapis rouges qui peuvent vous être déroulés hypocritement en Italie, en France ou ailleurs. Cela n’est dû qu’au fait que vous détenez les clés des vannes du pétrole et du gaz de votre pays, devenus des denrées rares en ce moment.

La conjoncture actuelle vous est favorable, mais cela ne durera qu’un temps.

A moins que vous décidiez de mettre un terme immédiatement à votre système dictatorial et à tout mettre en œuvre pour instaurer la paix interne et externe. Cela passe d’abord par la libération de tous les détenus politiques et ensuite l’instauration d’un dialogue sincère avec les Amazighs et notamment les Kabyles qu’il faut cesser de traiter en ennemis de l’Algérie. Cela est dangereux et ne correspond pas à la réalité.

Le peuple Kabyle comme les autres Amazighs d’Algérie aspirent seulement à vivre libres, dans la dignité et en paix avec les autres.

Nous vous exhortons, M. Tebboune, à ne pas laisser les faucons aux galons artificiels et illégitimes vous imposer le maintien de ce système tyrannique, un des derniers au monde.

Ne laissez pas votre pays s’enfoncer dans le chaos et la désolation. Prenez des initiatives fortes pour restaurer la confiance, à
commencer par la libération immédiate des détenus politiques.

Veuillez agréer, Monsieur le chef de l’État algérien, nos salutations distinguées.
Paris, 24/08/2022
Le Bureau du CMA.

Rédaction Kabyle.com
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