Interview Saliha BACHIRI MISTOUTA

MISTOUTA – DANSES TRADITIONNELLES D’AFRIQUE DU NORD

« C’est parce que l’on ne connaît pas la danse berbère, y compris même le public d’Afrique du ord que nous avons voulu enseigner, développer la recherche. »

Saliha Bachiri a grandi à Nanterre avant de découvrir la danse kabyle à l’âge de 14 ans au cours d’un voyage en Algérie, le pays de ses origines. Elle fonde dans sa ville des Hauts de Seine (Paris) l’association MISTOUTA en 1987. C’est pour elle et celles qui l’on rejoint un moyen de faire connaître l’histoire du peuple d’Afrique du Nord dans son authenticité, sa sensualité et sa gestuelle.

KABYLE.COM : Qu’est-ce qui vous a amené à créer l’association MISTOUTA?

Mistouta : Le nom MISTOUTA vient de la racine MSTOUT qui veut dire les commères au Maghreb. L’association existe depuis 1987 et a une certain vécu. C’est parce que l’on ne connait pas la danse berbère, y compris même le public d’Afrique du Nord que nous avons voulu enseigner, développer la recherche.

La recherche est-elle conciliable avec la danse traditionnelle?

Il s’agit d’une recherche dans le sens anthropologique. La publication d’ouvrages est l’un de nos principaux buts. On manque aujourd’hui d’écrits sur la danse berbère et ce que l’on trouve concerne surtout la danse orientale.

A ce propos s’agissant d’orientalité, ne pensez-vous pas que l’on a tendance à faire l’amalgame entre danses nord africaines et celles du Moyen Orient?

Il existe un problème identitaire au sein de la communauté maghrébine à la recherche de repères historiques. Certes, il y a eu l’influence orientale qui s’est manifestée dans l’évolution corporelle. Mais notre identité c’est un brassage de tout çà : de notre culture local et les apports. Il convient de remettre les pendules à l’heure par un vocabulaire corporel, dansé

On vous a vu danser aujourd’hui à la FNAC avec plusieurs costumes selon les musiques. Existe-t’il plusieurs danses et des costumes appropriés, même au sein de la Kabylie?

Chez nous chaque costume correspond à une région qui elle même a sa propre gestuelle. Mais les danses traditionnelles évoluent elles aussi dans le temps voire même en quelques décennies. On compte par exemple la danse algéroise, chleuh au Maroc, kabyle. Aujourd’hui la danse kabyle s’est faîte au profil de la Grande Kabylie en privilégiant les fesses. La fouta (tissu) se met sur les hanches dans la Haute Kabylie. Autrefois à Bougie en dansait autant avec le ventre. Mais rien n’est figé, on est dans le domaine de la danse, çà bouge. Pour nous la technicité est importante. Ce qui se transmettait par mimétisme nous essayons de l’amener aussi de manière académique, dans un autre contexte, dans une salle de danse. Les danses maghrébines peuvent être complémentaires de la danse contemporaine.

Entretien réalisé par Stéphane ARRAMI le 15 janvier 1999

L’ASSOCIATION MISTOUTA

Association loi 1901 dont le but est la promotion, la recherche et l’enseignement des Danses Traditionnelles d’Afrique du Nord

3, allée Fernand Léger 92000 NANTERRE

Membre du Congrès Mondial Amazigh

Membre de TRADDAMUS (Union des Associations des Musiques et danses traditionnelles des Hauts de Seine)

L’association propose différentes actions autour de la danse.

Professeur : Saliha BACHIRI

  • Stages de Danses Traditionnelles d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) tous niveaux
  • Stages de danses traditionnelles flamenco sévillane
  • Stages de chant kabyle -stages de danse contemporaine
  • Stages de danse contemporaine -des week-end de danse en Province -des stages de percussions d’Afrique du Nord
  • Création en cours d’un Spectacle de Danse anthropologie des Danses Traditionnelles d’Afrique du Nord
  • Exposition photos itinérantes d’Algérie (photographe Mahfoud Yanat)