Interview de Mohamed CHAMI, archiviste de la chanson kabyle

A notre connaissance, il est le seul archiviste de la chanson kabyle, il compte à son actif, des milliers d’articles, de documents, de photos, de cassettes et autres disques, concernant tous les chanteurs et chanteuses kabyles, il ne demande qu’à ce que tout ce qu’il possède soit exploité et bien pris en charge pour sa protection.

Kabyle.com : Présentez-vous aux lecteurs de Kabyle.com ?

Mohamed CHAMI : Je m’appelle Mohamed CHAMI, né en 1959 à Taourirt Mimoun (Ath Yanni à Tizi Ouzou), je suis archiviste (de passion) de la chanson kabyle. Côté vie professionnelle et privée, je suis fonctionnaire, marié et père de quatre enfants.

D’où vous est venue l’idée de devenir archiviste de la chanson kabyle ?

C’est grâce à la Chaîne II, j’avoue qu’elle a été d’un appui considérable, car dès mon jeune âge, vers les années 60, j’écoutais tous les genres de musique. Ca allait, entre autres, de Iguerbouchène, Chérif Kheddam, Nouara, jusqu’à Mohand Rachid etc.

C’est grâce aux différentes émissions diffusées par cette radio que j’ai commencé mes travaux de recherche et pu faire la connaissance de plusieurs personnalité du monde artistique avec ma participation à certaines d’entre-elles.

Depuis quand vous êtes-vous investis dans ce domaine ?

Il y a exactement 33 ans, depuis 1972 !

Quel intérêt tirez-vous de votre statut unique, car à notre connaissance, il n’y en a pas d’autres archivistes de la chanson kabyle ?

Je suis en phase de devenir une référence en la matière, plein de monde me sollicite pour des besoins de documentation se référant à la chanson kabyle, aussi, j’entretien plusieurs correspondances avec différentes artistes.

Pouvez-vous nous donner une idée, en chiffre, de l’importance de la documentation que vous possédez sur la chanson kabyle ?

Je possède, actuellement, plus de 6 000 articles de presse, 400 disques (entre 33 tours, 78 tours et 45 tours), des centaines de cassettes audio et vidéo, une centaine de CD-ROM, des dizaines de posters et une multitude de correspondance avec des chanteurs vivants et disparus.

Il vous faut donc un énorme espace pour ranger tout ça, comment vous en sortez-vous ?

Aujourd’hui, le plus gros est rangé dans ma chambre à coucher et un peu partout dans ma maison, il faut dire qu’elle ressemble, de plus en plus à un véritable musée de la chanson kabyle qui manque d’espace et d’air !

Cette abondance de documents suppose-t-elle l’existence de documents inédits, dont vous êtes l’unique propriétaire ?

Effectivement, j’ai, en ma possession, plusieurs photos, des articles, des cassettes et des disques quasiment inédits, du moins, qu’on peut rarement trouver. Il faut dire, aussi, que j’ai quelques photos que les artistes photographiés, eux-mêmes, ne possèdent pas !

Pensez-vous qu’il y a des choses qui manquent encore à vos archives ?

Mais bien sûr ! On ne peut jamais être complet dans ce domaine. Mais paradoxalement, ce n’est pas ce qui me manque comme archive qui me préoccupe le plus actuellement, c’est, plutôt, la nécessité de trouver comment protéger et mettre à l’abri ce que je possède déjà.

La meilleure solution est, selon moi, la création d’un musée de la chanson kabyle. J’y crois dur comme fer, mais pour y arriver, il faut que toutes les chanteuses et chanteurs kabyles, ainsi que les institutions concernées et les associations, s’y associent. Je profite de cette occasion pour leur lancer un appel dans ce sens !

Les artistes kabyles, sont les premiers concernés, par ce projet, et le meilleur moyen de récolter des fonds, chez nous, est et reste l’organisation de galas, donc, la voilà votre solution, non ?

Oui, mais il faut de grands moyens, l’organisation de grands galas avec beaucoup de chanteurs nécessite une énorme organisation, en plus, pour limiter la bureaucratie, le mieux serait de passer par un organisme officiel.

Plusieurs associations font appel à vous et à vos archives pour l’organisation de manifestation culturelles, comment ça se passe en réalité ? Payent-elles une cotisation ?

Je travaille et je mets à la disposition des associations tout ce que je possède comme archives à caractère bénévole.

Connaissant votre dynamisme, vos projets ne se limitent pas au musée de la chanson kabyle, quels sont vos autres projets en préparation ?

J’attends des propositions pour la réalisation d’un site web dédié, exclusivement à la chanson kabyle.

Entretien et transcription : Djamel BEGGAZ