Hommage à Mourad ITIM, une vie dédiée à la Kabylie

C’est avec une profonde tristesse que la communauté kabyle, éparpillée à travers le monde, apprend le décès de Mourad ITIM, figure emblématique de la lutte pour l’autodétermination de la Kabylie. Militant infatigable, frère et compagnon de combat de Ferhat Mhenni, ancien parlementaire kabyle et cadre historique du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), il s’est éteint ce jour des suites d’une maladie foudroyante, contre laquelle il luttait depuis son hospitalisation à Montréal en septembre 2024. Il avait 58 ans.

Condamné à mort par contumace par le régime d’apartheid algérien

Mourad ITIM incarnait la résistance kabyle dans son essence la plus pure. Condamné à mort par contumace par le régime algérien pour son engagement en faveur de l’indépendance de la Kabylie, il n’a jamais renié ses convictions. Membre actif du Gouvernement provisoire kabyle (Anavad) et de l’Instance internationale de vigilance sur la Kabylie (IMNI), il fut l’un des rares élus à n’avoir « jamais séché une séance », selon les mots de Ferhat Mhenni, son frère de lutte.

Dans une déclaration poignante, ce dernier a rendu hommage à son héritage :

« Mourad ITIM rejoint la constellation des hommes qui éclairent le chemin des libérateurs des peuples. Il est parti avec la certitude que la Kabylie retrouvera, tôt ou tard, son indépendance. Son courage, son intégrité et son amour pour notre terre sacrée resteront un phare pour les générations futures. »

La question douloureuse de sa dernière demeure

Selon ses dernières volontés, Mourad ITIM souhaitait reposer au cimetière de son village natal, aux côtés de son père et de ses ancêtres, dans les montagnes de Kabylie. Cependant, cette demande soulève une inquiétude collective : les autorités algériennes permettront-elles le rapatriement de sa dépouille, ou reproduiront-elles le scénario tragique vécu avec Frawsen, militant décédé en France en décembre 2022, dont le corps n’a été autorisé à entrer en Algérie que 54 jours après sa mort ?

Cette situation rappelle les méthodes de pression du régime algérien, qui instrumentalise jusqu’à la mort ses opposants, transformant les deuils familiaux en enjeux politiques. La Kabylie retient son souffle, espérant que les droits les plus élémentaires – celui de se recueillir sur une tombe – ne seront pas une fois de plus bafoués.

Un héritage indélébile

Mourad ITIM laisse derrière lui une famille meurtrie, une nation kabyle en deuil, et des militants déterminés à poursuivre son combat. À sa femme, ses enfants, et à l’ensemble de ses proches, des milliers de voix à travers le monde adressent aujourd’hui leurs condoléances les plus sincères.

Le MAK, l’IMNI et l’Anavad ont déjà annoncé leur intention d’honorer sa mémoire par des hommages publics et des initiatives pérennes. « Son nom rejoindra ceux des martyrs qui ont offert leur vie pour que la Kabylie respire librement », a affirmé un responsable du mouvement.

Alors que les lumières de la Kabylie perdent l’une de leurs étoiles les plus brillantes, une certitude demeure : Mourad ITIM, comme tous les héros tombés avant lui, ne sera jamais oublié. Son combat, porté par des milliers de voix, continuera de résonner jusqu’à l’aube de la liberté.

En ces heures sombres, la communauté internationale est appelée à observer la réponse d’Alger : laisseront-ils un fils de la Kabylie reposer en paix sur sa terre, ou ajouteront-ils une nouvelle blessure à un peuple déjà meurtri ?

Rédaction Kabyle.com
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