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Hocine Kaïs, l’artiste aux dons multiples
Hocine Kais, fait partie de la génération qui a contribué à montrer la voie vers les arts pour une jeunesse kabyle douée en quête de référence et d’inspiration. Artiste peintre, chanteur compositeur et interprète, titulaire aussi d’un diplôme d’ingénieur agronome obtenu en 1984. Hocine Kaïs a pu montrer à travers son propre exemple, notamment à une époque où l’art et les artistes se battaient contre le vent et marrés pour s’effrayer une place dans une société pas très portée sur le domaine de la culture, que la réussite dans les études ne peut être compromise par les conditions non avantageuses pour un enfant orphelin de l’après-guerre et encore moins par l’intérêt et le penchant que pourrait avoir un jeune pour l’art, il a su brillamment conjuguer ses passions et les études.
Né en 1959 dans les hauteurs de la Kabylie, au village Mezeguene précisément dans la commune Illoula Oumalou, orphelin de père décédé au champ d’honneur en avril 1961, il effectue ses études primaires au village Agoussime avant de se rendre à Azazga pour poursuivre ses études moyennes et secondaires. Après avoir décroché son baccalauréat, il intègre l’Institut de Technologie Agronomique de Mostaganem dans le ouest algérien où il obtient son ingéniorat en 1984.
Dès son jeune âge, l’artiste en herbe qu’il était, essayait de trouver un équilibre harmonieux entre les études qui lui tiennent à cœur pour assurer son avenir et améliorer les conditions sociales de sa famille et une passion pour le dessin et la chanson qui nourrit son âme.
Comme tout jeune artiste, Hocine Kaïs puisait de son environnement immédiat et de son vécu pour composer ses œuvres, dans une de ses peintures, il représentait un jeune homme dans sa chambre assis sur son lit avec une lettre à la main et une guitare posée juste à ses côtés comme si elle attendait son tour de se retrouver dans les mains de ce jeune concentré sur la lecture, n’est- ce pas là une belle manière de raconter sa propre histoire sans faire appel aux mots mais en usant seulement du langage muet comme la peinture ?
L’omniprésence de la femme dans ses dessins et peintures est sans doute un hommage à la femme Kabyle en générale et à sa mère en particulier qu’il considère comme sa principale source d’inspiration. L’orphelin qui n’a pas connu son père, a su mettre en avant dans ses peintures le rôle d’une femme qui devait à la fois accomplir sa mission de mère et qui endosse le rôle d’un père absent en faisant aussi les tâches qui incombent à l’homme.
La Kabylie comme terre natale a bien inspiré l’artiste peintre dès son jeune âge, des scènes de vie villageoise étaient un des sujets traités dans plusieurs de ses toiles dans un style qui lui est particulier où il joue sur l’effet de transparence de ses teintes pour suggérer des silhouettes et des personnages qui se transposent et qui se fondent avec un arrière-plan tout en restant visibles.
Ce choix d’expression n’est pas naïf, il est construit sur la démarche philosophique de l’artiste qu’il justifie par son désir de montrer l’intime symbiose entre l’être humain et son environnement naturel en insistant sur la transparence de l’un par rapport à l’autre.
Dans le domaine de la chanson, l’artiste a composé et interprété plusieurs chansons pendant sa vie estudiantine. Au milieux des années 80, il enregistre un album, ’Tabrats n beṭṭu’’ qu’il a fait sortir sur le compte d’auteur avec l’édition Djurdjura Music, toute une génération de sa région natale, notamment les jeunes qui qui ont eu l’occasion d’assister à ses spectacles, marquée par le succès du titre Awah Awah qui figure dans cet album.
Entré dans la vie active, Hocine Kaïs s’installe définitivement à Mostaganem, la ville où il a suivi ses études supérieures, sans pour autant couper le lien avec sa Kabylie natale. Plusieurs expositions ont été consacrées aux peintures de l’artiste autodidacte, l’une d’entre elles a eu lieu au palais de la culture à Oran en septembre 1994. Dans la même année, l’artiste décroche le deuxième prix du concours consacré aux arts plastiques organisé par le musée National Ahmed Zabana à Oran.
Dans les années 80 jusqu’à la fin des années 90, on peut dire que le nombre d’artistes peintres en Kabylie se comptait sur les doigts d’une main, cela mous permet de considérer Hocine Kaïs, tous comme les artistes de sa génération, Arezki Larbi, Rachid Tighilt, Hocine Haroune, et les autres, comme précurseurs ayant ouvert la voie dans le domaine des arts plastiques pour la jeunesse kabyle.
L’artiste est resté discret et loin des feux de la rampe malgré la qualité de ses œuvres picturales ou musicales, il reconnaît que le parcours d’un artiste est souvent semé d’embûches et d’imprévu, on sait comment il commence mais on, ne sait pas comment il termine ajoute Hocine Kaïs .Cela ne veut pas dire non plus que l’artiste a cessé de produire depuis son absence sur la scène, il compte à ce jour un répertoire d’une soixantaine de chansons qui sont prêtes à enregistrer et plus de 80 toiles dans sa collection de peintre.
L’artiste comme être humain, peut effectivement céder et parfois abandonner sous l’effet de la contrainte que pourrait imposer la vie par toutes ses dimensions, mais l’œuvre quand est-elle bien accomplie, comme celle Hocine Kaïs, elle résistera car elle est intemporelle, il suffira d’un déclic et d’une petite étincelle pour qu’une flamme soit à nouveau rallumée et voir enfin les œuvres de l’artiste briller sur la scène.
Retrouvez prochainement l’entretient accordée par Hocine Kaïs pour Kabyle.com
Lyazid Chikdene pour Kabyle.com
19/09/2022