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Histoire des Kabyles de France
Jusqu’au début du 20ème siècle la présence kabyle en France était très restreinte. Les premiers mouvements migratoires résultent des dépossessions des terres par la colonisation, mais sont principalement la conséquence du développement de l’économie industrielle et de la démographie débordante en Kabylie.
Une présence plus que centenaire
La première émigration remonte à la campagne de Madagascar (1894-1895). A cette époque, les « convoyeurs kabyles » accompagnaient le va et vient continuel des bateaux qui opéraient des transferts massifs de bovins et de chevaux ». « C’étaient des conducteurs de bestiaux, qui restaient à Marseille après avoir laissé les animaux qu’ils étaient chargés de conduire, ou quelques colporteurs, attirés par les grandes expositions internationales, qui parcouraient ensuite la Métropole, principalement les villes d’eau, pour écouler une pacotilles plus ou moins importants » selon un rapport de la commission chargée d’étudier les conditions de travail des indigènes algériens dans la métropole en 1914.
L’une des causes de cette immigration kabyle fut tout d’abord le résultat de sa perte de souveraineté avec les expropriations massives des terres kabyles en 1871. « En 1876 on estime à 7000 personnes le nombre de Kabyles réfugiés en Tunisie. L’exode kabyle vers la Tunisie ne fut qu’une étape. » La France deviendra la terre d’accueil de ces rescapés qu’elle a elle même conduit à la fuite. De nombreux Kabyles furent déportés vers la Syrie, les bagnes de Cayenne et de Nouvelle Calédonie. Le Gouverneur Général d’Algérie envisagea même une déportation massive vers Madagascar.
Cette migration de l’exil s’ajouta à celle qui était constituée par les contigents de l’armée coloniale. L’aristocratie guerrière kabyle qui fournissait des soldats aux Turcs avant 1830 entra au service de la France dès le milieu du 19ème siècle. Les bataillons de fantassins appelés les Zouaves (du mot Kabyle Agawa Zwawa) se sont illustrés par leur bravoure notamment lors de la guerre de Crimée. C’est en hommage à cette victoire qu’a été réalisé le Zouave du pont d’Alma sur la Seine à Paris.
Histoire d’une communauté
Au début du XXe siècle, le besoin de main d’oeuvre amène de plus en plus de Kabyles à venir travailler en France. Le Directeur de l’Office de l’Algérie à Paris fait procéder à l’ouverture d’une enquête en 1912 dans toutes les préfectures de France. Elle révèlera la présence de 4.000 à 5000 Kabyles, résidant principalement à Marseille, Clermont-Ferrand, Paris et dans le bassin houillier du Pas de Calais. Au lieu de se cantonner autrefois aux métiers de colporteurs, ils étaient pour la plupart employés dans des établissements industriels ou miniers. Ainsi, à Marseille, ce fut l’huilerie Maurel et Prom qui la première recruta la main-d’oeuvre Kabyle. « Ces ouvriers étaient presque tous originaires de Tizi-Ouzou, d’Azeffoun de Michelet et surtout d’Azazga ». « Il est en général admis d’estimer à près de 10.000 le nombre de Kabyles qui travaillaient en France à cette époque. »
L’enquête Louis Massignon en 1921, recensait près de 12.000 travailleurs Kabyles dans l’agglomération parisienne dont 2700 aux usines Renault à Billancourt, 7.000 aux usines Citroen à Clichy et Levallois, 2500 laveurs de voiture à Saint Ouen, Levallois et Aubervilliers. Il localisait les principaux centres d’hébergement des Kabyles à la Villette, le long du canal de l’Ourcq et rue des Flandres, Grenelle et avenue du Maine, boulevard d’Italie, boulevard de la Gare, rue de la Glacière et d’Alésia.
Dans les années 30-40, Paris est le principal pôle d’immigration, avec la Moselle la Meurthe et Moselle.
Les immigrés Kabyles compteront parmi les précurseurs de la libération nationale algérienne avant d’être écartés ou pris dans la spirale des mouvements politiques arabistes.
La défiance à l’arabisation et la survivance du combat pour la sauvegarde la culture se concrétiseront par la création de l’Académie Berbère en 1966 et l’élaboration d’un enseignement de la langue et de la civilisation berbère à l’Université Paris VIII en 1973.
En 1994, Matoub Lounès reçoit des mains de Danielle Mitterand le Prix de la mémoire, un symbole majeur pour les jeunes français d’origine kabyle des années 1990 qui se construisent de nouveaux repères et investissent le champ politique.
Forte aujourd’hui de plus de près de 2 millions de personnes, la communauté kabyle française entretient une vie collective menacée par une France arabophile, où la Kabylie n’apparait jamais en tant qu’entité politique et territoriale indépendante. Malgré ces luttes incessantes contre l’assimilation, le travail de mémoire continue d’être entretenu par des regroupements politiques, philantropiques, sportifs ou culturels.
Stéphane ARRAMI
Lectures conseillées :
J. Vilbot voyage d’une parisienne au Djurjura 1880 Nabu Presse 2011 ISBN 1271631903
Histoire de l’émigration kabyle en France au XXe siècle Karima Slimani-Direche
Les Kabyles en France 1914 Editions Gouraya
Bonsoir Stéphane 👋 ton analyse tien la route! Mais,c le pot de terre, contre le pot de fer!