L’harmonie perdue

Je m’adresse aux Kabyles et à ceux qui rêvent de l’être…

Mon premier souhait est qu’ils prennent conscience de leurs identité, culture, langue et qu’ils n’oublient pas que nous sommes un peuple libre ; une civilisation qui n’a jamais conçu de prison. Une personne commettant l’irréparable s’expose à la quarantaine ou au bannissement, selon la gravité du délit.

Nous sommes aussi un peuple dont un proverbe dit : On ne meurt pas de faim, car pauvre ou riche le partage et l’entraide sont de mise.

Chez les Kabyles, le premier acte avant même la construction d’une maison, c’est la plantation dans son jardin, d’arbres fruitiers. Pour nous, l’arbre c’est la vie.

Dans notre culture, lorsqu’une famille décide de construire une maison, chaque habitant du village offre une journée de travail gratuit jusqu’à la finition. Le jour de la réalisation de la toiture, tous les villageois se mettent à l’œuvre comme un seul homme. La construction terminée, les habitants se retrouvent ensemble afin de partager le repas, faire la fête et les chants, les danses battent leur plein.

À présent, nous avons oublié que nous sommes une société matriarcale.

Deux exemples pourtant le rappellent : Damiia – Kahina qui a combattu l’invasion arabe et Fetma N Sumer qui s’est battue contre la colonisation française, surnommée par le Maréchal Rondon la Jeanne d’Arc kabyle.

Chers frères kabyles, si vous appliquez les principes de votre civilisation, vous retrouverez la paix et votre intégrité territoriale. Loin de moi l’idée de moraliser mes propos, mais si je m’adresse à vous ainsi, c’est dans le but d’essayer de retrouver une harmonie perdue. Soyons dignes, restons nous-mêmes, ne nous égarons pas à prendre les mauvaises pratiques des envahisseurs successifs distillées dans le but de nous diviser, de semer la discorde.

Ne confondons pas un différend entre frères, ce qui est naturel, avec la soumission imposée par l’envahisseur venu nous rendre à l’état d’esclaves et piller nos richesses.

Ne faites pas d’un autre Kabyle votre ennemi, sinon vous devenez l’ennemi de vous-mêmes.

Un proverbe dit : ton frère, quoi qu’il fasse, demeure ton frère. Ne nous laissons pas berner par ceux venus nous exterminer.

Nous, les Kabyles, vivons actuellement la période la plus cruciale de notre histoire ; ne jouons pas avec notre propre existence. Nos différences importent peu, nous devons nous réconcilier afin de sauver notre histoire millénaire, nos coutumes, notre existence.

Les KDS sont certes un grand obstacle ; notre devoir est de les convaincre pacifiquement et de ne pas tenir compte de ces faux Arabes assassins actuellement au pouvoir, qui nous oppriment, voulant être plus Arabes que les Arabes.

Lors de la coupe de football arabe, un journaliste koweitien s’est adressé aux joueurs marocains, tunisiens, algériens :

– Vous êtes ici pour garnir les gradins du stade, car vous n’êtes pas Arabes, mais Amazighs…

Aucun dirigeant d’Afrique du Nord n’a osé relever ni souffler mot !

L’Algérie n’a pas gagné la coupe arabe, mais les enfants d’émigrés ayant appris à jouer au football en Europe et comme des demeurés, ceux qui se disent Arabes algériens ont envahi les rues, les boulevards jusqu’aux Champs Élysées pour exprimer leur joie.

Une fois le tournoi terminé, les joueurs enfants d’émigrés dont beaucoup de Kabyles, sont revenus en Europe où ils vivent avec leurs familles.

Cette histoire rappelle celle de Tarik Ibn Ouzyad qui, après avoir conquis l’Espagne au nom de l’islam, fut piégé par les Arabes et décapité à Damas.

Tout comme celle de la guerre d’Algérie gagnée par les Kabyles et les Chaouis.

Une fois de plus, les faux Arabes au pouvoir depuis 1962 considèrent le pays comme leur propriété privée. Le seul moyen de sortir du cauchemar, c’est que chaque peuple du nord de l’Afrique prenne son indépendance et réalise le rêve de tous les Amazighs : la création des Etats Unis Amazighs.

Ne confondons pas religion et identité. Les Iraniens sont musulmans, les Turcs, les Indonésiens, etc. mais aucun ne se dit arabe. Nos ennemis sont les assassins au pouvoir dans toute l’Afrique du Nord, de Sioua jusqu’à l’Atlantique. Cette querelle infantile doit cesser pour le bien de tous. Que ceux qui se disent Arabes prennent l’identité amazighe soit une carte de séjour comme c’est le cas dans le monde quand les anciens envahis recouvrent leur indépendance. Ces faux Arabes ne sont pas dérangés de prendre la nationalité française y compris certains ministres et leurs enfants, tout en passant leur temps à critiquer la France. En attendant, cette dernière donne du travail aux émigrés du nord de l’Afrique et non les pays arabes du Golfe. Pourtant, ce ne sont pas les richesses qui leur manquent.

Nous devons réfléchir à la façon de faire sortir de prison nos frères et sœurs. Je leur dédie cette chronique en leur souhaitant courage et santé. Qu’ils sachent que nous pensons à eux à chaque instant et que nous n’oublierons jamais leur sacrifice et l’injustice dont ils sont victimes.

Shamy Chemini

Co-fondateur du groupe Les Abranis, auteur compositeur, écrivain, réalisateur

28 décembre 2021

Shamy Chemini
Shamy Chemini
Publications: 65