Femmes nord-africaines : restituer un trésor intérieur jusqu’ici aliéné et dévasté

En tant que thérapeute homme, le travail que je fais avec les femmes me touche énormément et parfois me bouleverse. La construction de la pudeur chez les femme de toutes origines culturelles implique une grande complexité cognitive et affective. Elle exige une infinie délicatesse dans le maniement des liens familiaux ( mère, père et fratrie de garçons ).

Chez la femme, l’intrusion psychique est souvent en rapport avec le non respect de son intimité corporelle. Elle prend souvent la forme d’un viol de son être intérieur, surtout quand elle est victime en plus d’une violence physique.

Peut être que le garçon vit la maltraitance physique comme une domination, une oppression, une humiliation, mais chez la fille, violence physique et viol de son être sont souvent vécus comme équivalents.

Si l’aide attendue ne vient pas alors la jeune femme disparait sous un voile psychique plus épais que celui fait d’un tissu.

Sous l’impact de l’intrusion elle se dédouble, quittant son corps pour ne plus rien ressentir..

Les traumatismes transgénérationnels sont plus marqués chez les femmes du fait d’une longue domination du patriarcat à travers les siècles. Les douleurs excessives du cycle menstruel sont en liens avec ces souffrances à travers les générations.

Dans le contexte Nord Africain je travaille sans cesse sur ces notions et valeurs telles que : lehya, hachma, sser, lvadhna, horma, leqdar, l’hiva, l3ard..pour les conjuguer avec la dite modernité et post modernité. La référence aux mythes, aux rites, aux contes, à la poésie, aux chants pour élaborer les blessures et donner sens à l’insensé est souvent nécessaire.

C’est un tissage lent, patient et subtil pour reconstituer un moi-peau déchiré, une confiance trahie, une estime de soi bafouée. On arrive alors à restituer un trésor intérieur jusqu’ici aliéné et dévasté…

Honneur et respect à toutes les femmes !

Hamid SALMI

Hamid SALMI
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