De Béjaïa à Nador, pour une révolution prolétarienne en Afrique du Nord

Les élections de 18 avril vont reproduire des histoires de trahison de la classe prolétarienne, des hommes et des femmes dépourvus (e)s de leurs droits fondamentaux. Ils ne sont depuis l’indépendance de l’Etat algérien de l’Etat impérialiste français, qu’une continuité d’une logique d’usure et de spoliation déjà perpétrée par le colonialisme français. Le peuple était délaissé, marginalisé et privé de sa voix.

Les combats qui devraient être menés contre la classe dirigeante sont malheureusement transférés vers le peuple: l’Est contre l’Ouest, le berbérophone contre l’arabophone , le croyant contre l’athée , le citadin contre le villageois,etc. Les gens ne se définissent pas comme classe sociale mais comme membre d’un clan ou habitant d’une région. Le régime avait mis en œuvre sa politique d’aliénation en marche : islamisation de la société, arabisation forcée.

Durant des années, le système algérien a fait croire au peuple qu’il est la seule et unique force capable de décider du sort du pays ; d’apporter la paix , d’assurer la prospérité, d’octroyer les droits, de distribuer les richesses,etc. En effet, il a fait croire au peuple que le droit est un don du ciel, pour résumer : c’est de l’aumônerie.

Les éléments objectifs sont devant nous, il nous reste qu’à les capitaliser, les contenir et les mener dans la bonne direction pour éviter la reproduction des échecs du passé. Notre lutte ne devrait pas s’inscrire dans une logique réformiste et/ou nationaliste. Loin de ces éléments morbides , elle ouvre une brèche pour un nouveau élan révolutionnaire qui va signer une rupture totale avec le(s) système (s) actuel(s). Le problème ne réside pas dans des noms et prénoms mais dans un vrai projet qui repend aux aspirations de notre classe ; celle des prolétaires et dominés. Le leurre est aussi de rejeter seulement le cinquième mandat et le système actuel tout en portant allégeance à ceux et celles qui en font partie, à ceux et celles qui marchent à rebours de nos intérêts de classe, à ceux et celles qui marchandent avec notre misère.

La société du spectacle nous livre sur scène des pantins , des clowns déguisés en diverses facettes en manipulant nos faiblesses et en jouant sur notre naïveté. Les luttes intestines à l’intérieur des clans du régime , La quête et la soif du pouvoir de certains laquais ou obtus bourgeois nous est toutes étrangères, notre seul et unique idéal : la révolution socialiste.

La révolution ne pourra jamais se faire dans un cadre national qui ignore la réalité régionale et internationale. La crise du régime algérien et d’autres régimes Nord Africains renseigne parfaitement sur leurs fondements fragiles dont notre détermination pourra les saper. Ils , les fondements de ces régimes autoritaires, sont une continuité logique de l’héritage impérialiste dont ces pays, eux-même, sont le produit d’une Histoire coloniale. L’impérialisme européen a claquemuré nos destins dans l’abîme abyssal de l’autocratie et de la tyrannie. Il nous a vidé des éléments constitutifs d’une grande civilisation humaine capable de se franchir du servage. Les résistances et les luttes menées ces dernières années en Algérie , Libye, Maroc, Tunisie montrent bien la volonté de se libérer, de dépasser l’ordre imposé pour écrire une nouvelle œuvre dans l’Histoire d’une Afrique du Nord franchie de ses Césars.

L’Étoile Nord Africaine -premier parti nationaliste algérien créée par des militants ouvriers en 1926, en France- était l’étincelle qui a fait montré le premier éclat Révolutionnaire. Leur deal initial était de libérer l’Afrique du Nord de la tutelle coloniale et assurer un avenir meilleur à chaque habitant de ce territoire sans aucune distinction de couleur de peau , de religion ou de culture. La limitation de la lutte dans un seul territoire Algérien et la mainmise des idées nationalistes et conservatrices avait dérogé la ligne du parti de sa trajectoire tracée au préalable.

L’Algérie du nationalisme et chauvinisme avait galvaudé la nature de toute une lutte d’un peuple qui s’est engagé dans une révolution contre l’impérialisme français; la révolution du peuple est confisquée par une caste obsédée par le trône. La petite bourgeoisie prend le pouvoir en 1962 sous une couverture socialiste.

La Kabylie n’est pas épargnée par cette dynamique de révolte qu’on ne peut que soutenir et y adhérer massivement. Ceux qui sont dans la psychose à la non implication dans ce mouvement de révolte ne sont que des connivents du régime , directement ou indirectement.C’est l’égoïsme démesuré qui conduit au suicide et à la perte de crédibilité. Un militant d’une cause juste soutient inéluctablement toutes les causes justes

Indépendantistes, autonomistes ou autres , le combat est avant tout de classe. L’ennemi n’est plus le camarade d’Oran ou de Djelfa , l’ennemi est le kabyle qui a arabisé l’école algérienne durant les année 1970 et 1980 , celui qui a commandé et approuvé les crimes de 2001 , celui qui a exploité des pauvres travailleurs dans les usines et unités de production. La Kabylie a été ,depuis 1963 , la terre des révoltés, des indomptables et insoumis (e)s. Elle a participé activement dans le processus démocratique dans toute l’Afrique du Nord, et dans la période de la révolte actuelle en Algérie, son rôle est de s’investir activement dans le terrain de lutte. La rupture avec le système bourgeois algérien actuel et l’effritement des autres régimes totalitaires Nord-Africains va permettre l’épanouissement de tous les peuples de la région et l’avènement d’une société épanouie et égalitaire. Les peuples retrouveront leur capacité de s’auto-gérer toute en espérant le vivre ensemble dans une communauté Nord Africaine socialiste et révolutionnaire. Nul ne peut nier la particularité de cette région, mais personne ne peut l’exclure du contexte actuel que vit l’Algérie, du contexte régional, mais aussi international. Notre lutte est avant tout internationaliste. On ne veut pas d’une Kabylie fasciste ou cloisonnée dans une Algérie intégriste. On veut toute une Afrique du Nord libérée de la tyrannie et de la soumission aux puissances impérialistes.

J’approuve ma sympathie avec le mouvement de révolte dans les quatre coins d’Algérie, mais tout en apportant ma vision des choses et mes propositions qui sont les suivantes :

  • S’organiser en comités populaires.
  • Intégrer les syndicats dans ces comités populaires.
  • Prendre en main, des comités populaires, la gestion des usines , écoles, justice et administrations.
  • Faire participer toutes les tranches de la population : femmes, étudiants, ouvriers, chômeurs , paysans.
  • Demander une rupture radicale avec le système.
  • Donner une dimension nord-africaine et internationaliste.
  • S’éloigner des valeurs nauséabondes et archaïques de novembre 1954 et/ou de la plateforme de la Soummam.
  • Inscrire la lutte dans une dynamique permanente.
  • Élaborer un programme Révolutionnaire dont ces prérogatives :
  1. Instaurer une école révolutionnaire et laïque.
  2. Collectivisation des unités de production.
  3. Lancer un salaire universel plus une augmentation du salaire minimum.
  4. Assurer la gratuité des soins, transports, études.
  5. Se lancer dans les énergies renouvelables, la reforestation, le tourisme écologique.
  6. Abolition du code de la famille, droits des minorités sexuelles.
  7. Séparer la religion de l’Etat.
  8. Prise en charge sérieuse des langues nationales et ouverture sur les langues vivantes.
  9. Encourager les arts et toutes formes de création libre.
  10. Se lancer dans l’agriculture bio.
  11. Penser à l’alternative écologique dans le cadre de l’écologie sociale.
  12. Le transfert de la souveraineté aux régions.

AMAR BENHAMOUCHE

Amar Benhamouche
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