Le FORSEM condamne la dérive autoritaire en Algérie

Les arrestations, les agressions… se multiplient, dont la dernière en date est celle de Karim Tabbou, hier, la fermeture des médias publics y compris certains médias privés ne soufflant mot sur la révolution en cours, les partis du pacte pour une véritable alternative démocratique sont voués aux gémonies dans les récents discours du chef d’état-major… nous interpellent. Le Forsem vient de rendre publique la déclaration ci-jointe.

Nous avons appris au Forsem avec consternation la nouvelle de l’arrestation de Karim Tabbou placé en détention provisoire pour participation à une « entreprise de démoralisation de l’Armée ». Ni le mode de son interpellation qui s’apparente à un enlèvement ni le grief retenu contre lui n’a de fondement juridique. La réaction de son père, digne et responsable, mérite d’autant plus d’être saluée et méditée qu’il appelle de tous ses vœux au clame, à l’unité des Algériens et à la poursuite de la protestation pacifiquement (thalwith, thalwith, thalwith ! trois fois pacifique, disait-il).

Aussi, l’agression sauvage à l’arme blanche de Me Salah Dabouz à Ghardaïa par trois hommes cagoulés s’inscrit dans la même veine de répression des personnalités qui ont émergé de cette révolution. Défenseur impénitent des Droits de l’Homme et avocat courageux du regretté docteur Fekhar, Me Salah Dabouz a subi un harcèlement judiciaire sans égal en l’assignant à un contrôle judiciaire pendant plusieurs mois. Mesure qui l’a contraint à effectuer chaque semaine trois déplacements Alger-Ghardaïa en voiture, soit un trajet de 1200 km aller-retour, alors qu’il habite et exerce en tant qu’avocat à Alger. À peine le contrôle judiciaire levé grâce à la solidarité de nombreux Algériens et à la grève de la faim qu’il a observée pendant plus d’un mois pour dénoncer cette injustice, Me Salah Dabouz est de nouveau victime cette fois-ci d’une grave agression physique.

De même qu’au début du mois de septembre, Wassila Boughari, avocate et secrétaire national du RCD, a échappé miraculeusement à une tentative d’assassinat à l’arme blanche dans son cabinet à Chlef. À qui le tour ? Confondant caserne et société, le général de corps d’armée et détenteur, avec le haut commandement des armées qu’il dirige, de la réalité du pouvoir, irrité, car de plus en plus acculé et contesté par des millions d’Algériens n’a d’autre préoccupation en fin de compte que de briser la révolution pacifique en marche et s’assurer du coup une succession clanique à la tête de l’État.

Le refus de libérer les jeunes manifestants d’Alger qui ont arboré l’emblème amazigh, alors que pour les mêmes faits les jeunes de Batna, Mostaganem, Annaba… ont été libérés, conjugué aux arrestations de Lakhdar Bouregaa, Louiza Hanoune, Samira Messouci, jeune élue du RCD à l’assemblée de wilaya de Tizi ouzou, et Karim Tabbou, hier, par des agents de l’ex-DRS et la fermeture du champ médiatique sont une dérive politique et judiciaire grave confirmant ainsi la volonté du haut commandement de l’armée de tourner le dos aux instances des millions d’Algériens et de faire avorter la révolution en cours.

Le Forsem condamne avec force cette grave dérive autoritaire et nous sommes convaincus que des millions d’Algériens sortiront ce vendredi dans toutes les grandes villes du pays pour dénoncer ces arrestations et réitérer l’exigence de « dégager », le régime politique et ses hommes disqualifiés et irréformables.

Lyon, le 13 septembre 2019

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