Avec ou sans Trump : un nouveau monde à mettre en place

Ce mercredi 6 novembre 2024, l’annonce officielle de la victoire de Donald Trump a marqué un tournant dans l’histoire du monde comparable à la chute du mur du Berlin. Élu pour la seconde fois en tant que 47e président des États-Unis, Trump revient sur la scène politique américaine à 78 ans avec un programme clairement opposé aux valeurs portées par le mondialisme, les idéologies woke, « progressiste », et l’interventionnisme de l’élite internationale.

Cette élection signe une rupture : elle pourrait représenter une main tendue vers ceux qui, comme la Kabylie, se battent pour leur identité, leurs valeurs traditionnelles, leur identité nationale, leur indépendance, et leur dignité contre des régimes autoritaires et oppressifs. Toutefois, le défi est immense, et il reste incertain que cela reflète réellement l’approche actuelle.

Plus qu’un retournement historique une resurrectio populi

Avec cette victoire, Donald Trump rejoint les rangs des présidents qui, après avoir quitté la Maison-Blanche, y retournent par la volonté populaire. Depuis l’indépendance des États-Unis en 1776, c’est la deuxième fois après Grover Cleveland en 1892 qu’un président américain défait a pu reconquérir la Maison Blanche quatre ans plus tard.

Le retour fracassant de Donald Trump à la présidence des États-Unis n’est pas qu’une simple victoire électorale : c’est une rébellion populaire, une resurrectio populi qui vient marquer le refus d’un peuple face aux élites mondialistes. Ce retour symbolise la volonté de renverser les paradigmes actuels, d’un retour aux valeurs populaires et de la primauté des nations face aux pressions uniformisantes de la mondialisation.

Ce résultat est avant tout le reflet de l’échec de la mondialisation. Les fractures sociales et économiques laissées par des décennies de politiques mondialistes ont suscité une réaction populaire en faveur d’un retour aux valeurs nationales et identitaires. Ce vote incarne un rejet de l’élite globaliste et une volonté de redonner la priorité aux besoins des citoyens, en opposition à un modèle qui a souvent favorisé les intérêts transnationaux au détriment des communautés locales. Des bouleversements majeurs semblent désormais prévisibles en Europe et en Afrique du Nord.

La participation des Amérindiens un indicateur crucial de l’évolution de la politique intérieure identitaire des États-Unis

Le vote amérindien, bien que minoritaire en termes de proportion de l’électorat global, a gagné en visibilité et en importance lors des précédentes élections américaines. Le Congrès national des Indiens d’Amérique (NCAI) souligne que chaque élection influence directement la vie des « Nations Indiennes » et que les électeurs autochtones ont désormais le pouvoir d’infléchir les résultats dans certains États clés. Les communautés autochtones continuent de croître et de prospérer, et leur participation politique est de plus en plus active, leur permettant d’orienter des décisions critiques en matière de santé, d’éducation, de protection environnementale, et de souveraineté territoriale.

La politique de Trump vis-à-vis des communautés autochtones méritera des éclaircissements ces prochaines années. Si une partie de l’électorat amérindien a montré un certain soutien pour Trump, notamment pour ses politiques pro-développement favorisant l’autonomie économique et la création d’emplois, ce soutien reste mitigé. Les priorités des communautés autochtones se concentrent généralement sur la préservation des terres ancestrales, l’accès aux soins de santé, l’éducation, et la défense de leurs droits, des enjeux qui peuvent souvent entrer en conflit avec les politiques de Trump. L’Amérique ne pourra incarner pleinement les valeurs de liberté qu’en intégrant les peuples natifs dans le partage du pouvoir. Un nouveau monde ne peut émerger qu’en honorant la survivance des racines autochtones et en préservant la richesse de la diversité humaine.

Deb Haaland était en 2021 avec les Démocrates la première personne amérindienne à intégrer un cabinet présidentiel aux États-Unis en 2021. Nommée par le président Joe Biden en tant que secrétaire à l’Intérieur, Haaland, membre de la tribu Laguna Pueblo du Nouveau-Mexique, a incarné un tournant historique pour la représentation des peuples autochtones au sein du gouvernement américain. Avec Trump la continuité ou l’expansion de cette représentation autochtone reste incertaine et dépendra de l’évolution des priorités politiques de l’administration républicaine.

Lire aussi : les Kabyles participent à la renaissance amérindienne

Ce que change l’élection américaine pour la Kabylie

Pour la Kabylie, qui mène sa lutte pacifique pour l’autodétermination, cette élection est porteuse d’un souffle d’espoir renouvelé.

Dans une déclaration empreinte de chaleur et de respect, Ferhat Mehenni, président du Gouvernement Kabyle en Exil (Anavad), a félicité Trump pour cette réussite. Dans son message, Ferhat Mehenni exprime l’admiration du peuple kabyle pour le processus démocratique américain et l’esprit de liberté qui anime la nation, des valeurs que la Kabylie partage profondément et pour lesquelles elle lutte depuis des décennies sous un régime algérien colonial et répressif.

« Nous sommes prêts à travailler ensemble pour que le peuple kabyle exerce enfin son droit à l’autodétermination conformément à sa profonde aspiration et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à la libération des centaines de prisonniers politiques kabyles détenus arbitrairement pour « terrorisme » par le régime colonial algérien alors que c’est lui-même qui finance le terrorisme international du Hamas, du Hezbollah et du Polisario. » a-t-il déclaré sur le réseau social X sous la coupe d’Elon Musk qui collabore étroitement avec l’armée américaine et des agences gouvernementales américaines depuis des années.

Pour les Kabyles, la politique de Trump peut signifier une révision des relations internationales en Afrique du Nord et la fin de la France Afrique. À travers sa critique de l’ingérence, son rejet du soutien à des groupes déstabilisateurs, et sa volonté de rendre aux nations leur souveraineté, Trump est vu comme un potentiel allié de la Kabylie où le peuple est amené à s’auto-déterminer.

Les échanges entre Ferhat Mehenni et certains représentants du camp républicain, laissent aussi entrevoir les prémices d’une diplomatie américaine potentiellement favorable à la Kabylie. Bien que Trump reste avant tout un défenseur des intérêts américains, ces contacts marquent un premier pas vers une reconnaissance des aspirations kabyles. C’est dans cet esprit que Ferhat Mehenni a proclamé solennellement l’indépendance de la Kabylie le 20 avril dernier à New York, renforçant ainsi la visibilité de la cause kabyle auprès des acteurs politiques américains.

Rester lucide sur la Kabylie et l’Algérie

Il est essentiel de rester lucide quant à la diplomatie de Donald Trump vis-à-vis de la Kabylie et de l’Algérie. Bien que son précédent mandat ait favorisé une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, la politique de Trump reste fondamentalement pragmatique, orientée par les intérêts immédiats des États-Unis et susceptible d’ajustements.

Si des tensions avec l’Algérie sont probables, notamment en raison du soutien algérien au Front Polisario, Trump pourrait également chercher à maintenir des relations équilibrées avec Alger, notamment pour préserver des canaux de coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme en Afrique du Nord et au Sahel.

Dans ce contexte, il devient crucial de sensibiliser Donald Trump aux droits des peuples autochtones d’Afrique du Nord, en l’incitant à incliner sa politique en faveur de leur reconnaissance et de leur promotion culturelle. Une approche proactive pourrait consister à plaider pour la création d’un musée dédié aux Amazighs aux États-Unis, ainsi que d’instituts de langue et de culture visant à préserver et promouvoir l’identité kabyle. De tels projets contribueraient non seulement à renforcer la visibilité des Kabyles et des Amazighs en Amérique, mais aussi à instaurer un dialogue culturel et diplomatique autour des droits autochtones. Cela permettrait aux États-Unis d’affirmer leur engagement en faveur des valeurs de diversité et de dignité pour les peuples en quête de reconnaissance et de préservation de leur patrimoine.

Il s’agit d’une opportunité historique pour s’affranchir des politiques étrangères françaises et occidentales héritées des visions colonialistes et centralisatrices jacobines qui n’ont eu de cesse de trahir nos intérêts. En saisissant ce moment, les acteurs de la cause kabyle, ainsi que d’autres mouvements pour l’autodétermination, peuvent œuvrer à insuffler un renouveau fédéraliste à l’échelle mondiale.

Cela pourrait permettre l’émergence de nations auto-déterminées et auto-administrées, respectueuses de leur identité et de leurs droits fondamentaux.

Dans ce cadre, la Kabylie et d’autres régions d’Afrique du Nord pourraient initier un projet ambitieux, celui des « États-Unis d’Afrique du Nord », un ensemble fédéraliste et solidaire qui incarnerait une nouvelle vision géopolitique pour la région. Un tel projet serait un modèle de gouvernance innovant, basé sur le respect des diversités culturelles et l’autonomie des peuples, éloigné des influences étrangères et renforçant l’aspiration à une stabilité durable et authentique. Encore faut-il rester pragmatique et non rêveur, en préparant une défense commune face aux éventuelles conquêtes militaires à caractère impérialiste dans le monde et en Afrique du Nord. Trump pourrait, pour un temps, protéger le monde du péril mondialiste, mais il nous appartient de préparer une paix durable en nous armant pour les conflits à venir. L’Amérique reste à ce jour l’un de notre meilleurs alliés dans la géopolitique, la matrice actuelle, mais elle ne garantit en rien notre avenir en tant que Kabyles.

Rédaction Kabyle.com
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Un commentaire

  1. LES KABYLES VONT TRAVAILLER AVEC LES USA ?
    Les Etats Unis d’Amérique avec la Kabylie ! « Excellent ! quel beau rêve utopique ! La Kabylie appartient à l’entreprise gazière et pétrolière algérienne qui détient un PIB inférieur à l’entreprises pétrolière américaine et si je comptabilise les GAFAM … OUAOUH».
    Un comique kabyle dira (imaginez le comique) : « iih pourrquoi pas ! ».
    Pour ce comique nous pouvons tout de même nous attarder sur la question et pour cela nous n’allons pas utiliser le system de pensée musulmane des Arabes, la pensée humaniste des européens, la pensée hégémonique des USA.
    La langue donne une capacité de penser propre à chaque peuple en fonction des élément mis à sa disposition et de l’évolution de son environnement : l’arabe aura tendance s’orienter vers un langage abstrait, le français vers un langage analytique, l’anglais vers un langage visuelle…
    Le comique kabyle : « Et pour l’américain, le kabyle, les autres peuples, on ne sait pas (« on = pronom impersonnel et malhonnête » ? « Ben, pour l’américain, je pense qu’il a hérité de tellement de langages qu’il est le plus évolué et pour le kabyle qui n’a pas d’écriture et un seul mode de conjugaison, le présent, comme il revient constamment dans le présent pour se projeter dans son espace et dans le temps, il doit avoir une tendance spatiale ! ». Les langues ont des formes propres aux peuples (ou communauté) qui les utilisent et peuvent interagir avec d’autres langues pour évoluer sociétalement et il ne s’agit pas d’une simple traduction (une oreillette munie d’une IA est suffisante traduire toutes les langues). Le peuple avec sa langue ou son dialecte, est semblable à une espèce, et l’espèce kabyle est en voie de disparition. Apres la norme : entreprise, qualité, environnement arrive la norme sociétale qui doit être appliquée par la communauté internationale. Il est du devoir des peuples avec une influence internationale de protéger toutes les communautés et les autochtones pour préserver leurs avancé visible ou invisible, richesse contributive à l’évolution de l’humanité.
    Le comique kabyle : « Alors les Américains y vont mettre une fesser aux dinosaures algériens pros arabe qui veulent nous tuer comme Cain il a tué son frère » ?
    N’allons pas jusque-là, la communauté internationale a le devoir de protéger toutes les communautés et les autochtones qui contribuent l’évolution de l’humanité et les kabyles ayant été reconnu comme peuple peuvent espérer pour choisir leur destiné et suivre les USA si leurs chemins est commun. Good luck kabylia.

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