Anne de Commines : « La poésie a mûri spontanément sous ma plume »

Poète, écrivain et prête-plume Anne de Commines revient dans cette interview accordée à Kabyle.com pour nous parler de sa poésie et de sa participation à la troisième édition du festival de poésie « La Tour Poétique ».

Bonjour Madame Anne de Commines, nous sommes ravis de vous interviewer sur Kabyle.com !  Qui êtes-vous Madame Anne de Commines?

Poète, écrivain et prête-plume, je dirige 2 collections chez Unicité. La collection poétique Le metteur en signe accueille des écritures épurées, symbolistes et souvent novatrices. La collection En questions est consacrée aux biographies, témoignages et carnets d’entretiens élaborés avec mes clients.

Comment êtes-vous arrivée à la poésie ?

J’ai toujours écrit. Je suis née avec cette donnée. Dans ma tendre enfance, lorsque j’ai appris à parler, au lieu d’écorcher les mots, je les créais. Ma mère alors s’était alors dit : « cette enfant a le sens des mots. » Mes premiers poèmes remontent à l’âge de 7 ans et après relecture aujourd’hui, ils comportaient déjà mon rythme actuel. La poésie a toujours été mon canal, je ne l’aie pas choisie, elle a mûri spontanément sous ma plume.

Comment vous définissez le « poète » ?

Celui qui in-fuse l’in-spiration c’est-à-dire l’art de convier son propre souffle. A travers cet état intérieur, je tiens à servir un cheminement initiatique, constitué de révélations, de beautés cosmogoniques, d’enseignements sacrés.

Que pensez-vous de la place de la poésie aujourd’hui en France ?

Je la crois en moult mouvements mais terriblement occultée. Qui connaît les poéthiques de Philippe Tancelin, les impersonnages insolites de Philippe Beck, les ambitieuses nostalgies de Salah Al Hamdani … ? Bien sûr, depuis 20 ans, le Printemps des Poètes œuvre énormément pour faire connaître les variations poétiques, les Souffleurs, Commando Poétique s’escrime à réanimer ces petites voix chuchotées dans nos cœurs confidents mais nous assistons à de nets reculs de cet art dans les écoles. Contrairement aux pays de l’Est, à l’Amérique Latine où la poésie est quotidienne, la France ignore les micros mouvements poétiques si loin des atonies
radio actives … !!

Quels sont les poètes qui influencent votre écriture poétique ? 

Stéphane Mallarmé, Rainer Maria Rilke, Saint-John Perse et Edmond Jabès ont été mes 4 maîtres absolument majeurs. Je tiens de Mallarmé cette complexité parfois un peu absconse, ces accords inattendus entre des termes diffractés à leur extrême. Rainer Maria Rilke m’a enseigné le sacré et l’enracinement dans les silences instruits. Sa simplicité est une leçon. J’ai trouvé chez Saint-John Perse un éminent missionnaire du Verbe, une nécessité de coucher sur papier sa verve enflammée dans la quadrature du siècle.

Ce poète est mu par l’enthousiasme soit avoir un dieu en soi. Il me l’a communiqué comme un chant natif. Edmond Jabès réside
dans la race des Saint-Exupéry. Il épèle le monde comme une origine qui s’achève sur elle-même. Mû par les archétypes, Jabès émet le silence du désert à la manière d’un chant éternel comme le faisait Charles de Foucault.

Vous publiez chez Unicité, avec Jorge Tafur Garcia, un recueil de poésie intitulé « De toi à moi ». N’est-il pas le produit de votre vécu ou d’une expérience de vie ?

Bien sûr, il s’agit d’un partage réel avec mon compagnon. Durant nos 8 années de vie commune, je lui ai composé régulièrement 12 lettres d’amour et Jean-Philippe Testefort, Directeur de la collection Imagination critique a choisi 12 tableaux de Jorge pour retentir et
infiltrer ces poèmes. Lignes et explosions de couleurs chantent un même hymne.

Quel est pour vous le moment idéal pour écrire?

Contrairement à nombre d’auteurs, j’écris le jour en alternant avec mes livres de commande où j’exerce et applique mon style comme mes clients me le réclament. Entre mon art et mon travail, je cultive donc d’agréables et fluides passerelles.

Vous allez participé à la troisième édition du festival de poésie « La Tour Poétique »  du 13 au 15 juin à Paris. Un mot sur cette association et de ce festival ?

Je ne connais pas bien cette initiative … L’an dernier je suis allée écouter mon amie Sarah Mostrel qui présentait  Femmes Inspirantes et j’ai eu le sentiment d’un festival très soucieux de valoriser plumes et débats dans un monde où la poésie est assez invisible.

Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions ! Un mot pour conclure ?

Merci à vous Cher Amar de m’inviter ainsi et me donner la parole car la poésie n’a jamais été une forme de dominante, reconnue ni par l’Université ni par les enseignants. Seule, celle des classiques perdure et s’arrête trop souvent à René Char … Dommage pour nos contemporains…. Heureusement, réseaux et slams prennent le relai pour instaurer la poétique comme un dispositif critique assidu et symbolique de l’espace public.

Entretien réalisé par Amar BENHAMOUCHE

Amar Benhamouche
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