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Angélique Leroy : « le poète est un artisan qui fabrique des visions »
Amoureuses des mots et de la poésie, Angélique Leroy revient dans cette interview, accordée à Kabyle.com, sur son Histoire avec la poésie et sur sa participation à la troisième édition du festival de poésie « La Tour Poétique » à Paris.
Bonjour Madame Angélique, nous sommes ravis de vous interviewer sur Kabyle.com ! Qui êtes-vous Madame Angélique Leroy?
Angélique Leroy : Bonjour Amar. Je suis une poétesse hybride. Une Extra-Terrestre anti-conformiste. Je ne réponds à aucun code mais ce qui est sûr c’est que j’aime les innovations sociales. Mon nom de plume La Marianne Joconde. Je suis née à Evry-Courcouronnes en Essonne, j’habite Grigny depuis ma naissance. Une femme des cités. J’ai écrit deux recueils individuels, un recueil en binôme avec Ali Belkahla et deux recueils collectifs de femmes d’Afrique et d’Europe sous la direction de Carmen Fifamé Toudonou. J’ai également été publiée dans des cahiers de poésie chez Joseph Ouaknine et Thierry Sajat. J’ai bientôt 39 ans, mariée en Algérie, à Collo depuis le 7 avril 2024 avec Ali Belkahla. Je suis pluridisciplinaire, j’expérimente beaucoup de choses que je propose dans mon écriture art thérapeutique. J’ai créé mon slam à mon image en combinant théâtre, poésie, slam, rap, arts plastiques, arts numériques.
Comment êtes-vous arrivée à la poésie ?
Je me suis mise à écrire et à déclamer mes textes en juin 2020. Mon premier poème slam a été une lettre adressée à Dieu. Une lettre de demandes, une lettre d’espoir. Se souvenir de son existence dans l’ici et le maintenant. Faire un bilan de vie, faire son audition. Ce poème est éponyme de mon premier recueil : Sur un prélude, le déluge, mon refuge publié aux éditions Maïa en avril 2022. En juillet 2020, alors que pendant des années j’ai évité facebook, on m’a conseillé d’aller sur des groupes de poésie. Depuis, j’y ai beaucoup appris et c’est aussi ce qui m’a mené vers ma reconversion professionnelle, devenir Art Thérapeute. Dans mon seconde recueil publié en autoédition chez Bod (Book on demand) intitulé La Marianne Joconde, j’y explique mon nom de plume et mes différentes facettes de femme poète avec mes collaborations poétiques puisque j’ai aussi créer mon groupe de poésie « La Marianne Joconde ». Un espace où chacun avec bienveillance partage et commente les poésies des uns et des autres comme moteur et soutien. Donner à chacun la possibilité d’être lu, d’avoir des échos et défier les IA ainsi que les algorithmes qui nous imposent sous couvert de la publicité financée ce qu’on devrait forcément aimer. J’aime la poésie de proximité, celle qui est accessible.
Comment vous définissez le « poète » ?
Le poète comme chacun de nous peut l’être, est un artisan qui fabrique des visions. C’est celui qui va chercher au plus profond de ses entrails ce qu’il veut transmettre. Les vers, c’est ce qui est viscéral. C’est donner toutes ses tripes à la science de la verbalisation et l’accès à la métaphorisation. C’est un messager de la sublimation.
Quels sont les poètes qui influencent votre écriture poétique?
Je vais vous surprendre dans ma réponse car quand je me suis mise à écrire de la poésie, je n’avais pas de grandes références poétiques. J’incarne ma poésie qui est humaniste. Ce qui signifie que je fonctionne beaucoup avec l’intuition et que je privilégie les relations humaines. Ce qui m’inspire ce sont tous ces poètes de la toile qui gravitent dans cette constellation. Ces artistes conscient ou inconscient qui se livrent sans limite de partage. Ils nous confient leurs biographies, on s’y attache et on associe leur personnalité à leur écriture. Ce que j’aime, c’est connaître l’humain qui compose, avec ses qualités et ses faiblesses. Je ne cherche pas le professionnalisme, je recherche l’authenticité.
J’y ai découvert des cœurs vifs qui battent très fort l’Amor. C’est devenu mon leitmotiv poétique : Âmor, Amor jusqu’à l’Amor.
Si je devais citer des poètes ça serait Michaël Jackson, Victor Hugo et mon mari Ali Belkahla mon co-auteur.
Votre dernier recueil de poésie lu?
J’ai participé à « lector in Fabula », un évènement en ligne arganisée par mon amie poétesse Geneviève Guevara, artiste belge, où l’on s’est partagé en intimité nos poésies respectives. S’approprier une poésie, c’est avant-tout la lire à haute voix. C’est ma particularité de multi-dys, celle d’une neuroatypique, qui m’a donné cette impulsion de souffler ces mouvements de vies qui ne peuvent pas rester uniquement dans une lecture silencieuse. Slamer sa poésie et celles des autres, cela apporte une autre voix, ce qui ne peut s’entendre par écrit. Donner plusieurs lectures, plusieurs émotions, plusieurs transmissions. La poésie nous transcende, elle se vit de multiples façons.
Avec mon mari Ali, depuis 4 ans et demi que l’on s’est attendu, on s’est partagé de multiples recueils poétiques à distance, à haute voix. Il a fallu apprendre aussi à se connaître par les voix thérapeutiques, c’est ce qui à forger notre couple et a permis la coécriture de confessions d’une femme esseulée chez Nombre 7. Un mariage mixte avec des cris d’amour, un combat idéologique où la Marianne et son Gavroche prône « la liberté guidant le peuple, en chœur, au nom de l’amour ». S’aimer, c’est s’essaimer toujours plus fort.
Quel est pour vous le moment idéal pour écrire?
J’écris sous impulsion poétique, je suis très prolixe. Plus je suis dans l’interaction, plus cela déborde. J’aime toucher à tout. Utiliser les médiums artistiques développe davantage le processus créatif comme effet boule de neige. Une idée amène des vers en expansion, c’est le « big bang ». D’ailleurs pour mon premier recueil, c’est ma plaie liste de musique (plaie : blessures, play : jouer, plaie : plaisir), qui a prolongé ma façon d’écrire en mix média.
L’utilisation du numérique, où je n’ai pas peur des expérimentations par l’improvisation, développe d’autres aspects poétiques.
Vous allez participer en juin à la troisième édition du festival de poésie “La Tour Poétique” organisé par l’association « Apulivre ». Que pensez-vous de ce festival ?
Un grand merci de m’avoir fait confiance dés le premier festival où j’étais fraichement jeune auteure. Un carrefour des rencontres dans cette richesse culturelle. Des univers qui nous permettent de créer des liens forts d’amitiés, nous agrandissons de jour en jour, la famille poétique. Les connus et les moins connus, ne pas faire de différence. Lecture, entraide, partage, qui nous donne des émotions en ascenseur émotionnel. Je ne pouvais pas omettre cette association qui m’a ouvert les portes dans les remerciements de mon recueil en duo avec Ali Belkahla : Confessions d’une femme esseulée chez Nombre 7. Merci Amar, merci Hacen, Merci aux membres de l’association de nous offrir cet espace de rencontres. Vous nous permettez de la faire raisonner. Les Olympiades Poétiques, c’est devenu mon sport de Haut Niveau, je m’entraîne chaque jour pour rester un esprit vif et combatif.
Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions ! Un poème pour conclure ?
Sur un prélude, le déluge, mon refuge
(sur prélude de Jean-Sébastien Bach)
En juin 2020, je me suis mise à écrire ce texte par hasard. Je me suis rendu compte que d’écrire ne me suffisait pas. Alors, une fois le texte écrit instantanément, je l’ai posé sur la musique en improvisation sur un prélude de Jean-Sébastien Bach.
Angel, Angel, es-tu toujours là ?
Je n’ai plus de larmes, elles ont trop coulé
Touché coulé
Pluie diluvienne éternelle,
Perpétuelle,
C’est le tsunami du malheur
Quelle horreur !
Je suis devenu spectateur,
Tel le ciel qui tombe sur ta tête,
Tu penses à tes ancêtres,
Les Celtes.
Orage enragé,
C’est la tempête,
Tonnerre de Zeus,
Ce n’est pas Dieu qui a provoqué le déluge,
Ni ma colère justifiée,
Ce sont les ennemis de tes insomnies
Dont tu dois taire les noms
Tu es muselée
Censurée.
Dieu, je m’adresse à toi,
Ma foi intacte et discrète,
Je te fais ma prière,
Ton ange messager sur terre
T’écris cette lettre
Pour que cela cesse,
Yahvé tu es témoin,
Selon les croyances tu as plusieurs noms,
Tolérante, je les représente,
Pour toutes les victimes,
Il s’agit bien de crimes
Il s’agit bien de crimes
Qui nous abîme.
Ils te discriminent
Fautes inavouables,
Ce n’est pas viable,
Ni jouable,
Avouer sans partage,
Ni départage.
Le naufrage de la sagesse,
De tes prouesses
Tu as été dévouée
Déléguée au personnel,
Sans être personnelle,
Tu t’adresses,
À tes maladresses,
Qu’on dresse contre toi
On te délaisse et te blesse
Dans tes faiblesses
On te laisse
Tu restes sur tes fesses
Angélique Leroy
Entretien réalisé par Amar BENHAMOUCHE
Bonjour, j’ai lu l’interview avec beaucoup de plaisir. Je redécouvre Angélique, une poétesse sensible et authentique, une soeur de plume que je suis et lis avec plaisir. Cela a été un véritable bonheur de travailler avec toi sur les deux projets Oestrogènes et Sororité Chérie.
À bientôt pour d’autres collaborations.