Algérie : Ces citoyens cultivateurs de la haine

Le documentaire « Algérie, mon amour » diffusé sur France 5 a suscité des critiques acerbes de la part d’une partie d’Algériens. Ces citoyens cultivateurs de la haine crient au scandale après avoir vu des jeunes Algériens et Algériennes exprimant leur désir de vivre dans une société respectueuse de toutes les libertés.

Pour ces clabaudeurs, ces braves jeunes personnes ne représentent pas le mouvement populaire communément appelé le Hirak. Devrions-nous comprendre que finalement le Hirak n’est pas un mouvement populaire, il ne représente qu’une catégorie d’Algériens ?

Pour en être un digne représentant, faudrait-il être habillé peut-être en Kamis ; prier cinq fois par jour à la mosquée durant lesquelles on supplierait Dieu d’exterminer les juifs, les kouffars, les Amazighs et tous les supposés ennemis de l’arabité et de l’islamité ; rêver d’aller au paradis où 72 vierges et des rivières de vin nous attendent ? Autrement dit, ces gens rêvent de sexe même en songeant à l’au-delà et se permettent de traiter les autres de pervers.

On dit souvent que le peuple algérien est resté l’otage de l’armée des frontières depuis 1962. Vraisemblablement, ces gens engloutis dans la haine sont le produit du syndrome de Stockholm. Certes, ils ne soutiennent pas le pouvoir ouvertement, mais reproduisent ses pratiques et finissent par se rejoindre d’une certaine manière. C’est ce qui vient de se produire devant nos yeux ces jours-ci : le pouvoir et cette frange d’Algériens ont développé la même position à l’encontre du documentaire en question par le fait de condamner le droit de donner une opinion différente de la leur.

A quoi servirait-il de renverser une dictature, si c’est pour la remplacer par une autre ? Ce qui est un comble, on retrouve beaucoup d’Algériens adeptes de cette doctrine installés en France et dans d’autres pays européens, chez ce qu’ils appellent les Kouffars où ils ont le droit de pratiquer leur culte sans aucune discrimination et au même titre que les autres. Ils vivent normalement dans un milieu où l’on peut croiser quotidiennement des athées, des metaleux, des homosexuels, des religieux de tout bord, des marginaux, etc.

Ces gens (El ghachi-agui) tolèrent la diversité que lorsqu’ils sont dans un pays étranger, car celle-ci les protège. Mais, en rentrant chez eux, ils exposent au grand jour leur homophobie et leur intolérance sans aucun scrupule. C’est le signe de leur hypocrisie et de leur ingratitude suprême issues des vestiges de croyances chimériques d’un peuple analphabète d’avant 1962 suivi d’un long endoctrinement qu’ils ont subi dans les écoles de l’Algérie post-indépendance.

Pourquoi ces gens n’acceptent-ils la diversité et la tolérance qu’en dehors de leur pays ? Sommes-nous sur des terres où la population est condamnée à vivre éternellement sous la tyrannie et où la démocratie n’aura jamais droit de cité ? Dans les années 90, le jeune Ali B nous disait bien (!) que la démocratie est Koffr (impie) et la décrit comme étant un concept occidental, donc, étranger à notre société. Cela prouve que ce monsieur ignore l’histoire de son propre pays. Les villages kabyles étaient toujours des petites républiques laïques depuis l’antiquité, et pendant la période durant laquelle les populations de la péninsule arabique enterraient les filles vivantes et à leur naissance, les Berbères en faisaient des reines.

En écrivant ces lignes, deux expressions kabyles surgirent dans ma tête. La première est : « Awlac wi-mmuten yughalad », c’est-à-dire personne n’est revenu de l’au-delà. Cette expression est utilisée souvent pour dépassionner les débats en rapport avec la religion et remettre à leur place les illuminés ou les bigots. Une façon de dire qu’il n’y a pas de vérité absolue et personne ne peut la détenir. Par conséquent, toutes les croyances se valent et doivent être respectées, mais relèvent de la sphère privée.

On n’est pas né musulman ou chrétien, on le devient. Les populations de l’Amérique latine n’ont connu ces deux religions qu’au 16e siècle. Ce n’est pas une raison de penser que Dieu les a oubliées, mais il faut plutôt conclure que chaque peuple a ses propres croyances. Ces dernières ne sont pas figées dans le temps, elles évoluent en fonction du progrès et des mutations de la société humaine.

Rappelons que les religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam, décrivaient la terre comme étant plate et étaient loin d’imaginer qu’elle tournait autour du soleil. Ce qui était une régression par rapport aux découvertes de la Grèce antique (la Jahilia ??). Ces trois religions ont fini par admettre cette vérité et la science a levé le voile sur plusieurs sujets restés pendant longtemps dans le domaine réservé aux religieux.

Le doute est le moteur du progrès. Croire ou ne pas croire en une religion quelconque est un droit fondamental dans une République démocratique. On peut être algérien sans être obligatoirement musulman. Si des musulmans vivent actuellement en Europe, c’est grâce aux lois de la république garantissant les droits des minorités. En Algérie, on parle de minorités pour justifier la répression.

La deuxième expression est la suivante : « Awi ddan d-wityiffen.. » = Mieux vaut fréquenter celui qui est meilleur que soi. On retrouve du Sénèque (4e siècle av. J.-C.) dans celle-ci. Ce stoïcien disait : « Double écueil qu’il faut éviter : ne point ressembler aux méchants parce qu’ils sont le grand nombre, ne point haïr le grand nombre parce qu’il diffère de nous. Recueille-toi en toi même, autant que possible ; fréquente ceux qui te rendront meilleur, reçois ceux que tu peux rendre tels ».

Les pays développés devraient nous paraître comme des exemples à suivre et en prendre de la graine. Il faudra cesser de les prendre pour des ennemis. Les vrais responsables de notre malheur sont bien nos gouvernants. Lorsque les enfants de ces derniers étudiaient dans les écoles européennes, les nôtres apprenaient des sourates et comment laver les morts.

Transformer des écoles en des lieux où l’on apprend une religion à des mineurs s’apparente à un endoctrinement. C’est aussi une entorse gravissime à la démocratie.

Cette haine et cette éducation sectaire ayant impacté beaucoup d’Algériens sont le plus grand danger à la mise en place d’une véritable démocratie dans ce pays. Des intellectuels arabophones reconnus au niveau international sont rejetés dans leur propre région natale. Il ne leur reste que la Kabylie où ils peuvent donner des conférences et animer des débats.

En Kabylie également, on a remarqué ces dernières années l’apparition de salafistes, ce qui n’est certainement pas le fruit du hasard. Il y a urgence d’agir et au plus vite afin d’arrêter cette culture de la haine envahissante et du déni, la source de nos malheurs et le support du pouvoir mafieux en place depuis 1962. Dans cette conjoncture, la procrastination pourrait nous être fatale, alors, sans tarder, protégeons nos enfants des méfaits de l’école algérienne ainsi que notre Kabylie des visées machiavéliques de ce pouvoir.

Mourad AMAGHNAS
Universitaire

Rédaction Kabyle.com
Mourad AMAGHNAS
Publications: 576

5 commentaires

  1. Pourquoi toute cette haine qui éloigne au lieu de rapprocher les enfants d’Eve et d’Adem ? A qui obéissent ces débiles incrédules ?

  2. Pour créer un paradis chez eux, certains pays occidentaux ont estimé nécessaire de créer un enfer chez les autres, tout en étant très attachés aux valeurs républicaines, laïques et démocratiques chez eux mais surtout pas chez les autres, n’est-ce pas. Qui a façonné le Maghreb arabo-islamiste, qui a porté au pouvoir des tyrans totalitaires, qui les soutient, qui a eu intérêt à effacer jusqu’à faire disparaître toutes traces de l’ancien peuple berbère, et plus généralement qui a inventé le monde arabe où se trouvent enfermés les kabyles, dans quel but et dans quel intérêt? Comment étaient ces contrées berbères jadis, par quels peuples étaient-elles habités, quelle langue parlaient-ils, quelles étaient leur religion, leur culture, leur histoire. Qui a découvert les richesses naturelles du sous-sol saharien, qui a définit les frontières actuelles des pays d’Afrique du Nord, pour quelles raisons, à qui profite la configuration géopolitique de ces pays, qui tire les ficelles? En répondant à l’ensemble de ces questions, vous obtiendrez une partie de la vérité.

  3. Il ne faut plus en vouloir à un peuple malade,formaté depuis 1962 à la sauce arabo-musulmane.Comme tout le monde le sait,ce sont les médiocres au pouvoir,les premiers responsables de l’état psychiatrique de ses peuples qui composent l’Algérie actuelle,en décadence sur tous les plans.vivement l’indépendance de la Kabylie.

  4. Ce petit documentaire a fait remonter à la surface le visage des algériens que les harakistes Kabyles voulaient ne pas pas voir ou faisaient semblant de ne pas voir. En effet, les harakistes Kabyles rêvaient d’une Algérie plurielle respectueuse des différences que ce soit sur le plan religieux ou sur le mode de vie et prenaient leur rêve pour de la réalité ! Ce petit incident a poussé les algériens à réagir comme un seul homme contre ceux qui voulaient vivre hors du moule arabo islamique. Les réactions épidermiques sur les réseaux sociaux sont nombreuses et se ressemblent dans leur condamnation de ces jeunes algérois exprimant l’absence de liberté sexuelle ou ces Kabyles revendiquant un Statut officiel pour la Kabylie.

    Les Harakistes Kabyles ne diront pas qu’ils n’ont pas été avertis du projet de société finalement voulu par les algériens : ce sera de l’arabo islamisme et rien d’autre. Ni respect des différences, ni arrêt de l’arabisation, ni laïcité. Si cela n’est pas vrai alors trouvez moi un avis algérien qui n’a pas rejeté cette expression des différences !

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