A toi le Kabyle qui marche au pas de « khawa khawa »

A toi, mon frère, né en Kabylie ou ailleurs, qui verse dans ce Hirak.
A toi le Kabyle qui scande  »ittnahhaw gaa »,  »silmiya silmiya »,  »khawa khawa »,  »Djazair hora dimoqratiya » et autres slogans exclusivement arabophones, même en Kabylie;
A toi mon frère qui marche en soulevant des pancartes écrites en arabe et non dans ta langue maternelle, même en Kabylie;
A toi mon frère qui accepte, sans rechigner, de marcher sous des bannières palestiniennes plus hautes que le drapeau amazigh pourtant fédéraliste;
A toi le Kabyle qui accepte d’intégrer des marches où l’on limite le nombre de drapeaux amazighs (en en confisquant sournoisement une partie lorsqu’on le peut);
A toi le Kabyle qui accepte que ces marcheurs insultent ton frère le Kabyle et ne dis rien;
A toi le Kabyle qui participe au lynchage médiatique et verbal de ton frère sous prétexte qu’il est séparatiste, pourtant tu sais qu’eux ils défendent leur chefs intégristes, voire terroristes;
A toi mon frère qui accepte de faire le figurant flatteur qui disparaitra au moindre coup de vent sans cligner de l’œil;
A toi mon frère qui admet, en soumission consciente, qu’on te dise ce n’est pas le moment lorsqu’il s’agit de ton identité;
A toi mon frère le Kabyle qui ferme les yeux et les oreilles en accompagnant des marches sous des hymnes benbadissiens négateurs de ta Kabylité, voire FISistes fascistes;
A toi mon frère le Kabyle qui marche à côté de ceux qui t’ont toujours nié et qui te nient même en marchant cote à cote;
A toi le Kabyle qui viens le vendredi de Kabylie à Alger et qui accepte de te faire refouler en route alors qu’on ne refoule pas les autres;
A toi le kabyle de Kabylie qui marche à Alger et pas en Kabylie où sont pourtant nés toutes les révoltes et révolutions, même ce hirak !
A toi mon frère le Kabyle qui marche sans savoir où;
A toi le Kabyle qui marche avec ce hirak car tu ne crois pas en la victoire de ta kabylité;
A toi mon frère, le politicien kabyle qui discours en arabe et même en Kabylie pour prouver ton algérianité;
A toi mon frère, l’intellectuel kabyle, qui met ta plume au service de ceux qui ne te reconnaissent pas, qui ne te lisent pas, qui ignorent ton existante et tout ça au détriment de ton identité;
A toi mon frère, l’intellectuel kabyle, censé garder la tête froide mais qui perds les repères devant des événements dont on ne saisis rien, si ce n’est un slogan creux ou anti-kabylisme flagrant;
A toi mon frère, le journaliste kabyle, qui te tais sur la guerre cachée des drapeaux et des slogans dans ce hirak, sur le harcèlement subi par des Kabyles pour avoir brandi des étendard portant effigie Matoub ou Z amazigh et sur l’anti-kabylisme primaire que tu y vois chaque jour;
A toi mon frère, l’artiste kabyle, qui t’auto-censure sur tout ce que tu vois dans ce hirak;

Crois en ta kabylité et en ta bonne étoile; va de l’avant et impose-toi; n’oublie pas que tu descends des Amazighs, les hommes libres.
Rappelle-toi que Yugurten, Massnsen, Tinhinan et Dihya sont amazighs; et Fadma Nsoumeur, Chikh Aheddad, Bennai Ouali, Abane, Krim, Amirouche, Dda Lmulud, Amzal Kamel et tellement d’autres sont des amazighs kabyles. Ce sont eux qui ont fait l’histoire.